Quelques-unes des œuvres d’art sur notre campus sont plutôt méconnues. Nous passons pourtant devant chaque jour, sans vraiment savoir de quoi il s’agit. Nous vous invitons donc à explorer le campus sous forme d’une véritable exposition à ciel ouvert.
Par Alex Baillargeon et Vanessa Racine
La Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics a été instaurée au début des années 80 faisant en sorte qu’il faut, lors de la construction d’un édifice ou d’une place publique, investir 1 % des frais encourus pour la création artistique. Ce faisant, les campus et sites de l’Université de Sherbrooke comportent une multitude d’œuvres que vous côtoyez chaque jour sans peut-être même savoir qu’elles existent, et ce, même depuis la construction de certains bâtiments. Petite visite d’une brève sélection d’art sur les campus.
Une œuvre qui demeure « sans titre », et très probablement méconnue par presque tous, date de la construction du Pavillon central en 1964, où des tuiles dorées, toutes émaillées à la main, ornent les murs latéraux du Carrefour de l’information. Selon la coordonnatrice des expositions et de l’animation à la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke, Suzanne Pressé, « la couleur dorée de chaque brique est venue suite à la cuisson de la terre ». De l’artiste réputé de la céramique Claude Vermette, l’œuvre peut être vue complètement par l’escalier central du Pavillon Georges-Cabana (B1).
Entre le Pavillon de la vie étudiante et la Faculté des sciences, on trouve un gros caillou. À première vue, rien de bien artistique : ce n’est qu’une roche. Par contre, si on prend le temps de l’observer, on constate que sa surface est parcourue d’une série de trous. L’œuvre 6 serpents de Bill Vazan en 1989 s’inspire du courant land art. Le land art est une tendance de l’art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). Approchez-vous donc de cette roche. Vous y verrez alors le rapport de l’être humain avec le cosmos, qui met en évidence les détails et les irrégularités de la nature.
Transportons-nous sur le Campus de la santé où l’œuvre de 2,3 mètres, Équilibre fragile de Gilles Larivière, a été acquise en 1991. En laiton soudé sur une dalle en béton armé, la sculpture évoque un être humain et une représentation symbolique d’un embryon par la forme circulaire qui représente également notre évolution. L’homme userait ainsi de sa force et de ses connaissances afin d’aider le nouvel être biologique. Rendez-vous au Pavillon de l’animalerie à la Faculté de médecine (Z4) pour contempler cette œuvre.
Le Souffre des dieux est une installation imposante créée en 1998 par François Mathieu, qui est directement installée dans le hall d’entrée de la Faculté de génie (C1). Bois, acier, cuir, béton et fer forgé s’unissent dans cette œuvre. Il s’agit en fait d’un savant mélange de principes physiques et d’art; des roulements à billes plus grands que nature, des engrenages complexes et une intégration des vents. La légende veut que lorsque le vent souffle dans une première hélice, il actionne un système d’engrenages, qui à son tour actionne une nouvelle hélice qui propulse l’air à travers une trompe en toile, ce qui a pour effet de faire osciller l’indicateur de l’humeur des dieux. Cette installation a en effet sa place dans la Faculté de génie, qui se voue à la démystification de la science.
La fameuse sculpture en quatre parties qui trône au-dessus de l’entrée principale du Centre culturel s’intitule Stage. De gauche à droite, il est possible de percevoir des postures et des parties d’anatomie en mouvement. Un effet qui représente les déplacements d’un corps dans son éclat devant une foule de gens. L’ayant réalisé en acier inoxydable, le créateur John Francis s’est inspiré du corps humain et des actions qu’il fait et fera dans le temps. Stage a été acquis en 1998 grâce au programme d’intégration des arts.
Ondes et Rides est une œuvre réalisée en deux parties par Sylvie Cloutier en 2000. Ondes, une œuvre composée principalement d’aluminium, est placée à l’entrée de la Faculté d’administration (K1). La fluidité de cette sculpture nous porte d’un bout à l’autre de celle-ci, qui est composée de trois volumes successifs de différentes grosseurs. Rapprochez-vous, vous y verrez le granit, au sol, prenant la forme de racines s’éloignant de la sculpture. Rides, un bas-relief, se trouve dans le hall principal de la même faculté. Elle est composée de cinq toiles en frêne de textures différentes qui représentent l’ondulation de l’eau. Quand on regarde de plus près, on peut même apercevoir des effets de gouttes sur certaines pièces de bois ainsi que des visages dessinés à l’aquarelle.
D’une hauteur de sept pieds, Le premier printemps de Pierre Tessier date de 2007. Cette sculpture « représente la première pousse d’une plante lorsqu’on met une graine en terre », selon Suzanne Pressé. Sous les thèmes du dynamisme, de la créativité, du caractère évolutif, de la nouveauté et de la découverte, l’œuvre de Tessier se veut comme représentative d’une forme de vie qui s’organise et qui évolue. Composée de pierre granitique, de bronze et d’acier inoxydable, Le premier printemps est visible au Pavillon des sciences de la vie (D8) de la Faculté des sciences sur le Campus principal.
Aujourd’hui, la collection de l’Université de Sherbrooke compte environ 1700 œuvres, réalisées pour la plupart par des artistes québécois, exposées sur les trois campus. À cela s’ajoute le Fonds André Le Coz, un fonds de 100 photographies et de 120 000 négatifs. En somme, la collection est l’une des plus imposantes en milieu universitaire au Québec et représente une exposition permanente que nous avons la chance de côtoyer chaque jour un peu partout dans notre ville universitaire. Profitez de ce qui vous entoure!
« À travers l’œuvre d’art, l’humain se manifeste. À travers les signes et les symboles, il est reconnu et se reconnaît. »