Manikanetish, Naomi Fontaine
Par Sarah Baril-Bergeron
Manikanetish : Petite marguerite est un roman d’autofiction à l’intrigue simple : une femme accepte un poste d’enseignante dans une école du village autochtone où elle est née, et qu’elle a quitté quinze ans auparavant. Ce qu’elle y vit, cependant, est loin d’être aussi simple. La narratrice se voit confrontée dans ses valeurs, en pleine crise identitaire, déchirée entre ses origines et son éducation allochtone. Son intégration est difficile. Ses élèves ne lui font pas confiance d’emblée, mais il ne lui faut que peu de temps pour percer la carapace de ces enfants au cœur immense qui la surnommeront Yammie.
Elle sera impressionnée par cette jeunesse et sa capacité à faire face aux tragédies de la vie, telles que le deuil et le suicide. Elle sera touchée par ces « filles au ventre rond », ces adolescentes-mères qui donneraient tout au monde pour leur bébé. L’œuvre de Naomi Fontaine en est extrêmement touchante, on y découvre la réalité autochtone selon ce qu’elle est vraiment : une réalité humaine. Les personnages sont courageux, résilients, vrais. Inspirants. Tout comme les autres romans de Naomi Fontaine que j’ai eu la chance de lire, Manikanetish m’a laissée pensive et profondément émue.

Cartographie de l’amour décolonial, Leanne Betasamosake Simpson
Par Alexia Gagnon-Tremblay
La lecture que je vous suggère cette édition est Cartographie de l’amour décolonial parue en 2018, écrite par l’autrice Leanne Betasamosake Simpson et traduite par Arianne Des Rochers et Natasha Kanapé Fontaine. J’ai commencé à lire cette œuvre il y a quelques jours et j’ai immédiatement apprécié le style d’écriture très poétique de l’autrice. À travers les relations qui unissent la narratrice aux gens qui l’entourent, l’autrice aborde la lourdeur, entre autres, de ce qu’ont vécu les peuples autochtones à travers le temps et les conséquences que cela continue d’avoir sur ces derniers. Ce sont dans les subtilités de la vie quotidienne de la narratrice que cela se fait ressentir. Je considère que c’est une lecture touchante et envoutante que j’ai du mal à déposer. Par conséquent, entre deux chapitres, je me permets de vous la recommander.

Kukum, Michel Jean
Par Ema Holgado
Kukum signifie grand-mère en langue innue. Dans ce roman mythique de Michel Jean, c’est le personnage principal déjà âgé, Almanda Siméon, qui se retourne sur la vie qu’elle a eue pour nous la livrer. L’arrière-grand-mère de Michel Jean. Jeune orpheline québécoise de 15 ans, Almanda tombe amoureuse d’un Autochtone, très jeune lui aussi, avec qui elle partagera la vie et les valeurs des Innus de Pekuakami (Lac-Saint-Jean). Des suites de cet amour naitront neuf enfants. De cette vie nomade, Almanda en brisera les barrières de stéréotypes imposées aux femmes autochtones. Ce que cette femme nous raconte, c’est son inébranlable envie de liberté, mais aussi la fin du mode de vie traditionnel et si particulier des nomades innus et les conséquences de la sédentarisation forcée. Les enjeux dont nous parle la protagoniste sont ceux qui touchent, encore aujourd’hui, les peuples autochtones innus ayant subi la colonisation. Kukum est un chef-d’œuvre qui nous transporte dans le passé des peuples innus et qui nous raconte un lien puissant avec la nature. Par sa forme et par son fond, Kukum est un sans-faute qu’il faut lire au moins une fois dans sa vie.

Mononk Jules, Jocelyn Sioui
Par Ema Holgado
Dans ce roman à la couverture orange, Jocelyn Sioui nous parle d’un de ses ancêtres qui a toujours eu une place dans les récits de famille, une place presque mystique. Jules Sioui, souvent comparé à Louis Riel, est un Huron-Wendat qui a bousculé l’Histoire canadienne avant de sombrer dans un énorme trou de mémoire familial et historique. Dans son livre, Jocelyn Sioui cherche à comprendre pourquoi les accomplissements des grandes figures autochtones ont toujours été effacés des livres d’histoire du Québec et du Canada. Au fil des pages, l’auteur retrace la vie et les exploits de celui dont il ne connait que des brides pour y découvrir un personnage majestueux empli de courage et de combats pour lui et son peuple. Avec ses mots, Jocelyn Sioui nous rappelle, avec Mononk Jules, que les gens sont des musées fragiles dont l’histoire peut disparaitre sans que personne n’y fasse attention. Jusqu’à ce que quelqu’un se mette à creuser…
