Faire le deuil de son magnétoscope

Par Jonathan Asselin

Avec le temps, on oublie certaines choses, mais on en découvre d’autres. Je n’étais pas là à l’époque de Molière, mais mon petit doigt me dit que le rythme s’est intensifié depuis.

Pensons au bon vieux magnétoscope et aux vidéocassettes; oui, celles-là qu’on retrouve en quantité phénoménale dans tout bon marché aux puces. Une vingtaine d’années ont déjà passé depuis l’apparition du DVD et c’est comme si on n’arrivait pas encore à tirer un trait sur l’antiquité qu’est devenue la vidéocassette. Malgré le fait qu’on n’en vende plus dans les grandes surfaces et qu’il soit impossible d’en louer dans la plupart des clubs vidéos, elles continuent, tels les aiguisoirs à crayon qu’on vissait au mur de chaque salle de classe, à nous surprendre de temps en temps.

En matière d’audiovisuel, pourtant, le Blu-Ray lui-même peut paraître désuet puisque l’on peut virtuellement posséder des films et les visionner sur ordinateur, télévision intelligente ou même sur notre téléphone portable. En plus, contrairement au disque vinyle, la vidéocassette ne peut pas revendiquer une qualité sonore ou visuelle. Du moins, elle ne peut rivaliser avec la nouvelle norme de la haute définition.

Stop

Lorsque les DVD sont apparus, un peu avant le nouveau millénaire, j’arrivais à peine à croire que je n’aurais plus à rembobiner le film pour le revisionner. Mieux encore, le menu du film me laissait choisir la langue, les sous-titres, un chapitre, etc. C’était parti. Organiser une soirée cinéma devenait encore plus simple pour l’enfant que j’étais.

Aujourd’hui pourtant, je trouve que ça a un certain charme, que de devoir faire marche arrière lorsque je regarde un film sur le magnétoscope. Je l’utilise plus rarement, mais chaque fois, c’est comme un voyage dans le temps, quand Le Roi lion ne pouvait pas jouer sur repeat, mais que je devais le reculer et le recommencer manuellement.

Rewind

En fait, je dis aujourd’hui, mais c’était vers la fin de 2015, avant que le magnétoscope ne cesse de fonctionner sans raison apparente. Armé d’un tourne-visse, je l’ai ouvert et me suis vite rendu compte que je n’y connaissais sweet fuck all. Le fusible avait quand même l’air vieux et usé. J’ai donc fait le tour des magasins d’électronique de Sherbrooke à la recherche d’un tout petit fusible, qui m’a coûté un gros 35 ¢. Après avoir trouvé le morceau en question et l’avoir installé correctement, toujours pas de signal. C’est ainsi que mon lecteur a rendu l’âme (jusqu’à nouvel ordre). Je pourrais le faire réparer ou m’en procurer un autre, mais j’essaie de me convaincre que c’était peut-être le temps qu’il s’en aille. Depuis le temps, et depuis tous les lecteurs DVD cheap qui ont duré quelques années seulement.

Play

Pourquoi lui accorder tant d’importance, alors que j’ai à ma disposition d’autres technologies qui peuvent aisément le remplacer? Peut-être parce que j’ai trimbalé, dans tous mes déménagements, une série de vidéocassettes qui datent des années 90. Peut-être aussi juste parce que je n’ai pas la version disque de ces mêmes films. Mais je pense que le plus difficile, c’est que j’avais la certitude, chaque fois que je posais mes doigts sur les boutons de plastique du lecteur-cassette, que j’arrivais à ralentir le temps et même à retourner en arrière. Essayer de voyager dans le temps avec un DVD, ça marche pas très bien. Vous essaierez.


Pour lire l’article de notre chef de pupitre campus Jonathan Asselin, c’est par ici!

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