Mar. Avr 16th, 2024

Par Alexia LeBlanc

À la télévision deux fois en quelques semaines, la députée sherbrookoise a assisté à l’émission « Tout le monde en parle » le dimanche 20 janvier dernier. À ses côtés se trouvaient Sonia Lebel, ministre de la Justice (Coalition avenir Québec), ainsi que deux autres députées soit Véronique Hivon (Parti québécois) et Hélène David (Parti libéral). La semaine avant leur passage à l’émission, les quatre femmes s’étaient rencontrées dans le but de trouver de meilleurs moyens quant à l’accompagnement des victimes de violences sexuelles et conjugales.

Un système de justice défaillant

Il s’agit d’un sujet qui a été énormément discuté dans la dernière année, mais les récentes accusations finalement portées contre Gilbert Rozon ont ravivé la conversation. Plusieurs personnes se sont insurgées devant le peu d’accusations qui ont été portées contre l’ex-producteur québécois et ces personnes blâment le système de justice de ne pas être adapté aux victimes de ces violences. C’est dans cet esprit que les quatre députées de différents partis politiques se sont rencontrées. Selon elles, le système doit être modifié et adapté à ces personnes, qui ont besoin d’une aide judiciaire mais aussi psychologique. Comme Sonia Lebel l’a précisé lors de l’entrevue, « c’est le schème d’analyse au complet qui doit être changé ».

Des chiffres alarmants

Selon les données de Statistique Canada, seulement 5 % des personnes victimes d’agression dénoncent. Il s’agit d’un chiffre inquiétant qui prouve que ces gens n’ont pas confiance envers le système de justice et qu’il est nécessaire de le rebâtir. L’idée serait de créer un tribunal spécialisé qui rassemblerait des personnes plus formées dans les cas d’agressions sexuelles et conjugales. Le projet ne vise pas à bafouer les droits des accusés et le principe de présomption d’innocence serait évidemment toujours présent, mais la situation serait traitée de manière différente. L’Afrique du Sud, qui avait un taux d’agressions extrêmement élevé, a suivi ce genre de modèle et les victimes reçoivent maintenant de l’aide plus rapidement dans des centres de santé, et non dans un poste de police.  

Des délais jugés beaucoup trop longs

Comme Christine Labrie l’a expliqué lors de l’entrevue, il y a beaucoup trop de délais dans le système judiciaire, mais dans le système psychologique aussi. Le CALACS à Sherbrooke (Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) a présentement un délai d’environ 8 mois, mais ailleurs au Québec le délai est parfois de 18 mois. Un temps d’attente que Mme Labrie juge « inacceptable » et il s’agit d’un élément que la députée aimerait améliorer au cours de son mandat. Selon elle, les victimes ne veulent pas toujours se rendre au tribunal, mais elles devraient tout de même bénéficier d’un support moral aussi longtemps qu’elles en auront besoin.

La députée s’est dit satisfaite de son passage à l’émission mais elle a ajouté que toute la question de prévention de la violence sexuelle faisait également partie de sa discussion avec ses collègues de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas un point qui a été abordé lors de l’entrevue, mais il est difficile de toucher à tous les enjeux en une dizaine de minutes. Toutefois, elle soutient que plus on discute ouvertement du sujet, plus les victimes se sentiront prêtes à dénoncer ces injustices.

Une députée qui fait parler

Alors que son nom résonne beaucoup dans les temps qui courent, la députée sherbrookoise a également annoncé récemment qu’une part du budget discrétionnaire de la Ville de Sherbrooke, soit 25 000 $, sera réservée à un appel de projets pour les organismes de la ville. Le reste du budget servira à financer des organismes moins populaires ainsi que des projets de plus petite envergure. L’année prochaine, elle souhaite que la moitié de ce budget soit placé dans un fonds d’investissement citoyen et elle a confirmé qu’il y aura davantage de transparence dans l’octroi des fonds discrétionnaires.

Un exercice démocratique

Souhaitant offrir un meilleur soutien financier à des projets créés par des organismes de la ville de Sherbrooke, Mme Labrie a confirmé que « minimalement deux fois par année, on va lancer un appel où les organismes pourront soumettre des projets qui seront votés par les citoyens. Ceux-ci vont donc pouvoir choisir comment les fonds vont être utilisés. » Ainsi, les citoyens vont savoir comment sont distribués les fonds et si cette distribution ne fait pas l’affaire d’une partie de la population, elle sera re-vérifiée. Mme Labrie va d’ailleurs faire un compte-rendu chaque année. Selon elle, il s’agit d’une façon de gérer les fonds qui est plus démocratique et le soutien que donne la population à un projet déterminera la somme qui lui est octroyée, puisque cet exercice ne contiendra pas vraiment de balise, comme elle l’a clarifié.

Des projets faits par les citoyens, pour les citoyens

L’exercice sera simple. Chaque organisme voulant soumettre un projet à la ville devra remplir un formulaire que Mme Labrie qualifie de « très léger ». Trois projets par appel seront possibles et les citoyens choisiront leurs cinq projets préférés, qu’ils pourront inscrire sur les bulletins de vote. « On compte sur les organismes pour mobiliser les gens. On veut que ces projets répondent aux besoins de la population. On va faire notre travail de diffuser autant que possible l’information. », comme l’a expliqué la députée de Québec Solidaire. Ainsi, les projets sélectionnés devraient répondre davantage aux besoins de la population et les citoyens seront plus impliqués dans la politique de la ville.

Un an après la réalisation des projets qui auront été choisis, un suivi auprès des organismes sera fait à savoir quels impacts positifs ces activités ont eus. Si certaines personnes craignent que le processus soit lourd ou que le plan de Christine Labrie soit mal organisé, celle-ci a affirmé que c’est une idée qui a été étudiée en profondeur et que s’il y a des changements à faire au fil des années, ils seront faits et pris au sérieux.

Il est possible de soumettre un projet dès maintenant en écrivant au christine.labrie.sher@assnat.qc.ca.

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