Par Edouard Guay
«If you ain’t here to play, why you came in the first place?»
Quoi de mieux qu’un titre en allemand pour balayer les critiques linguistiques du revers de la main? Inspirés par le concept de spectacle social de l’essayiste Guy Debord, les gars de Dead Obies poursuivent leur ascension dans le monde du rap québécois avec une œuvre d’art totale alliant habilement l’énergie brute du concert et la finition du studio. Beaucoup plus accessible que son prédécesseur Montréal $ud, ce deuxième album ambitieux enchaîne les refrains accrocheurs (gracieuseté d’OG Bear, qui rappelle A$AP Rocky), les textes uniques et les expérimentations sonores variées. L’album peut s’écouter à la pièce et dans le désordre, tout en conservant sa gamme d’émotions.
En cette ère de selfies et de réseaux sociaux, le spectateur-auditeur est plus que jamais le roi, et les Dead Obies l’ont bien compris. Tous les amateurs y trouvent leur compte! On les entend d’ailleurs commenter et réagir au fil des pièces. Même seuls dans nos salons, on ne peut que jubiler avec eux! Passant des rythmes sauvages de Where They @ et Aweille aux mélodies contagieuses, un brin pop de Waiting et Johnny, chaque pièce a sa raison d’être. Les connaisseurs apprécieront également les références à Ol’ Dirty Bastard et à Jean Leloup, de même qu’à des auteurs comme Baudelaire.
L’ajout de musiciens et de choristes donne une profondeur aux productions racées de VNCE. Le plaisir d’écoute est vif, et les six membres du groupe sont plus assumés que jamais. Si la facture sonore peut sembler un peu sage par moments, les Dead Obies sont bien loin de faire des concessions, conservant leur couleur et leur authenticité. Tout est pour vrai! L’assurance est au rendez-vous, notamment sur la longue pièce Explosif, et les Dead Obies réussissent à s’ouvrir un nouveau public tout en conservant celui de la première heure. Ces pièces sauront forcément prendre tout leur sens sur scène.
4/5