Par Alexandre Ménard

Le groupe québécois Alimentation Couche-Tard continue d’avoir le géant japonais Seven & I holdings dans sa mire. Malgré le refus de la compagnie, Couche-Tard se dit toujours « déterminé » à acquérir l’exploitant des dépanneurs 7-Eleven.
Dans une lettre adressée à la direction d’Alimentation Couche-Tard, Seven & i a qualifié la première offre de l’entreprise québécoise d’« opportuniste ».
La direction a précisé que cette proposition ne servait pas les intérêts de ses actionnaires ni des autres parties prenantes et donc refusait l’offre d’acquisition déposée par le géant québécois, le 19 août dernier.
Le groupe québécois évaluait la compagnie japonaise à environ 14.86 dollars par action, soit une capitalisation boursière de 5.55 billions de yens (38.7 milliards de dollars).
Quelles sont les prochaines étapes ?
Selon le Financial Times ce refus n’a rien de surprenant compte tenu de l’hostilité historique à l’égard des rachats de groupes locaux par des sociétés étrangères au Japon. Couche-Tard a toutefois déclaré qu’elle envisagerait de s’endetter davantage si nécessaire, ce qui laisse présager une offre plus élevée.
Cela dit, de nombreux obstacles se dressent avant une potentielle acquisition.
Certains analystes sont sceptiques quant à la probabilité que l’acquisition se réalise, notamment en raison de la résistance potentielle de la direction de Seven & i.
En raison de l’importance de la transaction, il est fort probable, selon certaines analyses, que l’entente fasse l’objet d’une enquête américaine qui pourrait conclure que cette entente place Alimentation Couche-Tard dans une situation anticoncurrentielle.
Le Financial Times rapporte également qu’une enquête similaire serait déclenchée au Japon si une telle opération, qui serait la plus grande prise de contrôle d’une entreprise japonaise jamais tentée par un acheteur étranger, venait à être conclue.
Une croissance en accéléré par acquisition
L’histoire de Couche-Tard est marquée par une stratégie de croissance agressive basée sur les acquisitions, transformant un simple dépanneur québécois en un géant mondial du commerce de détail.
Fondée en 1980 par Alain Bouchard à Laval, l’entreprise a rapidement multiplié les acquisitions stratégiques. Dans les années 1980, Couche-Tard a consolidé sa présence au Québec avec l’achat de plusieurs chaînes locales, puis a étendu son réseau au Canada avec l’achat de Silcorp en Ontario en 1999, ajoutant d’un coup 980 magasins à son réseau.
L’expansion internationale a débuté avec l’acquisition de Circle K aux États-Unis en 2003, suivie de Statoil Fuel & Retail en 2012. Cette transaction de 2.8 milliards de dollars a permis un accès à plus de 2 300 stations-service dans les pays scandinaves et les pays baltes.
Le groupe a par la suite acquis The Pantry et CST Brands en Amérique du Nord en 2015 et 2017 respectivement.
Plus récemment, Couche-Tard a continué son expansion internationale avec l’acquisition de Circle K Hong Kong en 2020 et a tenté une audacieuse fusion avec le géant français Carrefour en 2021, bien que cette dernière tentative n’ait pas abouti.
Aujourd’hui l’entreprise québécoise est présente dans 31 pays où elle compte plus de 16 800 magasins. Si jamais elle parvient à acquérir Seven & i, elle ajouterait 85 800 succursales à son empire.
Crédits: Patrick LeBarbenchon-Wikimedia Commons