Le festival Rivières de Lumières réinventé

Par Sabrina Asselin

Le festival Rivières de Lumières a réussi à adapter sa 6e édition en contexte de pandémie. Alors que le déambulatoire est un moment marquant du festival, son maintien était malheureusement impossible, ce qui a donné lieu à un nouvel événement tout aussi intéressant : Le Pêcheur et les lanternes de bonheur. Cet événement, entièrement gratuit, était un parcours à travers les rues du centre-ville dans le but d’accomplir une quête : partir à la recherche du Pêcheur de lanternes pour que les Sherbrookois et Sherbrookoises puissent retrouver le bonheur.

Chaque automne, dans le cadre de Rivières de Lumières, le Centro s’anime d’une programmation originale : ateliers de confection de lanternes, prestations artistiques et plusieurs autres activités terminant par un grand déambulatoire mariant des types de performances variés.

Ce festival est né de la collaboration du Théâtre des Petites Lanternes, un OSBL ancré au centre-ville de Sherbrooke dont la mission est de produire des créations théâtrales rassembleuses, et de LaboKracBoom, une compagnie artistique alliant cirque, danse et théâtre.

Le pêcheur et les lanternes de bonheur

Munis d’une carte indiquant le chemin à suivre, les participants se baladaient, lanterne à la main, à la rencontre d’artistes disséminés dans plusieurs vitrines du Centro, sur les rues Wellington, Frontenac, Dufferin et Alexandre, pour une marche d’environ 2 km.

Au total, dix stations composaient le parcours et la sélection était des plus diversifiées : théâtre d’ombres, danse, création d’une sculpture, élaboration d’une chorégraphie, fresque et plusieurs autres performances multidisciplinaires difficiles à résumer. Cette programmation, loin d’être enfantine, s’est révélée extrêmement intéressante et, en voyant la variété des prestations et la portée sociale des sujets abordés, on constatait rapidement que l’événement s’adressait à tout le monde.

Derrière leur vitrine respective, les artistes présentaient leur numéro de façon périodique afin de faire découvrir leur histoire et leurs liens avec le pêcheur de lanternes.

Je m’attendais davantage à des performances théâtrales et j’ai parfois été déçue de ne pas tout comprendre des différents personnages. Chacun semblait avoir quelque chose à nous transmettre et le milieu dans lequel ils évoluaient était tellement unique et détaillé que les quelques lignes de description des œuvres ne faisaient que titiller la curiosité sans offrir de réponses claires à nos questions.

L’expérience fut tout de même agréable et la façon dont on y traitait d’enjeux sociaux, surtout liés à l’environnement, était particulièrement touchante. Par exemple, la station de l’artiste Étienne Plante consistait en la confection, en direct, d’une lanterne géante. L’artiste créait une sculpture à partir de matières plastiques égarées au centre-ville qui avaient été collectées par le magasin et centre de dons Estrie-Aide. D’ailleurs, la plupart des décors des vitrines semblaient composés d’objets revalorisés.

Une autre station marquante était celle de Simon Durocher-Gosselin. Dans un univers post-apocalyptique offrant une scène tout à fait bouleversante, l’artiste se trouvait au milieu de débris, représentant une Terre infertile, polluée et surchauffée. Partageant son repas avec des peluches, il devait se résigner à manger de l’argent, seule chose encore présente dans l’environnement.

Néanmoins, il ne faut pas croire que cette station est à l’image de l’entièreté de l’événement puisque plusieurs étaient plus optimistes, comme celle d’Estela López Solís. Elle avait décoré une des vitrines de la rue Alexandre des propos des membres de la communauté péruvienne à Sherbrooke, ayant émané lors d’une discussion concernant le bonheur.

Finalement, bien que cette 6e édition fut différente des autres, Rivières de Lumières a réussi à conserver son essence avec Le pêcheur et les lanternes de bonheur : cet événement a permis de faire rayonner le Centro et de rassembler la population autour des arts vivants, tout en respectant les consignes sanitaires.


Crédit Photo @ Rivières de Lumières

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