Par Émilie Lalonde
Ma visite à la dernière édition du Salon du livre de l’Estrie m’a permis de faire une grande découverte. En sillonnant les rangées consacrées aux bandes dessinées, mon regard a été attiré par un ouvrage. J’en ai tout de suite commencé la lecture et quand j’ai finalement relevé les yeux, je l’avais dévoré en entier. Son titre vous fera peut-être frémir : 12 mois sans intérêt – Journal d’une dépression de Catherine Lepage.
Douce poésie
La dépression peut être un sujet très lourd, mais tellement intéressant. Catherine Lepage a su décrire son déclin d’un an d’une manière étonnamment colorée. Des images, des dessins, des graphiques aussi et un peu de texte font le portrait de ces 365 jours où son moral a connu une chute libre dangereuse. L’œuvre est d’une fragilité poétique. Elle a un petit côté enfantin. Des phrases du récit font sourire le lecteur à cause de leur simplicité, mais le font néanmoins remettre en question : « Tout allait bien. Tout d’un coup, tout s’est mis à mal aller. »
Simplicité efficace
12 mois sans intérêt – Journal d’une dépression. Ce titre est clair. Simple. Il annonce sans prétention le contenu. Ce n’est sans doute pas le sujet de prédilection du lectorat, mais le livre tient justement tout son charme de là. La dépression, un sujet sérieux, est traitée de façon légère et aucunement moralisatrice. L’auteure écrit : « Je n’ai plus qu’un appétit d’oiseau et je perds de plus en plus de plumes. » Cette comparaison accompagnée d’un dessin de corbeau est puissante. Elle réussit à décrire une réalité qui semble pourtant indescriptible vue de l’intérieur. Rapidement, l’état mental de la femme peut être compris. La bande dessinée publiée en 2007 continue d’être à l’image du quotidien d’un bon nombre de personnes.
Intérêt suscité
La formation en graphisme au cégep de Sainte-Foy de Catherine Lepage et son perfectionnement en illustration à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg lui ont permis de participer à plusieurs projets. Elle a utilisé ses crayons et son matériel afin d’aborder des enjeux jugés plus sérieux comme l’anxiété. Son livre Fines tranches d’angoisse a beaucoup touché et a d’ailleurs été traduit pour le public anglophone. Dernièrement, la graphiste a collaboré à un projet sur l’intimidation. Elle a, en effet, illustré le conte créé par le chanteur Pierre Lapointe, Le tragique destin de Pépito. Son travail n’est absolument pas sans intérêt.
Crédit photo © catherinelepage.com