Par Émilie Oliver

Les Remparts de Québec, équipe de hockey junior de la LHJMQ, se sont associés à Somnolence Canada afin de mener une étude sur l’impact d’une modification minime du sommeil sur la performance physique et cognitive.
Le projet, nommé « Dors pour l’Or » a été mis sur pied en début de saison, en partenariat avec l’équipe du chercheur en post-doctorat Giorgio Varesco du laboratoire du Dr. Guido Simonelli, du département de médecine de l’Université de Montréal.
Deux groupes au sein de l’équipe
Afin de mesurer l’impact de son sommeil sur ses performances, l’équipe a été divisée en deux groupes pendant trois semaines. Le premier devait aller se coucher une heure plus tôt qu’à l’habitude ; le deuxième ne devait rien changer à sa routine de sommeil. Après un certain temps, les rôles ont été inversés.
Autre particularité : pour le groupe à l’étude, c’est-à-dire celui qui devait se coucher une heure plus tôt, les écrans n’étaient pas permis, alors que la lecture, oui. Bien que certains n’étaient pas totalement en accord au début, les joueurs se sont ensuite pliés aux exigences de la recherche. « Ça a rouspété un peu au début, mais les gars ont vraiment bien fait ça », explique le thérapeute du sport de l’équipe. « Ils devaient remplir un journal de sommeil et on n’a pas eu à courir après les données. C’était une belle population à étudier parce qu’ils ont fait tout ce qu’on leur a dit! »
À l’aide de montres portées au poignet des joueurs, diverses données ont pu être récoltées auprès de chacun. Parmi celles-ci, on compte notamment différents aspects de la performance physique, la perception de la fatigue et la performance cognitive (temps de réaction et reconnaissance de certains événements).
Des résultats nuancés
Même si les données ne seront publiées que dans quelques semaines, Félix-Antoine Lavoie, thérapeute athlétique de l’équipe, révèle que cette légère modification dans les habitudes de sommeil des joueurs ne semble pas avoir amélioré les performances physiques et cognitives des athlètes. Cela dit, il mentionne que les joueurs se sont dit moins fatigués et plus en forme lorsqu’ils se couchaient plus tôt. « Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est que ça a amélioré la perception de la fatigue », nuance-t-il. « Le fait de se sentir plus en forme et en confiance, ça ne peut qu’aider ».
Alexandre Desmarais, défenseur de l’équipe confirme les dires de son thérapeute athlétique. « J’étais plus vite sur mes réponses, mais ça n’a rien changé pour moi dans mes performances physiques », mentionne-t-il.
Modifier ses habitudes de sommeil sur le long terme
Au début, certains ont accueilli le projet avec scepticisme. C’était notamment le cas de Nathan Plouffe, attaquant ayant depuis été échangé aux Eagles du Cap-Breton. « On a trouvé ça un peu bizarre au début, on se demandait un peu quel était le lien de tous les tests cognitifs avec le sommeil, mais quand on a reçu les résultats, on a compris l’impact du côté mental », explique-t-il.
Cela dit, une fois la recherche conclue, Somnolence Canada a remis une infographie, en plus de quelques conseils personnalisés à certains joueurs, les poussant à adopter une nouvelle routine la veille des parties, ce qu’a fait Nathan Plouffe.
L’utilisation des données dans la gestion de la charge d’entraînement
En octobre dernier, les Kings de Los Angeles étaient de passage à Québec, occasion dont a profité le responsable de la thérapie sportive des Remparts. En effet, l’équipe de la LNH a partagé des informations intéressantes concernant des capteurs qu’elle place dans les épaulettes de ses joueurs, qui permettent de suivre les impacts de la charge d’entraînement sur chacun d’eux.
« Ils peuvent suivre plusieurs choses, l’effort, la répartition de la force des côtés gauche et droit, la vitesse en temps réel, l’accélération, la force d’impact lors des mises en échec… »
Rappelons que le calendrier de saison de la LHJMQ a été réduit, passant de 68 à 64 parties, dans une optique de réduction de l’usure sur le corps des athlètes. Cependant, selon le thérapeute athlétique des Remparts, ces changements ne sont pas suffisants et n’ont pas modifié la perception de fatigue des joueurs.
« Le volume d’entraînement reste grand et les matchs qu’on ne joue pas sont remplacés par des entraînements. Le risque de blessures est diminué, mais sans plus. Quatre matchs de moins, c’est un bon départ, mais à mon avis, si on pensait vraiment au développement des jeunes, on couperait ça encore », conclut-il, bien conscient que ce n’est peut-être pas pour demain.
La gestion de la charge d’entraînement pour Monsieur et Madame tout le monde
Ces données sont de plus en plus mises de l’avant, notamment avec l’arrivée de la mesure de la charge d’entraînement sur plusieurs montres intelligentes et capteurs telles que les montres Garmin, Apple Watch, Polar, et plusieurs autres.
L’importance de la récupération sportive, qu’elle passe par le sommeil, par les étirements, par la nutrition ou même par la supplémentation est plus que jamais mise de l’avant par les professionnels du sport et de la santé.
Pour le commun des mortels, l’échelle de perception de l’effort peut être une bonne manière de quantifier le stress apporté sur le corps à la fin d’une séance d’entraînement. Cette dernière s’étale sur une perception de l’effort allant de 0 à 10 : la tranche de 0 à 2 représente un effort minimal, l’effort entre 3 et 5 représente un effort perçu comme moyen à difficile, alors que la tranche de 6 à 10 est considérée comme difficile, avec une intensité croissante.
Si les résultats physiques et cognitifs des Remparts n’ont pas été améliorés par une nuit de sommeil plus longue, il est certain que la perception de l’effort est améliorée par un sentiment général d’une énergie plus élevée.
Source : Getty Images