Critique : La guerre des tuques

Par Benjamin Le Bonniec

Se lancer dans la réalisation d’un «remake» de La Guerre des Tuques relevait d’un véritable défi, tant le film apparaît aujourd’hui comme l’un des plus cultes longs métrages du cinéma québécois. À la tâche, on retrouve Jean-François Pouliot (La Grande Séduction) et Rock Demers à la production, et cette nouvelle version en animation 3D se révèle être à la hauteur des ambitions.

Ancrée dans l’univers collectif québécois, La Guerre des Tuques a, génération après génération, marqué les esprits des jeunes et des moins jeunes. C’est en toute liberté que Pouliot s’est penché sur la réalisation de ce long métrage d’animation mettant en scène les deux clans belligérants. Avec un scénario adapté par rapport au film original, les amateurs du premier opus n’en seront pas moins déçus et nous y retrouvons, à l’initiative du petit Luc Chicoine, la formation de deux bandes ennemies prêtes à s’affronter corps et âme pour obtenir le fort tant convoité. «La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal», pourtant chacun à tour de rôle s’acharnera à trouver des moyens de plus en plus farfelus pour arracher le butin de guerre à la fin de ce congé de Noël, qui sonnera le terme de cette bataille de boules de neige.

Au-delà du conflit, nous assisterons encore aux premiers balbutiements amoureux entre les deux chefs ennemis, Luc et Sophie. Cette passion naissante participera au chamboulement dans la personnalité du petit gars et qui, à la différence du film original, gagnera en émotion et en sympathie. Pouliot s’est d’ailleurs attaché à approfondir l’histoire personnelle de Luc et à penser la mort de son père à la guerre. La Guerre des Tuques reste malgré lui un film sur la mort, qu’il s’agisse du père de Luc ou de la chienne Cleo, comme dans la première version. De plus, ces vacances sont pour eux une manière de s’émanciper un peu plus de leur vie d’enfants, qu’ils enterreront en partie avec le dénouement dramatique de l’histoire. Au Québec, l’hiver forge la jeunesse et toute cette bande de gamins sortira grandie de cette période de Noël et retourneront à l’école avec un peu plus de maturité.

D’un point de vue de la qualité au niveau de l’animation, les dessins et l’univers graphique sont assez bien réussis, les attitudes et mouvements sont bien retranscrits. Aussi, une attention particulière a été portée à la représentation de l’hiver, tant dans les paysages que dans les sensations liées au froid; on y retrouve presque cette impression de neige humide propre au début de l’hiver quand les températures ne sont pas encore extrêmes. La 3D quant à elle se révèle timide, mais cette légèreté lui permet de passer agréablement à l’écran. Au final, c’est une adaptation plutôt réussie de ce classique québécois. Évidemment, nous retrouverons peut-être des détracteurs, mais dans l’ensemble il faut l’admettre, on rit, on s’amuse et même si pour nous les années ont passé, la magie opère toujours.

À ne pas manquer à La maison du cinéma à partir du 13 novembre.


© Pour lire l’éditorial de Benjamin Le Bonniec paru lors de la même édition, cliquez-ici.

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