Par Nicolas Beaulieu

Face à la baisse des inscriptions en éducation, les ministres Bernard Drainville et Pascale Déry ouvrent la porte à une éventuelle rémunération des stages en enseignement. Il pourrait s’agir d’une occasion favorable pour les associations étudiantes qui revendiquent en ce sens depuis huit ans déjà.
En conférence de presse, le 26 septembre dernier, Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, affirmait sa volonté de rémunérer les stages en enseignement. « Éventuellement, il faudra en arriver là », a-t-il affirmé.
Le ministre est resté avare de détails, mais cela représente un changement d’orientation du gouvernement qui s’était montré fermé sur la question en mars dernier. Pascale Déry, ministre de l’Éducation supérieure, avançait alors que c’était une mesure qui ne pouvait pas être envisagée dans le contexte budgétaire. Or, la ministre affirme maintenant que certains scénarios sont considérés.
« Sur la rémunération des stages, on regarde un peu le stage 4 en enseignement. Je sais qu’en enseignement, il y a des enjeux. Avec toutes les mesures qu’on met en avant, il y a des défis, on le sait, on regarde les chiffres. Mais on y travaille », énonce-t-elle.
Notons qu’au stage 4, les stagiaires assument l’entièreté d’une tâche d’enseignement régulière et travaillent à temps plein, sans toutefois être payés.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement de la CAQ se montre sensible envers cette revendication de longue date de la part du mouvement étudiant.
Le 30 mars 2023, l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale avaient appuyé une motion, déposée par le député péquiste Pascal Bérubé, qui dénonçait la non-rémunération des stages dans le secteur public. Mme Déry reconnaissait alors que la situation méritait d’être corrigée, en santé et en éducation notamment.
« Quand les jeunes arrivent en fin de parcours, à des stages 4 qu’on appelle, et travaillent dans le réseau 30 à 40 h/semaine, ils méritent d’avoir une rémunération », avait défendu la ministre.
Le défi de l’attractivité
Plus récemment, c’est la pénurie de personnel enseignant qui remet la rémunération des stages à l’ordre du jour du gouvernement. Des chiffres dévoilés le 26 septembre dernier par La Presse indiquent une baisse des inscriptions pour la session d’automne dans plusieurs programmes d’enseignement au Québec. La Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke, par exemple, accueille présentement ses plus petites cohortes en cinq ans.
Dans le contexte où 2707 postes d’enseignants et d’enseignantes restaient vacants, c’est le besoin d’attractivité qui motive la sortie du ministre de l’Éducation. Alors que la salarisation des stages a continué d’être l’objet de mobilisations étudiantes au printemps dernier, il pourrait s’agir d’un moment opportun pour les différents programmes et syndicats de remettre de l’avant leurs revendications et de faire front commun.
On peut donc s’attendre à un regain des actions de mobilisation initiées par les associations étudiantes qui voudront profiter des circonstances pour se faire entendre et obtenir des engagements plus clairs et concrets de la part des deux ministres qui refusent d’avancer une échéance.
Source: Assemblée nationale du Québec