L’univers captivant de Lyne Lapointe 

Par Meg-Anne Lachance 

Lyne Lapointe devant son œuvre portant sur la guerre en Ukraine. 

L’artiste Lyne Lapointe était de passage à la galerie d’art Antoine-Sirois, le 15 mars dernier. Pour quelques heures seulement, les amateurs et amatrices d’art ont pu se réunir pour discuter de son exposition Cabinet | Circulado ainsi que pour visionner son long métrage biographique Lyne Lapointe, L’art et la matière. 

Provenant d’une artiste majeure au Canada, les œuvres de Lyne Lapointe sont exposées depuis une quarantaine d’années déjà. De Montréal à Winnipeg, passant par New York, Sao Polo et Paris, les œuvres de Mme Lapointe ont marqué des milliers de personnes partout à travers le monde. 

« Lyne Lapointe, elle peut vraiment, par ses compositions, faire ressentir tout l’aspect de souffrance qu’elle-même a vécu, à travers ses œuvres », explique une femme présente lors de l’exposition. 

Amatrice de l’artiste, la dame suit Lyne depuis déjà plusieurs années. « L’usage de la matière, à la fois épurée à la fois complexe c’est… Je cherche les mots. Ça fait longtemps que je suis Lyne, continue-t-elle, et c’est Lyne! Il n’y en a juste une… une artiste comme ça qui fait sortir son intériorité au niveau de toutes ses compositions artistiques. J’adore tout simplement. » 

En effet, sur les murs, de multiples œuvres mélangeant matières et couleurs sont accrochées et prêtes à vous raconter leur histoire. D’un côté, une structure représentant le spectre des couleurs et, de l’autre des toiles portant sur la guerre. Un beau mélange entre l’art et nos sociétés. « Pour moi, dans mon travail, ce qui est politique est très important aussi », affirme Lyne Lapointe. 

« Donc ça ici, c’est sur l’Ukraine. C’est avec de vieilles tapisseries que j’ai trouvées. Quand il y a des bombardements, souvent ce que tu vois dans les immeubles tous ouverts, ce sont de vieilles tapisseries, des vieux meubles qui restent dans les coins. C’est ce que j’ai voulu faire », raconte l’artiste. 

Lorsqu’on lui demande d’où provient son inspiration, la réponse semble aussi difficile que facile. « Ohhh my god! Ça fait longtemps madame que je fais de l’art! » Maintenant âgée de 67 ans, Lyne Lapointe a débuté alors qu’elle n’avait que 14 ans. C’est toutefois à l’âge de 17 ans qu’elle s’est pleinement donnée au métier. 

« Pour moi l’art, c’est une science aussi, ce n’est pas juste comme “ah je fais ça comme ça et ça apparait!”. C’est beaucoup d’étude, de connaitre la matière c’est comme un long processus. Souvent on se dit “ah je vais faire cette œuvre-là”, mais ce n’est pas nécessairement sûr que ça va fonctionner avec ton rapport à la matière et ce que toi tu penses », explique-t-elle. 

« Même après tant d’années, j’ai toujours cette même compréhension. » 

Quand l’art et la médecine se rencontrent 

Autour de nous, certaines œuvres aux cadres noires ont une histoire bien particulière. 

« Tout ça a commencé en 2008 quand la Société des médecins de l’Université de Sherbrooke m’a demandé d’agir à titre de conseillère pour un groupe qui voulait se concerter pour décider de la prochaine œuvre destinée aux médecins qui partent à la retraite », se rappelle Marie-France Beaudoin, co-commissaire de l’exposition. 

Fondée en 1969, la Société des médecins de l’Université de Sherbrooke (SMUS) a pour mission de nourrir la relève médicale. « On veut s’assurer que la relève soit top notch. En même temps, ce sont des professeurs qui enseignent et donc l’objectif final est de redonner à la société pour que tout le monde ait un beau monde en santé », détaille une employée de la SMUS présente à l’exposition. 

« C’était une jeune faculté, nouvelle tradition. Avant, on remettait une lithographie de Riopelle, qui était un tirage de 75, donc tout le monde avait la même œuvre. On voulait faire quelque chose de différent » explique Mme Beaudoin. « Je leur ai proposé de passer à autre chose, faut être de notre temps! Alors j’ai présenté des artistes d’art contemporain. » 

C’est finalement Lyne Lapointe et ses nouvelles idées qui ont été sélectionnées. « Je savais que l’autre artiste avait choisi de faire une sérigraphie, mais j’ai décidé que je voulais quelque chose de plus personnalisé. » 

La série Cabinet, actuellement exposée à la Galerie Antoine-Sirois, regroupe quarante de ces cinquante œuvres commandées par la SMUS. 

« C’est intéressant de voir ses œuvres se mélanger, de voir les médecins encore aujourd’hui qui veulent se prêter à l’art, à la culture, c’est vraiment le fun de pouvoir voir ça », souligne l’employée de la SMUS. 

La collection Becoming an animal de Lyne Lapointe est exposée à la Jack Shainman Gallery de New York jusqu’au 12 avril prochain. Son exposition Cabinet | Circulado était présent à la Galerie Antoine-Sirois du 7 février au 29 mars dernier. 


Crédits : Meg-Anne Lachance

Meg-Anne Lachance
Cheffe de pupitre SOCIÉTÉ at Journal Le Collectif  societe.lecollectif@usherbrooke.ca   More Posts

Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!

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