Donner du sens à la recherche par la bande dessinée

Par Maria Camila Gallego  

Passionnés de bande dessinée depuis leur enfance, les enseignants Olivier Robin et Benoît Leblanc sont les coéditeurs du recueil Dessine ta science, qui rassemble 25 bandes dessinées produites par des membres de la communauté universitaire. Ils sont également les créateurs du cours Communication scientifique par la bande dessinée (EFD919) , offert aux étudiants du 3e cycle de toutes les disciplines. L’idée? Vulgariser la recherche et la présenter sous forme d’histoire en bande dessinée. 

C’est lors d’un voyage en France qu’Olivier Robin découvre Ma thèse en 2 planches, qui présente des adaptations en bande dessinée des prestations du concours Ma thèse en 180 secondes. Ce concept, imaginé par le spécialiste en vulgarisation Nicolas Beck en France, attire immédiatement l’attention de M. Robin : « Quand tu fais du contenu vulgarisé, tu n’as pas le choix d’être intéressant, de raconter une histoire. Et une bande dessinée, c’est avant tout une bonne histoire », lance-t-il. Appuyé par le vice-rectorat de l’Université de Sherbrooke, il fait appel à son collègue bédéiste et chargé de cours en biologie, Benoît Leblanc, pour créer un nouveau cours qui permet d’amener cette forme de vulgarisation à la communauté étudiante.  

La bande dessinée à la rencontre de la science  

Les scientifiques sont généralement formés pour rédiger des articles dans une pensée très rationnelle; la bande dessinée permet donc d’explorer de nouvelles façons de vulgariser la science. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de savoir dessiner pour embarquer dans le projet : « Dans le cadre du cours, on peut faire des choses très simples avec plusieurs outils. Il y a moyen de pallier le manque d’une formation classique en dessin et de faire une très bonne bande dessinée », explique Benoît Leblanc. « Le processus le plus long est de trouver l’histoire. Une fois que tu as l’idée, le reste est facile », renchérit Olivier. 

Retrouver le « pourquoi » derrière la recherche 

Pour Julie Frion, étudiante au doctorat en biologie, le cours Communication scientifique par la bande dessinée est arrivé à un moment creux de son parcours, où elle avait parfois l’impression de perdre le « pourquoi » de la recherche. « On fait de la science pour que ça serve à la population, mais si on garde ça entre spécialistes et que les autres ne comprennent pas, on perd beaucoup d’intérêt », lance-t-elle. Ayant toujours aimé dessiner, elle a été très interpellée par l’idée de combiner la science à un médium artistique. 

Le cours est bâti sous forme d’ateliers où les étudiants ont l’occasion d’échanger avec les autres sur leur travail. « J’ai compris l’importance de discuter avec des gens pour mieux vulgariser, explique l’étudiante au doctorat. Au début, je voulais inclure beaucoup trop d’informations, et grâce aux discussions, j’ai vu que je pouvais simplement partir d’une information et bâtir une histoire autour ». C’est ainsi qu’elle est arrivée à son projet Les trésors cachés de l’ADN poubelle, qui vient explorer une partie de l’ADN ayant longtemps été rejetée dans la recherche, mais qui joue pourtant un rôle important dans plusieurs mécanismes du corps, dont plusieurs restent encore à découvrir. L’impact du cours sur Julie a été si marquant qu’elle envisage de poursuivre ses études en communication scientifique après son doctorat. 

Le pouvoir rassembleur de la bande dessinée 

Xavier Mongrain-Lalonde, étudiant au doctorat en génie mécanique, a lui aussi eu l’occasion de prendre part au projet : « J’ai pu développer des analogies efficaces que j’utilise maintenant pour communiquer ma recherche à des gens qui ne sont pas dans le milieu scientifique, comme des membres de ma famille », mentionne Xavier. L’étudiant a décidé de teinter son histoire avec de l’humour, en créant plusieurs blagues tout en gardant un côté sérieux qui retrace la problématique de sa recherche. 

La publication des bandes dessinées dans le recueil Dessine ta science a permis de concrétiser le travail des étudiants, mais aussi d’autres membres de la communauté universitaire, et d’ouvrir la discussion avec la population. Ainsi, Xavier et Julie ont eu l’occasion de participer avec quelques collègues de classe à La journée de vulgarisation scientifique sherbrookoise (JVSS) l’automne dernier au lac des Nations. « J’ai senti un enthousiasme incroyable pour la bande dessinée, mentionne Julie. Une jeune fille de 7 ans est venue me parler et me poser des questions sur la recherche! », s’exclame-t-elle. 

Une tradition en devenir? 

Le premier volume de Dessine ta science, lancé en décembre 2021, a connu un véritable succès. Les 300 exemplaires gratuits ont rapidement été distribués à la coopérative et à deux librairies de Sherbrooke, mais ils demeurent disponibles pour emprunt à la Bibliothèque du Frère-Théodore (sciences et génie) ainsi qu’à la Bibliothèque municipale Éva-Senécal. Les coéditeurs espèrent que ce projet pourra devenir une habitude pour décrire la science effectuée à l’Université de Sherbrooke. « De nouveaux médias permettent de démocratiser la science, de la rendre plus accessible à tout le monde. Je pense que la bande dessinée va s’inscrire là-dedans », conclut Benoît Leblanc. D’ailleurs, les projets de recherche ne manquent pas. Dessine ta science, c’est donc le projet idéal pour partager à un plus grand public les projets innovants qui voient le jour à l’Université de Sherbrooke.  

Les personnes au 3e cycle intéressées par le cours sont invitées à contacter Olivier Robin ou Benoît Leblanc pour plus d’informations.  


Crédit image @ Julie Firon

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