Par Sandrine Mary
Le constructeur automobile Volkswagen a annoncé, en septembre dernier, un plan de restructuration pour rétablir son économie. Des négociations sont cependant toujours en cours avec le syndicat allemand IG Metall, qui menace de lancer des grèves imminentes.
Dans son plan, le groupe Volkswagen, propriétaire des marques Audi, Skoda ou encore Porsche, prévoit des mesures drastiques pour redresser sa compétitivité. Ses perspectives incluent des milliers de licenciements et la fermeture d’usines en Allemagne, ce qui constitue une situation encore jamais vue dans l’histoire du groupe.
Plusieurs semaines de négociations
La direction du plus grand constructeur automobile européen et les représentants de son personnel discutent depuis plusieurs semaines sur les mesures de restructurations à venir. Le 21 novembre, un troisième cycle de négociations salariales, qui concerne les salaires de 120 000 des 300 000 employés de Volkswagen en Allemagne, n’avait toujours pas atteint de compromis.
Les représentants des salariés et le comité d’entreprise y ont présenté un « plan d’avenir », comprenant la renonciation des salariés à leur bonus et aux augmentations de salaire, demandant en contrepartie un allègement du temps de travail. Cette proposition vise à répondre aux problèmes de surcapacité de certaines usines.
Selon les syndicats, leur plan permettrait d’atteindre des économies de 1.5 milliard d’euros, une légère somme face aux milliards jugés nécessaires par la direction pour garantir l’avenir de l’entreprise. Fin octobre, les dirigeants avaient mis sur la table un plan de réduction de 10 % des salaires et une révision du système des primes, qui lui permettrait de réaliser une partie des milliards d’économies nécessaires.
À l’issue de ces longues discussions, le syndicat allemand IG Metall a annoncé que les salariés de Volkswagen, premier employeur de l’industrie allemande, entreront en grève dès la fin de la période d’obligation de paix sociale, autrement dit depuis le 1er décembre.
Alors que le groupe maintient sa volonté de fermer certaines usines et de procéder à des licenciements collectifs, le négociateur du syndicat, Thorsten Gröger, a ajouté que « la différence entre les positions est encore énorme et c’est pourquoi nous allons continuer à faire pression ». Lors d’un sommet automobile à Salzgitter, le 26 novembre dernier, le patron de Volkswagen, Dirk Große-Loheide, a quant à lui émis le souhait de parvenir à un accord avant Noël avec IG Metall. Une nouvelle séance de discussions est prévue le 9 décembre.
Crises économiques et politiques allemandes
La crise de Volkswagen s’inscrit « dans une situation de crise géopolitique, de faiblesse économique, d’un gouvernement sans majorité et d’une industrie dans une mutation comme nous n’en avons guère connue », selon les termes de M. Gröger.
En effet, l’industrie allemande est en difficulté et bouleverse toute l’économie du pays. Comme ses concurrents européens, Volkswagen endure la baisse de la demande mondiale, surtout pour les véhicules électriques. L’entreprise est aussi confrontée à des coûts d’exploitation élevés et à la concurrence croissante des constructeurs chinois.
La situation politique de l’Allemagne est également perturbée, avec la rupture de la coalition d’Olaf Scholz, début novembre.
En Belgique, c’est l’annonce de la fermeture de l’usine Audi Brussels, le 30 octobre dernier, qui menace l’avenir de 2920 travailleurs. Anciennement Volkswagen Forest, le site avait été repris en 2007 par Audi, appartenant au groupe Volkswagen. Les syndicats belges se sont rendus au siège de la maison mère, à Wolfsburg, le 25 novembre, afin d’y rencontrer le directeur d’Audi, Gernot Döllner, et leurs homologues du syndicat allemand IG Metall. Audi-Brussels produira sa dernière voiture le 28 février 2025.
Source: Rawpixel