CRITIQUE/Le dernier repas, voyage culinaire au cœur de l’histoire haïtienne 

Par Karl Foster Candio  

Le dernier repas, une œuvre qui saisit et qui fait voyager les cinéphiles à travers les saveurs d’Haïti, est en salle depuis le 27 septembre dernier.  

En salle depuis le 27 septembre 2024 et présenté à la Maison du Cinéma, Le dernier repas de Maryse Legagneur est un vibrant devoir de mémoire sur la période de la dictature en Haïti, mais aussi un clin d’œil efficace aux richesses culturelles de ce pays, notamment sa cuisine. 

Reynold se meurt d’un cancer de l’estomac. Il utilise le prétexte des derniers repas pour les partager avec sa fille Vanessa, qu’il n’a pas vue depuis 20 ans. D’abord hésitante, Vanessa accepte de revoir son père. Au fil des repas, un rituel s’installe, les mets traditionnels agissent comme réminiscence du passé. Vanessa découvre qui est véritablement son père : un homme aimant dont la dictature avait durci le cœur.   

Une réalisation fine au service d’un récit poignant 

Le dernier repas est une œuvre qui nous saisit par les tripes, nous faisant voyager entre les saveurs d’Haïti et les horreurs du passé. Récompensée du prix du meilleur long-métrage au Festival International du Film Black de Montréal, elle nous transporte dans les souvenirs de Reynold (Gilbert Laumord), cet immigré au Québec marqué par son expérience dans les sinistres cachots de Fort-Dimanche, où il a été séquestré, jeune, pour complot contre le régime de Duvalier. 

Fort-Dimanche, lieu sombre, connu pour ses sévices et tortures, est dépeint crûment dans la majeure partie du film. Toutefois, la réalisation équilibre habilement ces moments avec des images empreintes de chaleur, de joie, et de nostalgie, en nous invitant à la découverte d’une cuisine haïtienne généreuse. Le parallèle entre les quatre murs de la prison dans les années 1970 et ceux de la chambre d’hôpital de Reynold dans les années 2010 est astucieux et finement mené.  

Le film est également une réussite technique, avec une photographie irréprochable. Décors, costumes et musique composée par Jenny Salgado s’accordent avec un jeu remarquable des acteurs principaux pour travail très convaincant. 

Plus une fiction historique qu’un drame familial 

Ce que l’on pourrait reprocher au film, c’est de s’attarder sur le récit des faits douloureux du père, et de négliger le processus de guérison de la fille. Alors, le film nous laisse comprendre que Vanessa (Marie-Evelyne Lessard) a subi des sévices corporels de la part de son père. Le pardon qu’elle lui accorde semble rapide et simplement motivé par son histoire et son départ imminent, au détriment d’une exploration plus approfondie de son propre trauma. 

Le Dernier Repas est toutefois un digne hommage aux victimes de la dictature des Duvalier, qui ne manque pas de susciter l’émotion. Le film force notre réflexion sur une page pas trop lointaine de l’histoire d’Haïti, sur les blessures de ses ressortissants et sur leur résilience. 


Source: Cinoche

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