Le patriarcat hétéronormatif

Par Catherine Foisy

De manière tant bien pessimiste que réaliste, l’arc-en-ciel de la diversité sexuelle n’existe pas. Ou s’il existe, les couleurs ne sont pas toujours accompagnées l’une de l’autre. Entre l’indigo et le rouge, les couleurs apparaissent et disparaissent au fil du temps. Pas invisibles, les différentes orientations subissent une ségrégation, réalité qui date du temps de l’hétéronormativité de la société occidentale. 

Que présomption

Il suffit d’étudier le mot hétérénormativité pour comprendre qu’il s’agit de la normalité imposée par l’hétérosexualité. Selon l’auteure Horincq, il s’agit de « la promotion de l’hétérosexualité comme modèle normatif de référence en matière de comportements sexuels ». Concrètement, on suppose que l’hétérosexualité est le pôle des orientations sexuelles, voire la seule. Or, en 2016, loin de nous est l’idée du couple traditionnel composé d’une femme et d’un homme. Ce faisant, il demeure un impératif.

Il ne faudra pas plus qu’adresser à une femme une phrase typique du genre « as-tu un chum? » pour comprendre que la société actuelle a toujours recours à l’hétérosexualité comme modèle de base dans les relations interpersonnelles. Les formulaires plus officiels témoignent d’ailleurs toujours de cette norme non justifiée. Pas forcément homophobes, ces paroles spontanées ou ces documents plus officiels ne relèvent que de la tradition. La tradition qui, il faut se le dire, veut qu’un homme couche avec une femme, et conséquemment, une femme avec un homme.

Et si la fameuse sortie du placard est encore douloureuse pour plusieurs, c’est parce que la société exerce toujours une certaine pression sur ceux-ci. Certes, elle est de plus en plus adaptée aux différentes orientations sexuelles, notamment par l’acceptation du mariage gai et de la possibilité d’avoir des enfants. Mais, il n’en demeure pas moins que l’hétéronormativité prône.

Ségrégation sexuelle

L’hétéronormativité a longtemps détenu la quasi excluvité. Aujourd’hui, bien que celle-ci compose avec les différentes orientations sexuelles, elle se distingue de celles-ci. Pensons aux bars gais, par exemple. D’une part, leur raison d’être est de permettre aux personnes attirées par le même sexe qu’elles de pouvoir rencontrer et échanger. Il n’y a pas de règle claire, l’hétérosexuel peut y passer la soirée s’il le désire. Mais outre que pour accompagner un ami homosexuel ou une amie homosexuelle, l’hétéro n’y mettra pas les pieds. Et pourquoi? Parce que l’endroit est réservé à une orientation sexuelle spécifique qui n’est pas la sienne.  Il y a là séparation des orientations sexuelles : ségrégation.

Lorsqu’on parle de ségrégation sexuelle, on pensera à l’idée de la séparation des hommes et des femmes. Au-delà de cela, il s’agit aussi d’une séparation des orientations sexuelles. Les gais et lesbiennes d’un côté, les hétérosexuels d’un autre, c’est ce que la société propose comme solution. Un quartier basé sur l’ouverture et la cohabitation des genres, le décloisonnement de l’homosexualité, de l’hétérosexualité ou de la bisexualité, est-ce possible? Certes, les villes et quartiers sans mission définie en ce qui concerne la promotion d’orientation sexuelle le sont certainement, mais une fois de plus, il s’agit de théorie. On utilisera la ségrégation lorsqu’il y a un problème au sein d’une société qui ne peut être homogène. Mais à long terme, cela peut entraîner des répercussions négatives.

Certes, bien que ces endroits réservés à la gent homosexuelle comportent plusieurs avantages pour ceux-ci, s’ils existent, c’est qu’au départ, on ne voulait pas mélanger l’hétérosexualité et l’homosexualité. Au départ, ces endroits sont nés d’une société hétéronormative, souvenons-nous. On assiste, peut-être, au décloisonnement de la société occidentale hétéronormative.

Ne reste plus qu’à se demander ce que nous souhaitons supporter comme image de société diversifiée.


Pour lire l’éditorial de notre Chef de pupitre à la section Société, Catherine Foisy, c’est ici!

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