Portrait des grandes initiatives de transition au Québec 

Par Louis-Philippe Renaud 

Mélanie McDonald, directrice exécutive de Chemins de transition.  

*Ce texte fait partie d’une série de dix consacrés au besoin de sortir d’une trajectoire non durable. 

Un nombre croissant d’initiatives liées à la transition s’opèrent au Québec depuis plusieurs années. Certaines s’enracinent au niveau local et d’autres, à grande échelle. Mélanie McDonald, directrice exécutive à « Chemins de transition », nous aide à mieux nous y retrouver. 

Chemin de transition  

L’initiative Chemins de transition est un projet institutionnel de l’Université de Montréal chapeauté par plusieurs vice-rectrices depuis 2020, en partenariat avec Espace pour la vie. Leur constat de base : « la société allait devoir se transformer de façon majeure », qu’on le veuille ou non. Reste à déterminer à quel point cette transformation sera subie ou choisie.  

Dans une perspective positive, Chemins de transition opte alors pour unir et rendre accessible les savoirs de multiples disciplines universitaires en plus de celles qui émanent du terrain (professionnels, municipaux, citoyens, entreprises, ONG environnementales, etc.). L’objectif ?  Relever ensemble et de manière concertée les plus gros défis complexes de la transition socioécologique. 

Chemins de transition mise sur l’identification des bases essentielles pour atteindre les trajectoires concrètes à long terme pour rendre les futurs possibles. Mélanie nomme l’exemple des grands objectifs de carboneutralité que se donnent les gouvernements. Est-ce que les moyens mis en place permettent l’atteinte des objectifs ? Est-ce que les moyens, tels que construire des barrages électriques, impliquent des impacts qui doivent aussi être considérés ? Qui paye ? Qui en bénéficie ? 

Chemins de transition offre alors leurs expertises en un accompagnement professionnel aux partenaires terrains et aux gouvernements pour maximiser les possibilités de voir un monde souhaitable advenir dans le respect des limites planétaires. 

Front commun pour la transition énergétique 

Une autre grande initiative se nomme Front commun pour la transition énergétique. Cette coalition élargie regroupe des organisations écologiques, sociales, syndicales et bien plus encore. Dans une logique de collaboration, de concertation, de liberté, d’autonomie et en tout respect des diversités, elles contribuent à l’élaboration collective d’une transition socioécologique et énergétique. 

Les actions et prises de position publiques du Front commun s’inscrivent dans une volonté de changements ambitieux, inclusifs, systémiques et démocratiques. Le respect de la biodiversité leur tient aussi à cœur.  

Leur force réside entre autres dans leur intelligence collective et leur capacité de mobilisation grâce à leurs membres représentant près de 1.8 million de personnes.   

Véritable vigile citoyen, leurs préoccupations et leurs propositions stimulent des débats publics critiques et réfléchis. À l’affut des injustices et des politiques qui vont à l’encontre du bien commun et du vivant, elle intervient dans l’espace médiatique régulièrement et participe aux consultations gouvernementales. 

Récemment, leur dénonciation du peu d’importance que le Projet de loi 69 accorde à la sobriété et à la démocratisation du processus décisionnel sur les orientations énergétiques du Québec faisait encore la manchette.  

La Coalition œuvre aussi sur le terrain avec le souci de réaliser collectivement cette nécessaire et inévitable transition. 

Collectivités ZéN (zéro émission nette) 

En 2019, le Front commun pour la transition énergétique lance Québec ZéN, une importante démarche de réflexion avec la société civile en vue d’une prise en charge collective de la crise climatique. Il s’agit d’une feuille de route teintée du souci de « tisser des alliances et des solidarités avec les Premiers Peuples et diverses autres populations particulièrement vulnérabilisées ». 

De cet exercice ambitieux, un projet fédérateur de grande envergure vient concrétiser une volonté commune de passer à l’action : Collectivités ZéN. Le Front commun joue alors un rôle de rassembleur auprès d’actions territoriales ancrées dans la réalité des régions et portées par des organismes locaux. L’objectif est alors de rassembler, mailler et accompagner les organisations pour « la mise en œuvre d’une transition structurante et porteuse de justice sociale ». 

En 2021, une première cohorte d’initiative locale prend forme, dont Collectivité ZéN Québec et Laval ZéN. Le Grand dialogue régional pour la transition socioécologique du Saguenay Lac-Saint-Jean, initiative citoyenne créée en 2019, s’associe du même coup au projet. Aujourd’hui, huit Collectivités ZèN s’activent au Québec. 

Devenir une Collectivité ZéN 

Une démarche structurée stimule le potentiel de déploiement des Collectivités ZèN. Celle-ci est le fruit d’une collaboration avec Chemins de transition, le Front commun pour la transition énergétique et l’Opération veille et soutien stratégiques (OVSS). 

Légende : Les 5 étapes du parcours des Collectivités ZéN 

Pour sa part, Chemins de transition contribue au succès de la démarche avec de l’accompagnement adapté au besoin des collectivités. Leur force réside entre autres dans le développement d’une méthodologie basée sur l’expérience et la science qui soutient l’identification d’une vision et des moyens de passer à l’action concertée. Leur expertise s’appuie sur l’exercice d’identification d’une trajectoire globale à l’échelle du Québec déjà réalisée.  

Des initiatives partout au Québec 

À Montréal, Transition en commun, une grande alliance entre des groupes citoyens, la Ville de Montréal et la société civile s’active pour la transition socioécologique. À leur actif : camp d’été, forum sur la démocratie, rencontres de quartier, formations, Semaine Transition en commun et bien plus encore! 

Dans le Bas-Saint-Laurent, la FAB région BSL vise l’autonomie alimentaire, énergétique et manufacturière. Ici, les initiatives vitalisent les écosystèmes collaboratifs avec une approche intersectorielle. Assemblées populaires, mobilisations, entraide et innovations sont au rendez-vous. 

Plus récemment, l’initiative Multitudes prend forme au Québec pour contribuer à un mouvement qui ouvre un « espace politique ambitieux, non-partisan, de réflexion et d’action ». 

En fait, des initiatives existent un peu partout. Le TIESS (Territoires innovants en économie sociale et solidaire) propose à ce titre une cartographie d’initiatives en transition et de luttes socio-écologiques. Allez y jeter un œil! 

On s’implique ? 

Au fait des impacts positifs qu’engendrent les initiatives de transitions, Mélanie McDonald invite à nous impliquer. Passer à l’action collective est une source d’apprentissages stimulante qui peut inspirer le monde de demain. Elle invite le mouvement étudiant, à se rassembler et faire pression pour que ça bouge, dans le sens souhaité. 

La transition reste inévitable alors, autant s’y mettre ensemble. En plus, ça permet d’entrer en relation avec de magnifiques personnes qui ont à cœur le bien commun, ça goute bon ! 


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