Debbie Lynch-White : l’art de faire une différence  

Par Mia Alexis 

Debbie Lynch-White est d’avis que les activités de sensibilisation et de dialogue organisées autour de la diversité sexuelle et de genre sont encore nécessaires.  

Artiste fougueuse et polyvalente, Debbie Lynch-White se démarque depuis plusieurs années sur la scène médiatique québécoise. Comédienne, animatrice, chanteuse : elle ne cesse d’épater. En plus de ses talents artistiques, elle brille par sa présence activiste, entre autres axée sur la diversité sexuelle et l’inclusion.  

Du 24 au 31 mars 2025, nous célébrions la Semaine arc-en-ciel à l’Université de Sherbrooke, semaine dédiée à la célébration de la diversité sexuelle et de genre. Les activités de sensibilisation et de dialogue qui y étaient organisées sont, selon Debbie Lynch-White, encore tout à fait nécessaires.  

« Ça fait une différence dans la vie de plein de gens et des fois, on ne saura même pas quelle différence ça a faite. […] Quelqu’un va entendre ça, quelqu’un qui est assis là [dans une conférence sur la diversité sexuelle et de genre] et qui se pose des questions. Et ça va peut-être être le témoignage qui va faire en sorte qu’elle va faire son coming out, qu’elle va s’affirmer plus ou qu’elle va arrêter de se juger, arrêter de se trouver pas normale. »  

Elle applaudit aussi la venue de Safia Nolin à l’Université cette même semaine, qui a exprimé l’impact de son identité sur sa carrière artistique. D’ailleurs, les deux femmes ont travaillé ensemble sur l’œuvre théâtrale Surveillée et punie, une pièce bouleversante basée sur la haine en ligne dont a été victime Safia Nolin. Debbie Lynch-White a affirmé aimer prendre part à des projets de forte résonance et elle s’affiche comme une personne très engagée socialement. Toutefois, elle avoue que prendre ces rôles militants nécessite parfois une dose de courage supplémentaire.  

« J’ai ressenti quand même beaucoup de peur par rapport à ce show-là [Surveillée et punie]. Est-ce qu’il va y avoir des haters qui vont débarquer dans la salle et qui vont nous envoyer chier pendant le spectacle? On n’y allait quand même pas avec le dos de la cuillère, les noms des haters apparaissaient dans le spectacle. Je me rappelle avoir ressenti de la peur. Il a fallu que j’en parle avec Safia et le metteur en scène pour trouver comment me débarrasser de cette peur-là. Les projets qui viennent avec un gros engagement social, une volonté de changer les choses ou de faire réfléchir les gens autrement, des fois ça vient avec un petit peu de peur. »  

« Moi, j’ai tout le temps dit : je veux essayer de changer le monde à la hauteur de ce que je peux. » En 2021, elle anime la série documentaire Histoires de coming out qui la marquera elle, mais aussi la vie de certains téléspectateurs : « J’ai eu des messages de mères qui m’ont écrit : «  Je comprends mieux ma fille grâce à toi  », de gens qui m’ont dit «  J’ai vu le documentaire et ça m’a donné le courage de faire mon coming out « . C’est la plus belle paie. Je me dis que j’ai eu un impact dans la vie de ces personnes-là. Je ne le fais pas pour moi, je le fais pour que ces personnes vivent leur vie pleinement et qu’elles soient bien. » 

Diversité corporelle 

Dans les dernières années, la représentation inclusive a grandement progressé dans les médias. Elle se dit honorée d’être un des visages de ce progrès au Québec : « Je suis vraiment fière. Je suis très consciente de la tribune que j’ai et j’essaie de bien m’en servir. » 

Si l’artiste est enchantée de représenter la diversité sexuelle et corporelle sur la scène médiatique, c’est pourtant simplement son quotidien. « Je suis grosse et j’ai tout le temps été grosse. Pour moi, c’est ma normalité. Mais tout d’un coup, dans notre société, je deviens un porte-étendard des grosses du Québec. Ce n’est pas nécessairement quelque chose que j’ai choisi, mais ça vient avec. Je me dis que je vais embrasser ça plutôt que jouer contre. […] Et si ça peut ouvrir des esprits, aider du monde, faire réfléchir les gens juste par ma simple existence, et bien ma job est faite. Je dors bien le soir. » 

Debbie Lynch-White constate cependant que la représentation des corps n’est pas encore au point dans les médias. « Moi j’ai hâte que, dans une série à la télé, le rôle principal, ça soit une grosse et qu’on ne parle pas de son poids. Qu’on ne mentionne rien : elle n’a pas de problèmes alimentaires, on ne dit pas qu’elle ne court pas vite, qu’elle mange de la junk tout le temps… qu’on ne tombe pas là-dedans. » Justement, elle se dit fière de la série qu’elle a idéalisée, Les bombes, qui met en scène quatre femmes grosses sans que cela influence le récit. 

Répercussions de nos voisins du sud 

Aux États-Unis, dans le climat actuel, un vent d’incertitude et de peur s’élève chez la communauté LGBTQ+. Selon l’artiste, ces craintes sont aussi ressenties au Québec. « Les gens de la communauté ont peur. […] Nos droits ne sont jamais acquis. » 

En réponse à la menace réelle de « diviser pour mieux régner », Debbie Lynch-White croit que « notre force, c’est justement d’être ensemble plus que jamais ». 


Source : Théâtre La Licorne

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