Sam. Juil 20th, 2024

Par Frédérique Thibault-Lessard

Nombreux ne pourraient s’imaginer traverser la journée sans une bonne tasse de café matinale. En effet, il s’agit de l’une des boissons les plus consommées par les Québécois et Québécoises. Mais qu’arrive-t-il quand cette consommation a un impact direct sur l’environnement? C’est la question que se sont posée les propriétaires de cafés montréalais à l’origine de La tasse, un tout nouveau projet de gobelets réutilisables et consignés.

La scène des cafés indépendants québécois n’est pas étrangère à la communauté étudiante. Qu’on s’y retrouve pour déguster, étudier ou discuter, ces commerces sont des lieux rassembleurs et réconfortants très prisés par les universitaires. Ces établissements cachent toutefois une triste réalité : s’ils sont généralement perçus comme des lieux sociaux et sympathiques, ils possèdent malheureusement une lourde empreinte environnementale. Une partie du problème réside dans le fait que les items jetables utilisés dans ce type de commerce, principalement les gobelets pour emporter, engendrent de fortes pressions écologiques.

En effet, à l’échelle mondiale, on produit environ 500 milliards de gobelets à cafés annuellement. Cette industrie nécessite donc d’énormes quantités de matières premières, d’eau et d’énergie et possède un bilan environnemental peu reluisant. Au Canada seulement, on estime qu’entre 1,5 et 2 milliards de gobelets se retrouvent aux ordures chaque année. Qui plus est, étant composés d’un mélange de papier et d’une fine couche de polyéthylène, un matériau plastique servant à imperméabiliser le produit, ces contenants ne sont pas recyclables au Québec. Ceux-ci sont donc envoyés directement à l’enfouissement, où leur dégradation tarde quelque 150 ans.

La tasse : un concept ingénieux

Le projet de La tasse est né en 2017 au café Oui Mais Non, situé dans le quartier Villeray à Montréal. Constatant la quantité de déchets produits par leur établissement, les propriétaires, désireux de changer les choses, ont décidé d’offrir une tasse consignée à leur clientèle. « L’idée nous est venue parce qu’on était tannés de voir autant de gobelets jetables sortir [de notre établissement] et être jetés après si peu de temps d’utilisation. », explique JP Loignon, co-propriétaire des cafés Oui Mais Non et La Graine Brûlée et co-fondateur du projet de La tasse.

Mais l’initiative ne s’est pas arrêtée là. Après un premier projet-test réussi auprès de leurs cafés Oui Mais Non et La Graine Brûlée, l’équipe décide de pousser l’idée encore plus loin. En s’alliant à l’équipe d’Éco-quartier Villeray et à plusieurs cafés indépendants du coin, ils lancent le projet de La tasse, un gobelet à café réutilisable consigné.

L’idée est simple : les cafés participants à l’initiative offrent à leurs clients la possibilité d’acheter La tasse réutilisable au coût de 5 dollars. Ce gobelet peut par la suite être réutilisé ou retourné dans n’importe quel établissement participant, permettant ainsi à l’usager de récupérer son dépôt d’origine. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de laver La tasse, puisque les gobelets sales peuvent également être échangés contre un gobelet propre.

Afin d’assurer le succès du produit, l’équipe s’est engagée à offrir un esthétisme attrayant et des fonctionnalités réfléchies. Entièrement composé de polypropylène, un thermoplastique résistant et recyclable, le produit proposé est à la fois durable et pratique. Suite à une analyse exhaustive du cycle de vie, il est apparu que La tasse possède une empreinte écologique similaire à celle de 50 gobelets jetables. Ainsi, pour les habitués de cafés, il est possible de rentabiliser l’utilisation du contenant et de réduire son impact environnemental après seulement quelques mois d’utilisation.

Pour perfectionner le concept, les responsables sont encore à la recherche d’un producteur local. JP Loignon explique que, pour l’instant, les seules entreprises offrant un prix convenable et une quantité de production minimale adéquate sont situées en Chine. L’équipe de La tasse est donc toujours à la recherche d’un partenaire local offrant les mêmes avantages.   

Un réseau en croissance

Si elle ne comptait qu’une douzaine de participants au départ, tous situés dans le quartier Villeray, l’initiative a rapidement gagné en popularité. Suite au succès observé à Montréal, l’équipe de La tasse a décidé d’étendre le réseau à l’ensemble du Québec. Ayant récemment terminé avec succès une première période de sociofinancement, le projet compte maintenant 180 établissements participants répartis un peu partout dans la province.

La tasse, qui sera rendue disponible à l’extérieur de la métropole vers la fin du printemps 2019, pourra donc être achetée, par exemple, à Sherbrooke et consignée chez n’importe quel café participant, que ce soit à Montréal, à Québec, ou en Abitibi! En effet, plusieurs commerces et établissements sherbrookois offriront sous peu le fameux gobelet à leurs clients. Parmi les participants, on compte notamment Le Guichet Café à emporter, Les Vraies Richesses, Le Tassé – Café de quartier, Café Aragon, Bistro Kàapeh Espresso et Café Général.

Un mouvement écolo dans le monde du café

Afin de solidifier l’initiative et d’assurer la pérennité du projet, les responsables ont décidé de créer La vague, un organisme à but non lucratif regroupant les différents cafés désireux de diminuer leur impact environnemental. « C’est dans l’air du temps de s’occuper de la planète. En tant que communauté de cafés, il y avait d’autres initiatives qui étaient en train de naître. », mentionne JP Loignon. La mission de La vague, explique-t-il, est de créer un nouveau mouvement de cafés et restaurateurs écoresponsables.

Encore très récente, cette nouvelle organisation a tenu sa première assemblée générale le 1 avril dernier. Parmi les initiatives sous sa tutelle, on compte celui de La tasse, mais également le projet 25 cents, lancé par les cafés Paquebot, visant à responsabiliser les consommateurs en demandant une contribution de 25 cents à l’achat de tout gobelet jetable. L’organisme travaille également sur une trousse écoresponsable permettant d’accompagner et d’outiller les cafés désirant diminuer l’empreinte écologique de leur établissement.


Crédit Photo @ La Tasse

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