Par Laurie Vaillancourt

L’Université de Sherbrooke mise sur l’autonomie de la communauté étudiante dans le processus des mesures d’accommodement, alors que l’on décompte sept fois plus de trouble déficitaire de l’attention (TDA) qu’il y a 10 ans chez cette population cible.
En 2013-2014, on dénombrait 188 étudiants avec un diagnostic de TDA à l’UdeS. Dix ans plus tard, ce nombre a bondi à 1 313 personnes. Face à cette hausse, l’université doit adapter ses mesures d’accommodement, d’autant plus que celles-ci ne sont pas destinées uniquement aux étudiants atteints de TDA.
En effet, en 2024, le Programme d’intégration des étudiants et étudiantes en situation de handicap à l’UdeS incluait 2 334 personnes. Ce groupe compte des personnes présentant un diagnostic de TDA, un trouble du spectre de l’autisme, ou encore des déficiences motrices et auditives. Près de la moitié des personnes étudiantes qui faisaient partie du Programme d’intégration lors de la dernière année scolaire avaient minimalement un TDA.
L’implantation du programme sur le campus
Ces personnes bénéficient de mesures d’accommodement comme du temps supplémentaire, l’utilisation de logiciels spécialisés et l’accès à des locaux isolés lors des périodes d’examen. Toutefois, la mise en place de ces mesures pose plusieurs défis pour les universités, surtout avec l’augmentation notable de personnes inscrites au Programme d’intégration. Comme certains ont besoin d’endroits à distraction réduite pendant les examens, l’augmentation des cas engendre un enjeu quant à la disponibilité des locaux. Dans le contexte actuel, les établissements d’enseignement supérieur n’ont d’autre choix que de s’adapter au mieux afin de préparer adéquatement les personnes étudiantes. Certaines facultés ont d’ailleurs réussi à incorporer des espaces isolés, du tutorat, et des services de prise de notes à leur programme de mesures d’accommodement.
Pour une majorité des étudiants du Programme d’intégration, les mesures d’accommodement font partie intégrante de leur scolarité depuis l’enfance. C’est d’ailleurs le cas pour Dominik Lagacé, maintenant étudiant au baccalauréat en histoire. Ce dernier rappelle l’importance des mesures en mentionnant leur caractère essentiel dans la réussite scolaire de ces personnes. Comme chaque étudiant possédant un handicap a un plan d’intervention personnalisé, M. Lagacé a bénéficié de mesures, comme l’utilisation d’un ordinateur lors des examens et d’un logiciel l’aidant en français lors de son parcours universitaire.
L’incorporation des mesures d’accommodement dans les établissements d’enseignement supérieur éveille toutefois des questionnements quant à l’autonomie de ces personnes une fois sur le marché du travail. L’approche de l’UdeS est claire, il faut que cette autonomie soit développée au niveau de l’enseignement supérieur pour que ces personnes ne s’attendent pas à bénéficier de mesures une fois dans leur emploi. Sur le site internet, l’UdeS indique que : « Toute personne étudiante qui souhaite bénéficier de mesures d’accommodement doit initier la démarche en communiquant avec le Programme pour l’inclusion des personnes étudiantes en situation de handicap de l’Université de Sherbrooke le plus tôt possible avant le début des cours. »
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