Par Ariane Gauthier
Début avril, on apprenait que la société Mossack Fonseca, établie au Panama, faisait son ménage du printemps, malgré elle cependant. En effet, une fuite de 11,5 millions de documents a révélé un vaste système d’évasion fiscale créant une onde de choc et d’indignation partout à travers le monde.
On surnomme ces documents les « Panama Papers ». Une laborieuse enquête, réalisée par plus de 100 journaux, a permis de retracer 40 ans de transactions effectuées par plusieurs gens fortunés qui enregistraient des filiales outre-mer. Rien n’est illégal dans le processus. Cependant, le scandale qu’ont créé ces informations ébranle en raison des possibilités d’évasion fiscale. Et, il y a de quoi. Mossack Fonseca, un cabinet d’avocats, a en effet permis à de nombreux hommes politiques, dirigeants d’entreprise et même à de célèbres sportifs de créer des sociétés offshore. Ces dernières sont exemptes d’impôt et ne sont pas résidentes. En d’autres mots, une société dite offshore est implantée dans un paradis fiscal.
Répercussions mondiales
En tout, c’est plus de deux cent mille personnes qui sont concernées dans l’affaire. Puisque les enquêtes sont récentes, de nouveaux développements jaillissent tous les jours. Notamment, cette commotion a poussé le président de l’Islande a démissionné en raison des accusations à son égard : il aurait placé des millions d’euros dans des paradis fiscaux. De plus, c’est environ 110 compagnies québécoises qui sont liées aux bureaux de ce cabinet du Panama. Les journalistes travaillant sur le dossier ont aussi découvert que l’organisation humanitaire de la Croix-Rouge a été utilisée, à son insu, pour cacher de l’argent exempt d’impôt.
L’évitement fiscal, qui consiste à déplacer de l’argent afin d’éviter l’imposition, est tout à fait légal, mais hautement immoral. Cela permet notamment aux multinationales et aux grandes fortunes de se soustraire à des centaines de milliards de dollars d’impôt. Selon les chiffres d’Oxfam, il y aurait au moins 7 600 milliards de dollars qui sont actuellement détenus dans des comptes offshore. Ils conduisent à des pertes substantielles du bien-être de la population en réduisant l’offre des services publics.
Effectivement, l’évasion fiscale effectuée par les compagnies ou par les gens nantis incommode les gouvernements : ils devront alors couper dans la santé, dans l’éducation et inévitablement, augmenter les taxes et impôts pour le reste de la population. Injustice? Oui, en effet. Et, toujours selon Oxfam, des recherches montrent que la situation africaine, notamment, est grave : le continent est privé de 14 milliards chaque année en revenu de taxe. Ce serait assez pour éduquer tous les enfants africains et cela permettrait aussi d’en sauver quatre millions.
Mais, le plus inquiétant, c’est que Mossack Fonseca est seulement la quatrième plus grande société de services financiers clandestins. Elle n’est qu’une partie du large portrait de l’évasion fiscale…