Mar. Juil 23rd, 2024

Par Sarah Gendreau Simoneau

Alors que l’heure est grave sur les plans écologique et environnemental, voilà qu’une nouvelle étude sur l’empreinte matérielle des gens au Québec fait surface et elle n’augure rien de bon. Après l’empreinte carbone et l’empreinte numérique, voilà que l’empreinte matérielle des Québécoises et des Québécois ne serait pas viable sur le plan écologique.

Selon une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), au Québec, l’empreinte matérielle annuelle pour subvenir aux besoins de base est de 16 à 19 tonnes par personne. Il s’agit de la quantité de matières premières qui ont été extraites pour assurer la production de biens et de services comme l’alimentation, le transport et la consommation de besoins de base, comme se vêtir.

Un seuil maximal dépassé

Bien qu’il s’agisse d’une première analyse sur le sujet, L’empreinte matérielle de la couverture des besoins de base au Québec de l’IRIS souligne que le seuil maximal recommandé par les scientifiques est de 8 tonnes par personne par année.

C’est en 2014 qu’une étude de chercheurs finlandais concluait qu’une empreinte matérielle supérieure à 8 tonnes n’était pas écologiquement viable. Les ressources biotiques, donc la matière vivante, ne doivent pas dépasser 2 tonnes, tandis que les ressources abiotiques, qui incluent les ressources minérales et fossiles, doivent équivaloir à 6 tonnes maximum.

Pour établir l’empreinte matérielle annuelle du Québec, l’IRIS s’est appuyé sur la mesure du panier de consommation (MPC), un indicateur de Statistique Canada. Il s’agit du coût total du panier de consommation qui représente le seuil de pauvreté d’un ménage de deux adultes et de deux enfants. L’apport de matière par unité (Material Input Per Unit of Service, ou MIPS) a aussi été mesuré. Cet indicateur estime la quantité de matière extraite pour produire un bien ou un service.

Colin Pratte, un des chercheurs ayant contribué à cette analyse, explique l’importance de l’enjeu. « L’exploitation des ressources naturelles contribue notamment à la crise de la biodiversité, à travers la destruction d’habitats, la perturbation des écosystèmes, des cycles hydriques, etc. » Il précise que le calcul peut cependant comporter des imprécisions, mais que ces dernières ne remettent pas en cause les conclusions de l’étude.

Une décision politique

Le chercheur est d’ailleurs d’avis que même si chaque personne au Québec décidait de vivre sous le seuil de la pauvreté pour lutter contre la crise écologique, rien ne changerait puisque l’action demeurerait insuffisante. « La plus grande part de responsabilité repose sur les instances publiques. »

L’IRIS déplore le manque d’attention de la part des décideurs à la réduction de la consommation de ressources. « L’empreinte matérielle est toujours le parent pauvre de la transition écologique », mentionne Colin Pratte au Devoir. Il donne l’exemple du transport et l’électrification du parc automobile. « La production d’une voiture électrique peut nécessiter trois fois plus de ressources naturelles qu’une voiture à essence. L’électrification peut donc réduire l’empreinte carbone, mais pas l’empreinte matérielle, qui aggrave les crises écologiques », explique le chercheur.

D’ailleurs, plusieurs objets de la société utilisés quotidiennement alourdissent la consommation de ressources. Les cellulaires, les ordinateurs portables ou autres appareils électroniques à obsolescence rapide ne sont, pour la plupart, pas récupérés.

Le poids de l’ensemble des ressources requises, pour un de ces appareils, est de 50 à 350 fois plus élevé que celui du produit final, selon Équiterre. Pour un téléphone intelligent, c’est pire : il requiert jusqu’à 600 fois son poids en ressources naturelles.

Faire sa part dans d’autres sphères

Au Québec, nous émettons près de 10 tonnes de gaz à effet de serre par année, donc deux fois la moyenne mondiale. Il est primordial de réduire pour assurer la pérennité de la planète.

S’il est difficile d’arriver à un résultat pour ce qui est de l’empreinte matérielle sans que les gouvernements et les institutions mettent la main à la pâte, il est possible de réduire son empreinte écologique un geste à la fois et ainsi contribuer à petite échelle au bien-être de l’environnement.

Premièrement, à la maison, on peut commencer par consommer moins d’eau chaude en prenant de plus petites douches. Ça tombe bien, l’été arrive, vive les douches froides! Qui dit été dit faire sécher ses vêtements dehors. Laissons faire la sécheuse, l’air estival sent meilleur! Tu es en plein dans ton ménage du printemps et les fenêtres sont à laver? Utilise des produits ménagers biodégradables qui sont plus doux pour l’environnement.

Sinon, tu peux expliquer à ton proprio des bienfaits de tondre le gazon le moins possible en mai et en juin. Les abeilles et autres insectes pollinisateurs butinent les pissenlits, c’est bon pour la biodiversité.

Quand tu fais des achats, pense toujours à la réutilisation des produits plutôt qu’à la poubelle. Il existe tellement d’alternatives zéro déchet maintenant. Tu peux acheter des sacs à collation en tissu plutôt que des sacs en plastique, par exemple. C’est difficile d’avoir un mode de vie 100 % zéro déchet, mais des choix judicieux sont possibles.

L’achat local, tant prisé lors de la pandémie, a encore la cote! Pourquoi ne pas acheter un savon en barre fait par une petite entreprise artisanale de la région plutôt que la bouteille de gel douche importée d’une grande compagnie?

Sinon, tu peux organiser des échanges de vêtements avec ta gang; gageons que tu feras de belles trouvailles et peut-être repartiras-tu avec le morceau que tu jalousais tant de ta meilleure amie?

Le meilleur conseil que ton journal étudiant peut te donner, c’est vraiment de parler avec ton entourage. Partage avec tes proches les efforts que tu fais, échangeons sur nos trucs et astuces pour améliorer la condition de la planète en réduisant notre empreinte écologique.


Crédit image @Pixabay

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Rédactrice en chef et directrice générale, auparavant cheffe de pupitre SPORT ET BIEN-ÊTRE pour le journal Le Collectif | Site web

Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.  

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