Par Alexandre Leclerc
Si la 92e cérémonie des Oscars est relativement tombée à plat en demeurant sans hôte pour une deuxième année consécutive (et avec une prestation musicale aussi surprenante qu’inexpliquée d’Eminem), elle illustre tout de même le changement qui s’opère en ce moment à Hollywood. Les films internationaux percent de plus en plus le marché nord-américain, comme le démontrent la consécration de Parasite et son succès à la fois critique et commercial. Retour sur cette cérémonie prisée.
Parasite et le cinéma international
Après avoir remporté la Palme d’Or à Cannes en mai, Parasite a décroché quatre Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. C’est également la première fois de l’histoire qu’un film remporte à la fois le prix du meilleur film international (autrefois film étranger) et du meilleur film. On assiste en effet à une plus grande ouverture de l’Académie envers les films et les artistes internationaux, et ce, depuis quelques années. On pense notamment à Roma, qui a presque réussi l’exploit l’an dernier, mais aussi aux nombreux réalisateurs non américains qui ont remporté l’Oscar du meilleur réalisateur. Depuis 2011, neuf des dix prix ont été remportés par des réalisateurs ne provenant pas d’un pays anglophone. Ce fut en effet la consécration d’Alfonso Cuarón (2), d’Alejandro G. Iñárritu (2), d’Ang Lee, de Guillermo del Toro, de Bong Joon-ho et de Michel Hazanavicius. Parasite a su, plus que d’autres films internationaux, rejoindre son public et fracasser la barrière linguistique. Espérons que ce film représente le début d’une nouvelle ère à Hollywood et non une anomalie.
1917 : des prouesses techniques reconnues
Le nouveau projet de Sam Mendes n’a finalement pas remporté l’Oscar du meilleur film, mais il a raflé pratiquement tous les prix techniques, avec raison. Roger Deakins s’est vu remettre son 2e Oscar en trois ans pour le superbe plan-séquence qui fait la renommée de 1917. De même, l’équipe de Technicolor Montréal a été récompensée de la statuette pour les meilleurs effets spéciaux. Le film a également reçu l’Oscar du meilleur mixage sonore, en plus d’être nominé dans toutes les catégories d’envergure. Le fait qu’il ait été en nomination dans dix catégories (tout comme The Irishman, Once Upon a Time… in Hollywood et Joker, qui lui l’était dans onze) et qu’aucun de ces films n’ait remporté les grands honneurs est très évocateur de l’incroyable qualité des films sortis cette année, probablement l’une des meilleures années de cinéma depuis longtemps !
La consécration de Netflix
Même si le géant des plateformes de visionnement en continu n’a pas réussi à remporter la statuette du meilleur film cette année avec The Irishman et Marriage Story, c’est une année de grande reconnaissance pour Netflix. Sur les 54 nominations du studio au cours de sa jeune histoire, 24 sont issues de la présente cérémonie. Aux films précédemment mentionnés s’ajoutent The Two Popes, American Factory (sacré meilleur documentaire), The Edge of Democracy, Klaus, I Lost My Body et Life Overtakes Me. Reconnu pour la qualité de ses documentaires, Netflix perce cette année le marché des films d’animation, en plus d’avoir produit le chef-d’œuvre de Martin Scorsese. Parions que plusieurs réalisateurs de renom seront tentés prochainement d’aller vers ce studio, reconnu pour la grande liberté qu’il laisse aux artisans du cinéma !
Crédit Photo @ Jeff Kravitz