Par Jonathan Asselin
On a tous déjà croisé une personne qui demandait de la nourriture ou de l’argent. Sinon, une personne assise sur un trottoir, adossée à un building, qui brandissait un carton sur lequel étaient griffonnés des mots qui nous expliquaient ses besoins. « No money, no home. » On les ignore souvent, on leur donne parfois de l’argent, on oublie trop souvent que ce sont des humains.
Pendant la semaine du 13 au 18 mars, huit étudiants de l’Université de Sherbrooke se sont prêtés au jeu et ont vécu cinq jours dans la peau d’une personne itinérante. À l’occasion de la septième édition de l’événement Cinq jours pour l’itinérance, ces étudiants ont dû se limiter à ce qu’on leur donnait. Ils n’avaient pas le droit d’acheter de nourriture. Pas le droit de se laver. Pas d’accès à la technologie. Ils n’avaient droit à rien d’autre qu’un sac à dos et aux vêtements qu’ils portaient. Bien sûr, ils avaient accès aux bâtiments de l’Université pendant le jour (ils étaient d’ailleurs tenus de se présenter aux activités auxquelles ils et elles étaient inscrits et inscrites), mais devaient tout de même passer la nuit à l’extérieur.
Le lendemain de leur toute première nuit sur un sol cimenté, j’ai pu interviewer deux étudiants : Louis-Pierre Bélanger-Fleury (médecine) et Marie-Ève Bolduc (psychologie). Les deux semblaient assez en forme, malgré la nuit qui a semblé assez courte. Louis-Pierre a abordé la difficulté de se trouver une position confortable pour dormir sur le béton, et a avoué avoir eu un sommeil assez précaire.
Au réveil, n’ayant pas le droit de rentrer chez eux pour se faire un bon café et un petit déjeuner, les étudiants se sont rendus à la station d’autobus où les étudiants affluaient, afin de quémander ce qui allait devenir leur premier repas de la journée. « C’était difficile de se lever et de devoir aller quémander pour trouver de quoi se nourrir », me dit Marie-Ève. Leur récolte n’a d’ailleurs pas été très fructueuse, ce matin-là. Lors de notre rencontre, en après-midi, Louis-Pierre trimbalait quand même une boîte de craquelins au fromage. « Ces choses-là, on les partage avec les autres », m’a-t-il dit. C’était beau de voir l’esprit de partage briller derrière cette phrase toute simple. Ils m’ont tous deux dit qu’ils avaient faim, mais savaient que les autres seraient sans doute heureux qu’ils partagent ce jackpot avec eux.
En plus de devoir trouver de quoi se nourrir eux-mêmes, les participants des Cinq jours pour l’itinérance ramassaient des dons en argent et en denrées non périssables qu’ils allaient remettre à différents organismes. « Beaucoup de gens n’avaient pas de monnaie sur eux », m’expliquait Louis-Pierre. Outre ces difficultés de tous les jours, les étudiants impliqués ont participé à plusieurs activités. Ils se rendaient par exemple à la Chaudronnée pour y vendre le Journal de rue ou échangeaient des suçons et des carrés de Rice Krispies contre des dons.
Le but de cet événement était de sensibiliser les gens à la réalité de l’itinérance, en plus d’amasser de l’argent pour la cause. Grâce aux étudiants impliqués l’année passée, 4100 $ avaient été amassés. Cette année, l’objectif était de 5000 $. Au moment d’écrire ces mots, les résultats n’ont pas encore été dévoilés.
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