Qui dit arrivée du printemps dit session d’été pour bon nombre d’étudiants. Si pour certains l’idée d’étudier pendant la saison estivale semble être une épreuve impossible à surmonter, pour d’autres c’est synonyme de 4@7 et de 5@8, moment de la semaine qui les aide à survivre, à se plonger dans leurs livres malgré la chaleur, le soleil et autres joies de l’été qui les appellent.
Par Emanuelle Boutin
D’où vient ce concept?
5@7. Happy hour. L’apéritif. Aperire, qui veut dire ouvrir. Ouvrir quoi? L’appétit, la soirée… Si le mot est d’origine latine, d’où vient l’idée de se rassembler et de boire quelques verres avant l’heure du repas? Comme le sont nos esprits après ces moments de détente, les origines de l’apéritif sont assez floues. Certains disent que c’est apparu environ dans les années 1700, en France, avec l’utilisation de l’absinthe – boisson à la couleur verte parfois intimidante et aux vapeurs alcoolisées paralysantes – comme remède pour à peu près tous les maux. C’était prescrit de prendre le liquide avant le repas afin de soulager les maux d’estomac et de prévenir les problèmes de digestion. La femme du Docteur Ordinaire, médecin qui a popularisé l’utilisation de ce remède, aurait une fois servi à ses convives l’élixir secret avant le repas. De là, la tradition de boire un verre alcoolisé avant le repas serait née, se serait popularisée et se serait répandue jusqu’en Amérique.
Les Italiens, plus précisément les Turinois, s’approprient aussi les débuts de cette tradition arrosée. Ce serait eux les premiers à avoir commencé à consommer le vermouth, créé par Antonio Benedetto Carpano, avant le repas, dès 1786. La boisson aurait été créée à Turin à partir de vin blanc et d’infusion de différentes herbes et épices. Elle était dédiée aux femmes, considérée comme une boisson plus féminine que le vin rouge. Le breuvage est vite devenu populaire et est d’ailleurs toujours commercialisé aujourd’hui sous la marque Carpano.
D’autres laissent entendre que la période entre cinq et sept heures était réservée aux hommes qui traversaient la frontière pour aller dans les maisons closes pour ensuite rapidement rentrer dans leur foyer, à temps pour le repas. Cette version, bien qu’amusante, semble peu plausible.
Du côté de l’Amérique
Finalement, les Américains, eux aussi, prétendent être les instigateurs du happy hour. En 1920, la consommation d’alcool dans les établissements publics était interdite. Avec cette interdiction, des gens ont commencé à se rassembler pour boire quelques verres et pour discuter tranquillement. Le nom serait apparu dans une publication du journal Saturday Evening Post, racontant la vie des marins à l’époque, lesquels inséraient dans leur horaire des moments de détente souvent arrosés de quelques boissons.
Un rassemblement populaire
Si son histoire est changeante, le résultat, lui, est demeuré le même à travers les années : rassembler les gens, favoriser la communication (ou pas!) entre ses participants puis être un moment de détente dans le tourbillon de la vie quotidienne – travailler, étudier, manger, dormir. En fait, ces moments font partie des rares occasions aujourd’hui où les gens échangent vraiment, où le regard est encore plongé dans celui de l’autre plutôt que sur un écran, où il y a un réel plaisir, une joie sincère dans les yeux des gens. Les 4@7 et les 5@8 font partie de ces moments qui demeurent vrais, authentiques et véritables.
Enfin, que la tradition des 4@7 ou des 5@8 vienne de l’Italie, de la France où des États-Unis, l’important c’est que ces moments accordés à la détente, à l’échange, aux conversations sérieuses et moins sérieuses soient les meilleures heures de votre été, soient des moments de liberté et demeurent des souvenirs intarissables.