Mar. Juil 23rd, 2024

Par Sarah Gendreau Simoneau

Le 22 avril prochain, pour la 53e année consécutive, ce sera la Journée de la Terre. C’est, en 2023, le plus grand mouvement environnemental participatif de la planète. Malgré tout, l’écoanxiété ne cesse de croître, surtout chez les jeunes.

C’est en 1970 que la toute première Journée de la Terre a été célébrée, sonnant un peu la naissance du mouvement environnemental dans le monde. Au Québec, ce n’est que depuis 1995 que la journée est soulignée avec des activités de sensibilisation face aux enjeux environnementaux et à des actions prises d’année en année. La mission principale de la journée du 22 avril est d’accompagner les personnes et les organisations à diminuer leur impact sur l’environnement, et ce, tout au long de l’année.

Les changements climatiques, les mauvaises nouvelles sur l’environnement, les gouvernements qui ont tardé à obtempérer des changements, l’extinction d’espèces animales et végétales ou encore l’apparition de maladies donnent du fil à retordre aux personnes aux prises avec l’écoanxiété.

Qu’est-ce que l’écoanxiété?

Cette forme d’anxiété est essentiellement du désespoir et une peur face aux changements climatiques et tout ce qu’ils engendrent. Selon Anne-Sophie Gousse-Lessard, chercheuse en psychologie sociale et environnementale, certaines formes d’écoanxiété peuvent être plus intenses et amener un dysfonctionnement qui peut se rapprocher d’un profil clinique, donc à un trouble d’anxiété généralisé.

« Certaines personnes vivent une réelle détresse profonde, mais il faut le voir sur un continuum, un éventail de vécus reliés à l’écoanxiété. »

Selon les psychologues, ces vécus sont propres à chaque personne. Plusieurs symptômes peuvent faire surface chez chacun des individus comme le sentiment de peur et/ou de rage et de colère, jusqu’à l’impuissance et le deuil profond, apprend, à Radio-Canada, Karine St-Jean, psychologue spécialisée en écoanxiété. « Dans les formes plus intenses, elle peut mener à des troubles de panique et d’anxiété généralisée ou encore à une dépression. »

Comment atténuer l’écoanxiété?

Ce n’est pas si mauvais que ça, faire de l’écoanxiété, puisqu’il s’agit du désir de survie de l’être humain, ce qui est une belle valeur. Il est seulement nécessaire de pouvoir nommer ce qui t’effraie et de prendre certaines mesures pour que le sentiment ne dégénère pas. Cependant, essayer de faire tous les gestes écologiques possibles ne fera que nuire et engendra encore plus d’écoanxiété.

Tout est une question de dosage : faire moins de choses, mais les faire mieux. Par exemple, s’impliquer déjà chez toi pour réduire ton empreinte écologique est un bon pas vers l’avant et tu vas avoir l’impression que, dans ta petite bulle à toi, c’est écologique. En parler avec tes proches aussi peut aider à les embarquer avec toi dans les gestes à petite échelle.

Pour Karine St-Jean, il faut prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin de la planète. « Cultiver sa connexion à la nature est l’un des plus importants antidotes à l’écoanxiété », explique la psychologue. Par exemple, sortir dehors, trouver des gens qui nous ressemblent avec des valeurs axées sur l’environnement ou encore cultiver un jardin et être près de la terre peut aider en ce sens.

Prendre un pas de recul vis-à-vis le numérique peut également faire du bien. Les mauvaises nouvelles reliées à l’environnement et aux changements climatiques sont abondantes sur les réseaux sociaux. Il est important, selon Karine St-Jean, de s’éloigner de ça et de chercher sinon des endroits où les nouvelles environnementales sont positives comme celles qui relatent des actions qui ont eu un impact positif ou celles qui parlent de mouvements concrets.

Anne-Sophie Gousse-Lessard rappelle qu’il existe des communautés où les personnes qui vivent de l’écoanxiété peuvent s’exprimer sans jugement et échanger sur leur angoisse. « Elles peuvent aussi participer à des actions collectives positives et se mobiliser dans les milieux communautaires ou politiques. Il faut juste se rappeler que chaque personne est différente, chaque personne a des angoisses différentes et chacune possède sa propre énergie à déployer. »

Et la responsabilité individuelle dans tout ça?

Bon nombre de gens qui souffrent d’écoanxiété trouvent que le fardeau qui repose sur leurs épaules est disproportionné. Vivre avec ce « trouble », c’est de se remettre en question constamment sur chacun de ses gestes. Alors que certains adoptent de petits gestes à la maison et dans leur entourage, d’autres peuvent se sentir envahis par les gestes que les multinationales ne posent pas et qui rendent la tâche difficile.

Plus de 43 % des gaz à effet de serre (GES) du Québec proviennent des transports, et les façons de se déplacer relèvent de choix éminemment individuels. Mais les choix politiques des gouvernements ou les actions des grandes entreprises sont aussi des facteurs déterminants dans la réduction de cette source de GES.

Mme Gousse-Lessard croit qu’il existe un fossé entre la responsabilité individuelle et les structures systémiques. Les jeunes se sentent trahis et abandonnés par la classe politique dans la lutte contre les changements climatiques. Aux yeux de plusieurs, la responsabilité individuelle détourne les projecteurs des plus grands pollueurs de la planète.

Une dissonance cognitive s’installe lorsqu’on multiplie les petits gestes au quotidien, mais que les ouragans, les inondations ou les feux de forêt gagnent malgré tout en intensité et en pouvoir destructeur.

Karine St-Jean fait remarquer que, dans un monde idéal, tout le monde recycle et consomme moins, mais la dynamique fait que l’individu porte une grande responsabilité parce qu’il sait que ça va prendre un mouvement majeur pour renverser la tendance. « C’est évident que l’anxiété augmente, comme la colère, l’impuissance et la frustration. »

Heureusement, nous pouvons, collectivement, continuer de nous intéresser aux solutions qui existent, continuer de nous informer sur ce que nous pouvons faire. Les générations sont de plus en plus militantes. L’Université de Sherbrooke est une université verte et sa communauté étudiante en est une des plus vertes au Québec. Déjà, félicitons-nous pour les initiatives acquises à Sherbrooke.


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Rédactrice en chef et directrice générale, auparavant cheffe de pupitre SPORT ET BIEN-ÊTRE pour le journal Le Collectif | Site web

Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.  

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