Lors des dernières élections, le résultat en a surpris plus d’un, mais en fait on pouvait un peu en décortiquant l’attitude de ceux qui s’abstenaient de parler.
Laurie Marchand
D’abord, il faut dire que la diabolique stratégie de déclencher les élections du Parti québécois alors que les sondages le mettaient en tête, mais surtout avant que le mari de Pauline ne passe à la commission Charbonneau n’a pas exactement donné l’effet escompté. Plutôt que de se faufiler en douce, l’idée de déclencher les élections a fait remettre en doute l’intégrité de Madame Marois, d’abord parce qu’elle avait promis de mettre en place des élections à date fixe, mais aussi parce que le passage reporté de son mari à la commission semblait trop parfaitement orchestré pour ne pas cacher anguille sous roche.
De plus, en effleurant la question de la souveraineté sans pour autant annoncer que ce serait pour bientôt, le PQ s’est tiré dans le pied. Ou bien tu rallies les partisans à ta cause, ou bien tu annonces clairement tes couleurs. Il ne faut surtout pas espérer rassembler tout le monde avec des réponses et des hypothèses floues… tout le monde se dissipe !
L’entrée en jeu de PKP a selon moi eu un effet nuancé sur la campagne du PQ. Certains auront adopté son image, car il incarne la prospérité et le développement économique, d’autres s’en seront éloignés, car tout ça sentait les dés pipés considérant sa position au sein de l’entreprise médiatique Québecor. Au final, ça n’a peut-être à peu près rien changé, sauf dans sa circonscription où il a été élu.
Là où la surprise a frappé (ou pas), c’est évidemment au sein du Parti libéral. Mais honnêtement, il ne fallait pas vraiment s’en étonner. Le PLQ était le seul parti à ne pas se positionner en faveur de la souveraineté et c’était également le seul parti à l’exception du PQ qui avait une équipe un tant soit peu expérimentée. Évidemment, en politique, expérience = corruption. Mais après tout, se faire gouverner par des gens qui s’en mettent plein les poches ou se faire gouverner par des novices qui risquent de faire des erreurs qui coutent cher, c’est peut-être pas pire l’un que l’autre… Ça reste à voir!
Le fait est que tous ceux qui étaient en désaccord avec l’indépendance du Québec (sans pour autant être fédéralistes, parce que ces deux mots ne sont pas des antonymes et donc peuvent coexister en toute cohérence) n’avaient à peu près qu’une seule option : le PLQ. Et il y avait aussi ceux qui ont simplement voté contre Pauline, parce qu’ils n’ont pas aimé sa façon de gouverner qui ont pu voté PLQ en croyant que c’était le seul parti qui pouvait la déloger.
En fait, je crois que très peu de gens ont voté PLQ en s’affichant ouvertement libéral, en criant haut et fort que c’était le meilleur parti et que les convictions et les façons de faire de ses membres étaient les meilleures. C’était juste celles avec lesquelles ils étaient le moins en désaccord. Les allégeances étaient très rose pâle et surtout pas rouge vif! Et donc les électeurs n’étaient pas les plus bruyants sur les médias sociaux ou dans les sondages. Ils savaient très bien que s’ils votaient PLQ, ils votaient pour un parti qui était loin d’être parfait et que n’importe qui pouvait arriver avec un argument le rabaissant. On s’entend que y’a plus motivant que de défendre un parti avec lequel on est pas entièrement en accord! C’est plus facile de répondre aux questions du voisin en acquiesçant à toutes ses affirmations sans rajouter rien. De toute façon, il ne sera pas à côté de toi derrière l’urne ce voisin-là!
On a donc droit à un paquet de monde semi-convaincu du parti pour lequel il vote et un autre paquet de monde souverainiste, fier de ses convictions, mais qui a trop de choix pour s’unir et battre le PLQ peu convaincant. Ça donne un vote cynique qui a pour seule intention de bloquer l’autre plutôt que d’affirmer des convictions profondes.