Par Emmy Lachance

Le phénomène du dopage intellectuel est de plus en plus répandu dans les institutions d’enseignement postsecondaires. De nombreux étudiants admettent avoir recours à des psychostimulants sans ordonnance afin d’améliorer leur concentration et leurs performances scolaires. On a discuté avec quelques étudiants qui ont consommé ces substances afin de mieux comprendre leur réalité.
Le dopage intellectuel consiste en la consommation de médicaments par des personnes qui n’ont pas d’ordonnance, non à des fins médicales, mais pour améliorer leur performance cognitive. Les personnes concernées consomment des médicaments qu’on appelle souvent psychostimulants (Ritalin, Vyvanse, Adderall, etc.), qui sont prescrits afin d’aider à traiter les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H).
Un phénomène répandu
En 2015, une enquête menée à l’Université de Montréal a révélé que 5 % des 400 étudiants universitaires sondés avaient consommé des stimulants pharmaceutiques. Dans l’intention d’améliorer leur performance, et ce, sans diagnostic justifiant cette utilisation. Une autre étude de 2021, faisant la synthèse de 48 enquêtes menées dans différents pays, dont le Canada, révélait qu’entre 6 % et 20 % des étudiants avaient consommé des médicaments dans le but d’améliorer leurs performances cognitives.
Des témoignages d’étudiants
*Pour garantir la confidentialité, on a attribué des noms fictifs aux étudiants interviewés.
Thomas est étudiant à l’Université Laval. Il ingère du Vyvanse, pour réussir à terminer ses travaux avant la date de remise : « J’utilise des amphétamines parce que je suis dernière minute dans mes travaux scolaires, alors je fais des séances intenses de rédaction, souvent la veille ou la surveille [sic] de la date de remise ».
Pour sa part, Julie a commencé à consommer des psychostimulants parce qu’elle remarquait qu’elle performait moins bien que ses pairs à l’université, malgré ses efforts. Le coût et la disponibilité des tests cognitifs professionnels étaient également un enjeu : « Tout le monde excellait, et j’avais beau étudier deux fois plus qu’eux, mes résultats n’augmentaient pas. […] Par connaissance, je savais qu’un vrai test de diagnostic pouvait être dispendieux. […] J’ai donc été vers la solution facile d’acheter des pilules à des amis. »
Raphaël, quant à lui, remarque des effets positifs sur sa concentration en classe : « J’ai commencé à aimer mes cours, car j’étais capable d’abord de les écouter et de m’investir, de faire mes travaux plus efficacement et de meilleure qualité ».
Les étudiants questionnés se procurent les médicaments auprès de leurs amis et de membres de leur famille qui ont des prescriptions. Certains mentionnent avoir échangé les médicaments contre des services, alors que d’autres disent en avoir acheté à un prix variant entre 10 $ et 20 $ pour 50 pilules.
Bien que l’utilisation de ces substances puisse être tentante, les professionnels de la santé mettent les étudiants en garde. Selon Santé Canada, la consommation inappropriée de psychostimulants augmente les risques d’hypertension, d’épisodes psychotiques, de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux, en plus des risques de dépendance. Il est donc important de consulter un professionnel de la santé en cas de difficultés de concentration ou d’apprentissage.
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