Les bagarres au hockey font couler beaucoup d’encre depuis quelques années. Alors que les puristes les voient comme nécessaires, d’autres s’y opposent farouchement depuis que les conséquences des commotions cérébrales sont mieux connues.
Par Alexandre Paquette
Loin de nous sont les années 70 où les Broad Street Bullies terrorisaient leurs adversaires avec le recours à la violence. Cette violence a d’ailleurs permis aux représentants de la ville de l’amour fraternel de remporter deux Coupes Stanley au milieu de la décennie 70.
Toutefois, malgré la diminution du nombre de bagarres, des événements malheureux sont survenus dans les dernières années. Parmi ceux-ci, notons les décès de Derek Boogaard, Rick Rypien et Wade Belak à l’été 2011. Le cas Boogaard est particulièrement tragique dans la mesure où des signes d’encéphalopathie traumatique chronique ont été détectés dans son cerveau. Cette pathologie peut mener à la démence.
Malgré les risques, certains soutiendront que les bagarreurs aident à prévenir les coups vicieux et à protéger les joueurs vedettes. Dave Semenko a, par exemple, protégé Wayne Gretzky durant une partie de sa carrière. Avant de s’en prendre à la vedette de la ligue, les autres joueurs y pensaient à deux fois puisqu’ils auraient besoin de répondre de leurs actes.
Les tenants de cette thèse soutiendront de ce fait que Connor McDavid n’aurait pas eu à se battre si quelqu’un avait eu la tâche de le protéger. McDavid, pressenti pour devenir le premier choix du prochain repêchage de la Ligue nationale de hockey, n’aurait pas à subir les assauts de ses adversaires et ne serait pas le joueur le plus puni des Otters d’Erie. Rappelons que McDavid s’est blessé à la main en frappant la baie vitrée lors d’un combat contre Bryson Cianfrone la semaine dernière. Il ratera plusieurs semaines d’activités.
Changement de cap
Preuve que les mentalités commencent à changer, les Flyers de Philadelphie ont retranché de leur alignement final Jay Rosehill, alors que les Maple Leafs de Toronto ont fait de même avec Colton Orr et Frazer McLaren. Plus près de nous, le Canadien n’a pas accordé un nouveau contrat à Georges Parros cet été. Les quatre joueurs ont un total cumulatif de 39 buts et de 2894 minutes de pénalité en 1169 matchs dans la Ligue nationale de hockey. Dans le hockey moderne, où la vitesse est primordiale, les pugilistes qui ne peuvent jouer que trois ou quatre minutes par match n’ont plus leur place.
Ce type de joueurs est en voie de disparition puisque le hockey moderne se joue à quatre trios. Les policiers doivent savoir jouer au hockey. On le voit avec des joueurs comme Brandon Prust ou Chris Neil dont l’apport à l’équipe dépasse largement les bagarres et l’intimidation. Bien qu’ils ne rempliront jamais le filet, ces joueurs peuvent donner une dizaine de minutes par match à leur entraîneur, en plus d’évoluer en désavantage numérique.
Année après année, le nombre de bagarres diminue dans les ligues nord-américaines. En éliminant les goons qui ne savent pas jouer au hockey, les bagarres planifiées se font de plus en plus rares. Le hockey étant un sport de contact, certaines batailles surviendront toujours dans le feu de l’action, mais il y a moyen d’en limiter le nombre. La disparation des policiers représente une façon d’y arriver.
Pour arriver à éliminer les bagarres, il faudra la contribution des ligues. Celles-ci devront être plus strictes dans l’application des règlements afin que les petites pestes ne s’en donnent pas à cœur joie.
En bref, la question des bagarres est beaucoup plus large que nous pouvons le croire. Les bagarres ne disparaîtront pas sans d’autres mesures.