Par Elizabeth Gagné
OPINION/Basé sur le « best-seller » de l’autrice Kim Thúy qui a été traduit dans 28 langues, Ru est avant tout un roman autobiographique bien connu des Québécois. Sous la caméra de Charles-Oliver Michaud, réalisateur, Ru a pris vie le 24 novembre 2023 dans nos cinémas.
La guerre du Vietnam a caractérisé les années 70 et a également été le théâtre d’une grande vague de solidarité au Québec et au Canada durant les années 80. En effet, le gouvernement canadien a mis sur pied un programme de parrainage privé des réfugiés. Unique en son genre, le programme permet à plus de 50 % des réfugiés vietnamiens, cambodgiens et laotiens d’être accueillis au Canada durant cette période.
Ces réfugiés qu’on surnommait les « boat people » ont fui leur pays à bord d’embarcations de fortune. Les risques étaient nombreux. On apprend, à travers ce film, les nombreux défis et traumatismes de ces familles. À travers les yeux de la jeune Kim Thúy, jouée par Chloé Djandji, qui sont parfois hantés par des fantômes du passé, on part à la découverte de la culture québécoise sous sa couverture hivernale si familière.
Un film d’une beauté inouïe
C’est un film grandiose et touchant. Il y a eu quelques critiques, notamment concernant la qualité des décors; je n’ai pas trouvé qu’elles étaient fondées. Bien que le tournage n’ait pu se faire au Vietnam, à cause de la COVID, j’ai trouvé que les scènes représentant leur vie au Vietnam étaient très crédibles et bien faites. Des scènes hivernales et réconfortantes sont présentes auxquelles tout Québécois peut se rattacher tellement elles sont familières. Des prises de vue magnifiques qui nous transportent dans la tête de la jeune Kim Thúy pour qui le silence en dit long, mais où les yeux racontent tout.
Si vous connaissez le moindrement Kim Thúy vous savez que recevoir et cuisiner fait partie de ses passions. Dans le film, la nourriture joue un rôle important sans être implicitement mentionnée. Elle occupe une place importante dans une culture et peut être un choc autant qu’une source de réconfort et de bienveillance pour de nouveaux arrivants. Dans le film, ces plats m’ont rappelé les soupers traditionnels des familles québécoises. Je tiens à souligner la musique et les sons qui ont leur propre rôle dans le film. La trame sonore a marqué mon esprit par sa grande beauté et sa délicatesse. Elle m’a aidé à ressentir les émotions des acteurs. Également, le jeu de la caméra était tout simplement brillant. Plusieurs prises de vue viennent nous chercher et l’on se sent intégré au film et à l’histoire comme si nous en faisions partie.
C’est un film que tout le monde doit aller voir et qui nous rappelle l’importance de l’entraide et de la famille durant cette période du temps des fêtes. À l’affiche dans les salles de cinéma dès maintenant.
Elizabeth Gagné
Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.