L’importance de Mathilde Poisson… et celle d’une littérature québécoise

Par Daniel Gaumond

C’est le 1er novembre que les prix du Gouverneur général de 2017, un important programme dans la remise de prix littéraires au Canada depuis 80 ans et financé par le Conseil du Canada, remettront une bourse en argent de 1 000 $ aux quel que 78 auteures et auteurs finalistes et le fameux montant de 25 000 $ aux lauréats gagnants de chaque catégorie. Afin d’encourager une littérature canadienne diversifiée, les œuvres retenues s’inscrivent à l’intérieur de sept catégories distinctes, autant la poésie que le théâtre jusqu’au roman, et ce, dans les deux langues officielles du Canada. Les auteurs proviennent donc d’un peu partout à travers le pays, dont l’un d’entre eux se situe ici même à Sherbrooke.

En effet, Véronique Drouin, auteure sherbrookoise du livre L’importance de Mathilde Poisson (2017) retenu dans la catégorie de roman jeunesse, s’est vue aussi étonnée qu’honorée de cette nomination. D’abord surprise, l’écrivaine qui s’est fait connaitre en Estrie par sa tétralogie de l’Archipel des rêves n’a pas obtenu la même retombée espérée avec son dernier roman, qui est passé davantage dans l’ombre, mais qui a pourtant été sélectionné par les Livres GG. Elle attribue ce manque de succès à la situation précaire de la littérature au sein même du Québec, voire du Canada. Selon la jeune femme, « le milieu du livre a subi de très gros changements depuis 2010. Sa production a non seulement ralenti, mais il y a très peu de visibilité offerte aux auteurs par les médias ou par les librairies. »

De plus, Madame Grouin mène un combat double, car son genre narratif frôle tantôt celui du fantastique, tantôt celui de la science-fiction : des genres qui provoquent habituellement l’aversion chez les lecteurs québécois. Toutefois, sa persévérance est tout de même soulignée, notamment grâce à sa nomination aux prix du Gouverneur général. C’est pourquoi l’auteure de quinze ouvrages se sent honorée par ce prix, puisqu’il représente la reconnaissance au bout de ses nombreux efforts. Ce programme financé par le Conseil du Canada permet, à son avis, de « mettre en lumière les finalistes et de faire ressortir des œuvres différentes, audacieuses qui ne sont pas nécessairement populaires. Ça permet aux gens dans l’ombre d’être visibles. »

Et c’est ce qui arrive avec son roman L’importance de Mathilde Poisson. Sur une durée de 24 heures, l’histoire représente une journée décisive dans la vie de Mathilde Poisson : la jeune fille souhaite mettre fin à ses jours, mais se voit interceptée juste à temps par un garçon inconnu, qui l’accompagnera tout au long de cette journée. Dans une écriture symbolique et même féministe, ce roman à saveur philosophique aborde le thème du suicide par l’entremise de son héroïne avec humour et légèreté. De cette façon non orthodoxe de traiter un sujet aussi tabou, l’auteure aspire à « enlever le caractère lourd et sérieux du suicide pour mieux le transmettre chez les lecteurs ». Son message n’en est pas futile pour autant et montre qu’il existe des ressources pour les personnes en détresse. Enfin, son œuvre rejoint directement les jeunes par d’autres sous-thèmes, soit la recherche identitaire, la remise en question et même l’approbation de la famille.

Finalement, le prochain roman de cette auteure de Sherbrooke, de genre historico-fantastique qui plonge son intrigue dans un Montréal de 1891, est prévu pour le 8 novembre prochain, soit deux jours après l’annonce des récipiendaires du prix du Gouverneur général. Peut-être sera-t-il sélectionné à son tour par un autre concours, qui sait?


Crédit Photo ©  Gabrielle Gauthier

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