Par Sarah Gendreau Simoneau
Le monde aujourd’hui, et ce depuis tellement d’années, tend à montrer un idéal de corps que tout un chacun devrait avoir. D’un autre côté les messages de body positivity inondent les réseaux sociaux et les magazines. Les pilules miracles et la culture des diètes sont encore très populaires, mais l’alimentation intuitive est de plus en plus encouragée. Qu’en est-il de ce mode de vie?
Manger à sa faim. Écouter son corps. Avoir le plaisir de manger. Manger ce dont son corps et sa tête ont envie. C’est ce qu’inclut l’alimentation intuitive.
Les régimes
Premièrement, tout le monde sait que les régimes ne fonctionnent pas. Selon Karine Gravel, nutritionniste clinicienne et autrice du livre De la culture des diètes à l’alimentation intuitive, « on se limite souvent à mentionner la reprise du poids qu’on a perdu après avoir suivi ces diètes, mais les conséquences sur la relation avec la nourriture sont dommageables. Le fait de suivre des règles alimentaires imposées par les diètes amaigrissantes risque aussi de nous déconnecter de nos vrais besoins ».
Selon les données de l’Association pour la santé publique du Québec, la plupart des personnes qui ont recours aux produits, aux services et aux moyens amaigrissants souhaitent perdre du poids afin de satisfaire une idée esthétique. En véhiculant des mensonges, la culture des diètes fait vivre un sentiment d’échec chaque fois que les gens cessent une diète et reprennent le poids perdu. Ce n’est pas sain, autant physiquement que psychologiquement, que de s’imposer des régimes et des moyens très peu concluants pour ressembler à d’autres qui, dans la tête des gens, ont un corps parfait. La perfection n’existe pas.
Les mauvais aliments
Bien sûr, comme madame Gravel le mentionne dans son livre, certains aliments sont plus nutritifs que d’autres. Par contre, un aliment bon ou mauvais, ça n’existe pas vraiment. Tous les aliments sont bons, l’important, c’est la variété et la modération. Faire un classement des aliments bons ou mauvais n’améliore pas la relation qu’ont les gens avec la nourriture. Également, ce qui peut paraître bon pour une personne ne l’est pas nécessairement pour tout un chacun.
« Tous les aliments souhaités devraient avoir leur place dans notre alimentation. Ce sont plutôt les quantités excessives et l’absence de variété alimentaire qui peuvent devenir un problème », explique Karine Gravel. Dans la Vision de la saine alimentation pour la création d’environnements alimentaires favorables à la santé publiée en 2010 par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, il y est expliqué que « l’alimentation doit être évaluée dans son ensemble, et non en fonction d’un seul aliment ou d’un seul repas. Une alimentation saine peut donc comprendre une grande variété d’aliments qui se situeront, sur un continuum, de peu ou pas nutritifs à très nutritifs ».
C’est pourquoi l’alimentation intuitive est d’autant plus plaisante et bénéfique pour notre corps et notre cerveau.
Qu’est-ce que l’alimentation intuitive?
C’est une approche positive de l’alimentation avec pour objectif l’amélioration de la relation de toute personne qui pratique cette approche avec la nourriture et avec son corps. Manger intuitivement fait en sorte d’être plus attentive ou attentif aux aliments, à ses émotions, à son niveau d’énergie, à sa faim, à son rassasiement et à ses plaisirs alimentaires.
C’est au milieu des années 1990 que deux nutritionnistes américaines, Evelyn Tribole et Elyse Resch, ont élaboré dix principes pour mieux percevoir et satisfaire ses besoins, tout en atténuant les croyances et les pensées qui perturbent la relation avec la nourriture. Les voici : rejeter la culture des diètes, honorer sa faim, faire la paix avec les aliments, cesser de catégoriser les aliments, découvrir le plaisir de manger, considérer sa sensation de rassasiement, vivre ses émotions avec bienveillance, respecter son corps, ressentir les bienfaits de l’activité physique et honorer sa santé et ses papilles gustatives.
Tout le monde peut bénéficier de l’alimentation intuitive, pas seulement les gens qui sont préoccupés par les aliments ou leur poids. C’est un principe qui peut s’apprendre graduellement pour une personne qui n’a jamais vraiment suivi son instinct alimentaire.
Une pratique bienfaisante
Plusieurs bienfaits scientifiquement démontrés ressortent de la pratique de l’alimentation intuitive sur la santé physique et mentale des gens dans les dernières années. Un exemple expliqué dans le livre de madame Gravel est que plus les gens adhèrent aux dix principes de l’alimentation intuitive, moins ils risquent d’avoir de l’embonpoint et de l’obésité et plus leur indice de masse corporelle (IMC) tend à être faible, même si ce n’est pas le but de l’approche.
« De plus, on risque moins d’avoir des préoccupations à l’égard du poids, de l’insatisfaction corporelle, des symptômes dépressifs, des désordres alimentaires, des comportements alimentaires restrictifs, de l’anxiété concernant les aliments, de même que des préoccupations concernant le contenu nutritionnel des aliments », exemplifie Karine Gravel.
Petits trucs, grande satisfaction
Voici quelques trucs pour apprivoiser l’alimentation intuitive. Il faudrait pouvoir se questionner avant et après les repas pour mieux se connecter à son corps et apprendre à se connaître; se demander avant le repas si on a vraiment faim ou si ce n’est que de l’ennui et se demander après le repas si le corps a assez mangé, s’il se sent trop plein. Il faut également prendre le temps de savourer les aliments. Autre truc, prendre le temps de s’asseoir tranquille devant sa nourriture, sans distraction permet de se brancher sur son corps, de mieux comprendre les signaux qu’il envoie et de plus apprécier ce que le corps ingère.
En bref, si vous voulez manger intuitivement, mangez ce que vous voulez, quand vous le voulez, à l’endroit que vous le voulez. Tout réside dans la modération et la variété. Il ne faut pas non plus manger intuitivement en restant assis sur le canapé toute la semaine; bouger reste un des principes de base pour être en santé physique et mentale.