Par Laurie-Anne Pelletier et Rodrigue Turgeon
.
Ici à l’Université de Sherbrooke se sont déroulées, il y a de cela quelques mois, des activités sortant de l’ordinaire, où jeux hilarants, défis d’équipe et soirées rassembleuses étaient à l’honneur. Ce topo sur des rectifications apportées aux activités de beurrage se veut un hymne au début de la conscientisation des étudiants.
.
L’estudiance en mouvance
À la Faculté de droit, les membres du Comité d’Intégration et d’Accueil (CIA), en toute unanimité, ont littéralement fusionné avec la réalité. Pour le groupe, nul besoin d’être «scotchtapé» devant cent-cinquante-treize documentaires de Greenpeace sur le gaspillage alimentaire, les paupières écarquillées par des cure-dents, pour être conséquent: «L’objectif recherché par [les intégrations] n’est pas la puanteur des participants, mais plutôt de leur donner la chance de lâcher leur fou et de leur offrir une expérience unique».
Pour faire ça court, au lieu des sempiternels condiments, ils optèrent pour du sable, de la terre, de l’herbe. À la place de vider des centaines de litres de ketchup sur la tête des initiés en file indienne, ils inventèrent un jeu de kick-ball au ballon huileux et aux coussins boueux où «chacun est amené à jauger personnellement son degré de salissage [sic].»
On a assisté sensiblement au même conte enchanteur à la Faculté des sciences de l’activité physique (FaSAP), où l’on a tout simplement remplacé la session de beurrage pour une Bootcamp race. Sales étaient-ils? Un euphémisme, diantre!
Il ne faudrait pas passer sous silence l’interventionnisme héroïque de Véronique Thivierge, membre du comité d’intégration de l’Association générale des étudiants de réadaptation (AGER), qui a sauvé, à quelques heures de l’irréversible gaspillage, des dizaines de contenants de condiments et bon nombre de sacs d’avoine. Au lieu de servir de pâture aux goélands, ils seront redistribués à des œuvres de bienfaisance.
.
Félicitations
Humbles, les membres du comité CIA reconnaissent que les résultats de sondages des années précédentes et que leurs échanges avec la direction facultaire leur ont permis de s’assurer du bien-fondé du chambardement traditionnel qu’ils s’apprêtaient à commettre. Dans les faits, ils ont constaté que leur idée ravissait les nouveaux venus. «Tout le monde avait le sourire aux lèvres et personne n’était très propre», se remémore leur président, Gabriel Bérubé-Bouchard.
Me Éliane-Marie Gaulin, secrétaire de la Faculté en droit et chargée de superviser les activités d’intégration, tenait à féliciter les membres de ce comité pour leur lumineux changement de garde. «Les changements de culture se font progressivement et doivent, pour susciter l’adhésion, provenir des étudiants eux-mêmes. Cette année, j’ai réellement senti que le comité organisateur adhérait à l’idée d’un «virage vert» et les efforts doivent se poursuivre en ce sens.»
À l’instar du vigoureux Bérubé-Bouchard, celle-ci se déclare plus que confiante de voir cette nouvelle pratique plus écoresponsable se répéter en 2016.
.
Pour les curieux
En s’abstenant de disposer des précieuses ressources naturelles comme s’il s’agissait d’immondices, les vaillants organisateurs ont contribué à réduire l’accumulation dans les décharges. Moindres déchets organiques veut dire moindres émissions de gaz à effets de serre inutilement produits par notre frivolité de début d’année. Ces impacts concrets ne sont évidemment pas tous observables à l’œil nu dans l’instantané. Peut-être est-ce pourquoi ce type d’enjeux prend du temps à se faire défendre ardemment par une majorité. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture nous propose d’ailleurs un aussi charmant qu’instructif vidéo qui présente le long processus de la production alimentaire et ses enjeux.
Empreinte écologique du gaspillage alimentaire – Youtube
On y apprend que «28 % des terres agricoles mondiales qui sont utilisées pour des cultures sont gaspillées, cela correspond à la superficie de la Chine, de la Mongolie et du Khazakstan mises ensemble.»
.
Perpétuation
Les comités organisateurs des différentes associations étudiantes de l’Université sont pour plusieurs actuellement en période de recrutement. Ils sont à la recherche de gens motivés ayant envie de s’impliquer dans des projets remarquables dont celui de l’intégration des nouveaux élèves de l’année qui suit. Si l’organisation, l’innovation et l’amélioration continuelle des activités étudiantes t’intéressent, implique-toi dès maintenant. Chaque petit geste compte.
© Photo Voltaic