Par Meg-Anne Lachance

La guerre tarifaire entre le Canada et les États-Unis a officiellement commencé. Le président Trump a confirmé, lundi soir, l’entrée en vigueur des tarifs douaniers de 25%. Face à cette annonce, le Canada et ses provinces ont déjà répliqués.
Le Canada n’est pas la seule victime de l’administration Trump. Le Mexique se retrouve elle aussi frappé par des droits de douanes généraux de 25%.
Trump a également déjà prévenu de l’entrée en vigueur d’une autre vague de tarifs, sur les secteurs de l’acier et de l’aluminium, prévue le 12 mars prochain. Des tarifs additionnels dits tarifs réciproques – devraient aussi être annoncés le 2 avril.
« En 2025, penser qu’on peut avoir une économie centrée sur elle-même comme il y a 150 ans, je ne peux pas le croire. Un pays ne peut aller en guerre contre tout le monde et penser gagner », a expliqué l’économiste Francis Généreux à Radio-Canada.
« Le Canada exhorte l’administration américaine à revenir sur sa décision d’imposer ces droits de douane, mais demeure fermement résolu à défendre son économie, ses emplois et ses travailleurs, en toute équité. »
Quelques heures à peine après le décret présidentiel, Justin Trudeau a annoncé que le Canada prendrait actions. « On va essayer de trouver une façon de solutionner le tout, de défendre nos »jobs », de défendre notre approche canadienne à travers toute cette imprévisibilité et ce chaos. Nous sommes prêts avec les contre-tarifs », a assuré Mélanie Joly.
Dès l’entrée en vigueur des tarifs américains, le gouvernement fédéral a décrété l’application de contre-tarifs sur une centaine de produit d’une valeur de 30 milliards de dollars. Ottawa prévoit des contre-tarifs supplémentaires dans trois semaines, ceux-ci d’une valeur de 125 milliards de dollars.
En plus de cette réponse, une plainte a déjà été déposé devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Les négociations déjà en cours
« Nous sommes activement engagés dans des négociations pour faire en sorte que ces tarifs ne soient pas trop nuisibles, à court terme, à certains secteurs ou à un grand nombre de travailleurs canadiens et américains », a confié M. Trudeau.
Un appel s’est déroulé entre les deux dirigeants mercredi, pour faire le point sur la situation actuelle. Selon le quotidien américain The Wall Street Journal, les discussions se seraient toutefois « envenimées » et aurait été « ponctuées de grossièretés ». Questionné sur ces affirmations, M. Trudeau a préféré ne pas entrer dans les détails, mais a qualifié les discussions avec M. Trump de « colorées, mais constructives ».
Malgré ces soi-disant tensions, la Maison-Blanche a accordé, mercredi, un mois d’exemption de droits de douane pour le secteur de l’industrie automobile afin d’éviter « les désavantages économiques » pour les constructeurs américains.
« Même si dans l’administration Trump ils aiment beaucoup les tarifs, ils reconnaissent que les tarifs sur l’industrie automobile ou sur d’autres industries vont faire très mal aux Américains », a déclaré M. Trudeau.
Selon lui, cette exemption prouve que les États-Unis ne peuvent pas imposer des tarifs sur le Canada sans « ressentir des impacts extrêmement négatifs sur l’économie américaine ».
Jeudi matin, le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a affirmé que les produits canadiens et mexicains respectant l’ACEUM seraient « probablement » exemptés de droits de douane pour un mois.
« Après avoir discuté avec la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, j’ai convenu que le Mexique ne serait pas tenu de payer de droits de douane sur tout ce qui relève de l’accord ACEUM », a écrit, la même journée, le président Trump sur Truth Social. « Cette entente est valide jusqu’au 2 avril. »
Finalement, quelques heures après cette annonce, Donald Trump a signé un décret qui étend jusqu’au 2 avril l’exemption de droits de douane à d’autres produits canadiens, assujettis aux règles fixées par l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM) et abaissé les droits imposés sur la potasse de 25 % à 10 %.
Au moment d’écrire ces lignes, aucune annonce n’a été fait du côté canadien en réponse à cette suspension.
Les provinces contre-attaquent
Malgré la récente annonce de suspension des tarifs plusieurs provinces ont déjà pris des mesures officielles contre les États-Unis.
En dénonçant le « bordel causé par Donald Trump », le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé sur CNN l’imposition de tarifs de 25% sur les exportations d’électricité vers les États-Unis à compter de lundi. François Legault a par ailleurs menacé de couper l’alimentation ou de tarifer les exportations d’Hydro-Québec vers nos voisins du Sud.
« Je peux vous dire: tous les Canadiens aiment les Américains. C’est un seul individu, le président Trump, qui crée un chaos gigantesque à travers l’Amérique du Nord et, honnêtement, à travers le monde », a dit M. Ford, en entrevue
« Étant donné que les marques américaines ne seront plus disponibles dans le catalogue de la LCBO, grossiste exclusif, les autres détaillants, bars et restaurants de la province ne pourront plus se réapprovisionner en produits américains. » La vente d’alcool américain est suspendue en Ontario et au Manitoba. La Colombie-Britannique a, quant-à-elle, banni l’alcool en provenance d’États républicains.
Dans un communiqué, le gouvernement du Québec a lui aussi emboité le pas, en demandant « de cesser de fournir en boissons alcoolisées américaines les épiceries, les agences, les bars et les restaurants ».
Lors de sa conférence de presse mardi, François Legault a tenu à rappeler que l’importance du Québec pour les États-Unis. « Contrairement à ce que dit Donald Trump, il ne peut pas se passer de l’énergie et des minéraux critiques, notamment l’aluminium. Les États-Unis ont seulement mis un tarif de 10 % sur ces éléments, puisque les Américains produisent seulement 14 % de leur aluminium, alors qu’ils en importent 60 % de chez nous. »
Selon un sondage Léger mené pour le compte de La Presse Canadienne, plus du deux tiers de la population québécois a réduit ses achats de produits américains en raison des tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis.
Crédit : Meg-Anne Lachance

Meg-Anne Lachance
Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!