Par François Cyrenne-Bergeron
Le film s’ouvre sur une conversation intellectuelle et passionnée entre deux couples qui ont le malheur d’être somme toute assez normaux. Autour d’eux, des enfants crient et jouent dans un appartement montréalais un peu trop petit. Sophia, la protagoniste, argumente avec son amoureux de longue date, Xavier. Xavier est un homme doux, respectueux, qui la stimule intellectuellement et qui la fait rire. Xavier et Sophia ne couchent plus ensemble. Sophia a quarante ans. Sophia s’ennuie.
« Sophia s’ennuie » pourrait être le titre de ce troisième film de la réalisatrice Monia Chokri, intitulé Simple comme Sylvain. Le film s’intéresse à Sophia, une professeure de philosophie anxieuse prise dans un couple où la familiarité et le confort ont tranquillement remplacé la passion et l’amour. Tout cela change lorsque Sophia rencontre Sylvain, l’entrepreneur responsable des travaux dans son chalet nouvellement acquis. Sylvain commence presque comme une caricature : c’est un homme de région, séduisant, romantique et sensible, qui n’a pas honte de lui réciter des poèmes malgré sa puissante masculinité. Bref, tout pour faire chavirer le cœur de Sophia qui se lance corps et âme dans cette nouvelle relation, laissant tout le reste derrière elle.
Derrière les stéréotypes
Heureusement, le film réussit à dépasser ses débuts un peu stéréotypés au travers de ses personnages complets et complexes ainsi que grâce à ses choix de mise en scène forts. En effet, la réalisatrice a développé une mise en scène un peu voyeuse où l’image est bien léchée, les couleurs, éclatantes, et où les jeux de regards se multiplient plus intenses les uns que les autres. Ceux qui pensent que la pire chose que la mise en scène d’un film puisse faire soit de passer inaperçue ne seront pas déçus ici.
Sophia se jette dans sa nouvelle relation sans regret, avec la passion et la folie des premières fois. Elle est évidemment rapidement confrontée à l’imperfection de sa nouvelle histoire d’amour et aux différences de milieux sociaux qui la séparent de son nouvel amour. Simple comme Sylvain est un film sincère qui parle d’amour, oui, mais surtout de comment on laisse parfois le regard des autres, qu’il soit imaginé ou non, empoisonner nos relations. C’est un film qui parle de sexe, des difficultés d’aimer quelqu’un de trop différent de soi et peut-être même des difficultés à s’aimer soi-même. Un film parfois un peu maladroit, mais jamais convenu. Et finalement, comme pour Sylvain, un film qui n’est peut-être pas aussi simple qu’il le paraît.
Source: Simple comme Sylvain