Par Jasmine Godbout
Rêveurs, aventureux, gens de groupe, passionnés : voilà quelques caractéristiques communes aux étudiants en Intervention plein air. Ce domaine, qui rallie les bienfaits du plein air, le dépassement de soi, la santé, et le plaisir, prend sa place au Québec. Éducation, intervention thérapeutique, gestion logistique en milieu éloigné, guide d’aventure et gestion de risques sont des plans sur lesquels s’axe le secteur en expansion. Entretien et tour d’horizon.
1re avenue : entrepreneuriat
Ex-étudiant et propriétaire du centre d’entraînement Engrenage – biomécanique générale à Chicoutimi, Étienne Booth partage au Collectif son expérience et ses acquis. Après avoir fait une demande dans trois programmes universitaires tout à fait distincts, Étienne, qui se qualifie « d’un peu rêveur », a choisi de poursuivre ses études à l’Université du Québec à Chicoutimi au baccalauréat en intervention plein air. C’est à la suite d’un programme de 3 ans, à l’époque, qu’il a gradué en 2008.
Pourquoi ce programme plus qu’un autre?
En revenant de voyage, j’ai trouvé le programme comme une rampe de lancement dans le plein air et les grandes expéditions. Les gens, l’ambiance, le fait de pouvoir combiner études et aventure, en plus d’acquérir des compétences techniques, m’a appelé; c’était fait pour moi.
J’ai particulièrement aimé les cours de ski hors-piste et de vie en plein air l’hiver. C’était though, un défi intéressant : pas de feu, pas de refuge. Le cours à option de psychologie sportive, le plus approfondi que j’ai suivi, m’a appris la mentalité d’un leader et la motivation. Les cours de base sur le campement, entre autres, m’ont servi.
Dans ce cas, j’imagine que tu le conseilles à un certain type de personnes.
Oui. En fait, je conseille à ceux qui aiment les activités de plein air de ne pas nécessairement s’inscrire. Si quelqu’un veut faire du kayak de mer, il devrait suivre les formations de kayak de mer. En fait, le milieu du tourisme au Québec n’est pas particulièrement bien payé et ça peut devenir redondant. Par exemple, observer les baleines à Tadoussac quatre fois en une journée, ce n’est pas pour tout le monde.
Au baccalauréat, on apprend à développer des compétences et les appliquer dans d’autres contextes et domaines d’expertise. Que ce soit créer et gérer un parc régional comme la Vallée-bras-du-Nord ou mettre en place une fondation de plein air comme Sur la pointe des pieds, il y a plein d’avenues possibles.
Alors pourquoi l’entrepreneuriat, pourquoi ouvrir un gym?
Il y a deux raisons. Premièrement, pour ne pas avoir à travailler pour quelqu’un d’autre, faire la même affaire et me lever à 8 h du matin chaque jour. Deuxièmement, la liberté de pouvoir appliquer mes compétences dans le domaine. Je voulais travailler dans quelque chose qui a du sens pour moi et pour les autres.
As-tu des conseils à donner pour le baccalauréat et pour la suite?
Pendant, il faut se concentrer sur ses intérêts et profiter de l’environnement offert, de la motivation du groupe, et s’enligner vers son domaine préféré. Comme dans tous les programmes, on ne devrait pas se limiter aux cours et aux gens du bac, mais élargir ses sources d’apprentissage et de rencontres, bien que l’intégration au groupe soit primordiale.
Pour la suite, il n’y a pas de bonne réponse. Il faut se diriger envers ce en quoi on a un peu d’intérêt, l’essayer et s’ajuster. Il ne faut pas avoir peur de se lancer. En tant qu’auxiliaire et chargé de cours au Département des sciences humaines et sociales à l’UQAC à l’occasion et accompagnateur au 18 jours de plein air au Cégep de l’Outaouais, je côtoie des cégépiens et des universitaires.
Et il y a une question qu’ils devraient se poser : « Comment je peux utiliser ce que je suis pour faire avancer le monde et résoudre un problème plutôt que me demander quel métier je veux faire? » Ça fait des gens plus engagés, plus heureux et… moins perdus!
Toi, comment penses-tu faire une différence dans la vie des gens?
La réponse évidente avec le gym est de créer un environnement sain d’entraînement et de mise en forme. Mais le plus important je crois, c’est d’arriver à intégrer l’entraînement dans sa vie quotidienne, d’affronter autre chose. L’aspect psychologique, vouloir s’améliorer et progresser nous fait réaliser que c’est en mettant du nôtre qu’on va atteindre nos objectifs. Il y a des gens qui viennent et qui ne pensaient jamais pouvoir soulever tel poids par exemple, mais ils réussissent à se dépasser, à sortir de leur zone de confort et à appliquer cette mentalité-là tous les jours.
2e avenue : Intervention et expérience valorisante
Virginie Gargano, enseignante en travail social et en Intervention plein air au Département des sciences humaines et sociales de l’UQAC, détient une maîtrise et un doctorat dans ce domaine d’intérêt sur lequel elle se penche depuis plus de 15 ans. En entrevue à l’émission Les Éclaireurs de Radio-Canada en décembre 2018, elle discute de l’intervention comme telle. Résumé et éléments de cette rencontre seront soulevés ici.
À vrai dire, les finissants du bac mentionnés ci-haut n’ont pas les compétences nécessaires pour effectuer de la thérapie. Ceux qui le peuvent ont un autre parcours en sciences humaines et sociales; ils viennent s’outiller soit au DESS ou au bac.
La thérapie s’explique par changement de comportement chez les personnes, souvent avec des particularités, en expédition. Des bénéfices psychosociaux (communication, leadership) seront obtenus par la nature et l’aventure. L’objectif est d’« intervenir de façon différente. L’approche est centrée sur la force des participants », présente l’enseignante.
En fait, les activités et les interventions sont créées sur mesure selon la clientèle (délinquance, consommation, santé mentale, cancer). Virginie soulève que les expéditions peuvent durer entre 3 et 20 jours et proposent diverses activités : raquette, traîneau à chien, escalade, canot, etc. Tout est possible selon le besoin d’adrénaline et les défis à relever pour interpeller adéquatement les personnes.
Bien qu’il y ait une reconnaissance des bienfaits de la thérapie, soit quant au fonctionnement social, académique, familial ou à la diminution de consommation, il reste encore à savoir quoi mettre en place selon les effets psychosociaux, selon elle, et à produire des études dans un domaine qui existe depuis 50 ans.
Déficit nature
Les effets néfastes de la déconnection contemporaine avec l’environnement sont prouvés. L’intervenante montre qu’« on veut faire appliquer les apprentissages au quotidien », soit en lien avec l’estime de soi, soit en camping ou à l’école ou autres.
Une connaissance du milieu et des particularités de la clientèle est nécessaire pour travailler dans ce domaine en développement. L’accessibilité et l’encadrement sont aussi des enjeux actuels.
Programmes semblables
Bien que le baccalauréat soit fort probablement la formation la plus complète offerte aux Québec, s’inscrire dans d’autres programmes semblables est aussi possible. Diverses avenues existent pour devenir guide d’aventure, que ce soit la technique de Tourisme d’aventure ou l’Attestation d’études collégiales (AEC) en Guide de tourisme d’aventure du Cégep de la Gaspésie.
Des cours de secourisme, de canot, de ski de randonnée, parmi tant d’autres, permettent à l’étudiant de terminer son programme avec de nombreuses certifications reconnues. D’autres cégeps québécois offrent des possibilités similaires. Plus d’informations se trouvent sur leurs sites Web respectifs si le goût d’aventure et le plein air vous interpellent autant que les bancs d’école!
Exemple vidéo Le Grand Chemin
Article de Virgine Gargano
Crédit Photo @ Étienne Booth