Mer. Avr 17th, 2024

Par Andréanne Beaudry

Que la Ville de Sherbrooke accepte d’octroyer 75 000 $ au comité organisateur de la Fête du Lac des Nations est une bonne nouvelle. Puisqu’en décembre dernier, au moment de boucler son budget, ce montant avait été retiré. Cependant, cet investissement ne fait pas le bonheur de tout le monde. Pourquoi, après un premier refus, la ville soutient-elle finalement la Fête du Lac? La Société nationale de l’Estrie, qui organise la Fête nationale, se demande alors comment il faut s’y prendre pour obtenir du financement de la part de la Ville de Sherbrooke.

Une décision qui manque de cohérence

Même si la Société nationale de l’Estrie estime que cet investissement est une « bonne nouvelle pour la culture », elle trouve tout de même cette décision étonnante de la part de la Ville de Sherbrooke. Responsable de la Fête nationale à Sherbrooke, la SNE y voit un manque de cohérence dans cette nouvelle. À quatre reprises, depuis 2015, la SNE a effectué des demandes auprès de la ville pour revoir le financement de la Fête nationale.

Depuis 2015, la Société Nationale de l’Estrie sollicite l’appui des fonctionnaires de la Division des événements ainsi que celui des personnes élues. Le comité avait alors réussi à convaincre la conseillère Chantal L’Espérance (arrondissement no4 – anciennement Jacques-Cartier et Mont-Bellevue) et les conseillers Vincent Boutin et Rémi Demers (arrondissement no2 – anciennement Fleurimont), mais les tentatives n’ont pas porté fruit. C’est alors que la SNE a espéré avoir plus de chance avec les candidats et les candidates de la dernière campagne électorale. Afin de tenir sa promesse, soit le gel de taxes pour réduire les dépenses, le maire n’a cependant pas ouvert le dossier de la Fête nationale à Sherbrooke. C’est pourquoi la SNE se demande comment la Fête du Lac des Nations a réussi à obtenir l’appui de la ville après un seul refus.

Des avis partagés au sein du conseil municipal

Pour la conseillère municipale Évelyne Beaudin, cette décision s’avère injuste pour les autres organismes, comme la SNE. Elle se dit même mal à l’aise avec cette façon de faire. Pour arriver au gel de taxes, la municipalité a dit non au financement de plusieurs organismes, dont la Fête du Lac. Beaudin estime que revenir par la porte d’en arrière, comme le maire Lussier l’a fait, n’est pas la bonne façon de faire. Ce n’est d’ailleurs pas respectueux pour les autres, ajoute la conseillère à la Ville de Sherbrooke.

D’autres ne voient pas d’objection avec la nouvelle décision du maire Steve Lussier. D’ailleurs, le conseiller de l’arrondissement no4, Paul Gingues, affirme que « s’il y a une fête que l’on se doit de préserver à Sherbrooke, c’est bien celle-là ». Marc Denault et Chantal L’Espérance sont du même avis : « C’est la fête des Sherbrookois ». La Fête du Lac des Nations est le plus gros événement à Sherbrooke, par conséquent la ville ne peut pas se permettre de le laisser aller, affirme L’Espérance.

Ce que demande la SNE

Ayant déjà 30 000 $ de la part de la Ville de Sherbrooke pour la Fête nationale, la SNE demande une augmentation du financement de 15 000 $ pour les festivités au parc Jacques-Cartier. Le montant actuel est versé à trois endroits différents : « La fête au parc Chauveau bénéficie de 1 900 $, la fête au parc Nault (Brompton) de 12 150 $ et la fête au parc Jacques-Cartier de 16 265 $ ». L’augmentation que souhaite obtenir la SNE permettra d’améliorer la qualité des spectacles offerts, et ce, au même titre que ceux de la Fête du Lac des Nations.

Sherbrooke : la ville qui investit le moins dans la Fête nationale?

Pour la Fête nationale, les villes octroient un certain montant par habitant pour les différentes festivités. Selon des données de 2016, la ville médiane au Québec investit 0,81 $ par habitant pour la Fête, tandis que Sherbrooke investit 0,18 $. Qu’est-ce qui explique cet écart? La ville se justifie en affirmant qu’elle « n’avait pas à payer pour une fête qui relève du gouvernement du Québec ». La Société nationale de l’Estrie explique cependant que « toutes les villes investissent substantiellement à titre de partenaires dans la Fête nationale, au grand bénéfice de leur population ». En Estrie, à titre comparatif, la ville de « Compton met 20 000 $ pour 3 000 habitants et Eastman 12 000 $ pour 1 800 habitants ». L’investissement n’est alors pas le même pour ces villes que celui à Sherbrooke.

Une logique qui devrait s’appliquer à tous les événements

La conseillère à l’aide financière de la Fête du Lac, Annie Godbout, estime que si la « Ville de Sherbrooke diminue son engagement, les autres partenaires feront de même ». Pour la SNE, cette affirmation s’applique tout autant à la Fête nationale à Sherbrooke.

Alors que Sherbrooke retirait 75 000 $ à la Fête du Lac des Nations en décembre dernier, de nouveaux faits, comme la diminution de la contribution financière de Patrimoine Canada, ont attiré l’attention de la ville. C’est donc une des raisons pourquoi la municipalité a décidé d’investir finalement. Quand l’investissement est important, les partenaires ont alors plus tendance à contribuer, à leur façon, au succès d’un événement. La Fête du Lac, qui attire annuellement 120 000 personnes sur six jours, recevra alors l’équivalent de 134 000 $ de la Ville pour une troisième année consécutive.

La Ville de Sherbrooke a octroyé 75 000 $ de 900 000 $ à la Fête du Lac des Nations, mais n’a accordé aucun montant à la Fête nationale à Sherbrooke, qui attire entre 15 000 à 20 000 personnes en une journée, au parc Jacques-Cartier. Est-ce que la demande de la Société nationale de l’Estrie auprès du maire de Sherbrooke et du conseil municipal pour une aide récurrente de 15 000 $ serait une décision équitable?


Crédit Photo @ Équipe Steve Lussier

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