Mar. Juil 23rd, 2024

Par Sarah Gendreau Simoneau 

La Journée internationale des droits des femmes avait lieu vendredi dernier, le 8 mars, comme à chaque année. Cependant, vous allez être d’accord avec moi que les principes de cette journée, les valeurs qu’elle véhicule, les avancées pour les femmes et les bons coups des femmes doivent être soulignés et applaudis tous les jours. Tout comme les reculs pour les femmes, les cris du cœur et les dénonciations doivent être décriés également tous les jours. Pas seulement le 8 mars.  

Parce que c’est en en discutant tous les jours, en voyant des statistiques, positives ou négatives, tous les jours, en félicitant des femmes et leurs droits tous les jours qu’on se rend compte qu’il reste encore tellement de travail à faire pour vivre dans un monde égalitaire et que chaque avancée mérite d’être célébrée. 

Malheureusement, j’ai encore vu, le 8 mars dernier, « Pourquoi une journée de la femme? Les hommes, eux, ils n’en ont pas de journée à eux! ». C’est justement pourquoi cette journée et les 364 autres (365 autres cette année) sont importantes pour LES DROITS DES FEMMES. Parce que non, cette journée n’est pas une fête ou un moment pour offrir des rabais dans tous les magasins et commerces imaginables. 

Historique 

Pour comprendre ce qu’est la Journée internationale des droits des femmes, il faut comprendre d’où ça vient. Historiquement parlant, deux événements seraient à l’origine de cette journée. Premièrement, le Woman’s Day en Amérique tire son origine d’une marche menée par 15 000 femmes. Elles ont défilé dans la ville de New York pour réclamer une réduction du temps de travail, une meilleure rémunération et le droit de vote, en 1908. Un an plus tard, le Parti socialiste américain a proclamé la première Journée nationale de la femme.  

En Europe, la Journée des femmes a été instaurée en 1910 lors de la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague. L’Allemande Clara Zetkin, présidente du Secrétariat international des femmes socialistes, a alors proposé une journée des femmes qui serait célébrée chaque année pour servir la propagande en vue de l’obtention du droit de vote des femmes. La proposition a été approuvée à l’unanimité par les déléguées des 17 pays présents. 

À la suite de cette résolution, la Journée internationale des femmes est célébrée pour la première fois le 19 mars 1911 en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, où plus d’un million de femmes et d’hommes participent à des rassemblements. En 1913 et en 1914, les femmes vivant en Europe ou en Russie tiennent des rassemblements à la fin du mois de février ou au début du mois de mars pour protester contre la guerre ou pour exprimer leur solidarité envers les autres femmes. 

En 1917, peu de temps avant la fin du régime tsariste, les femmes russes passent outre les instructions des militants bolchéviques et manifestent pour réclamer du pain et le retour de leur mari de la guerre. Cet événement a lieu le dernier dimanche de février selon le calendrier en usage en Russie, ce qui correspond au 8 mars du calendrier grégorien moderne. En 1921, en guise de commémoration, le président russe Lénine consacre la date du 8 mars Journée des femmes. Les décennies suivantes, la Journée internationale des droits des femmes est marquée vers la même date chaque année en Europe et dans d’autres régions du monde. C’est aussi le cas en Amérique du Nord où elle est soulignée au même moment, mais de façon sporadique, jusqu’à la fin des années 60. Depuis, elle s’est transformée en une activité d’envergure à laquelle le mouvement féministe a largement contribué. 

Au Québec, à la fin des années 60, l’intérêt pour la Journée internationale des droits des femmes est avivé par le mouvement de libération des femmes qui prend naissance. Le 8 mars 1971, le Front de libération des femmes lance officiellement une campagne nationale pour l’avortement libre et gratuit. Une marche est alors organisée à Montréal de même qu’un colloque. Les groupes de femmes, les syndicats et les groupes communautaires concourent également à faire du « 8 mars » une manifestation annuelle. Luttes contre la discrimination, revendications sociales et économiques ou conditions de travail sont des sujets avancés sur la place publique, à la faveur de ce moment de réflexion et d’action que constitue cette journée spéciale. 

Pourquoi c’est encore important? 

La question ne devrait même pas se poser, mais pour ceux et celles qui hésitent encore sur l’importance d’une journée comme celle-là pour se rappeler nos droits et ceux que toutes les femmes sur la Terre devraient avoir, voici quelques petits rappels.  

Juste au Québec, en date du 27 février, six féminicides ont eu lieu en 2024. En deux mois, six femmes ont été assassinées dont quatre en contexte conjugal, selon la journaliste Monic Néron dans son article Fait-on vraiment tout ce qu’on peut pour protéger les femmes?.  

En Palestine, depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023, ce sont plus de 25 000 femmes et enfants palestiniens qui ont été tués dans la campagne militaire menée par Israël dans la bande de Gaza.  

Aux États-Unis, près de 65 000 grossesses issues d’un viol ont été recensées dans les États américains où l’avortement est interdit depuis l’annulation de l’arrêt Roe c. Wade, le 1er juillet 2022. Les chercheurs d’une étude publiée dans la revue médicale JAMA Internal Medicine ont estimé à 520 000 le nombre de viols survenus depuis même pas deux ans.  

Voilà pourquoi on doit encore souligner les femmes, leurs revendications, leurs droits. Une journée pour parler de ça, ce n’est pas assez. Heureusement, des avancées peuvent également être célébrées. Il y a quelques jours à peine, la France est devenue le premier pays à inscrire explicitement dans sa Constitution l’interruption volontaire de grossesse, au grand dam du Vatican, et à rebours de plusieurs pays où le droit à l’avortement recule.  

C’est pour ça qu’on n’arrêtera jamais de se battre! 


Source: Pixabay

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Rédactrice en chef et directrice générale, auparavant cheffe de pupitre SPORT ET BIEN-ÊTRE pour le journal Le Collectif | Site web

Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.  

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