Par Émilie Oliver
Lors des matchs d’exhibition préliminaires aux Jeux Olympiques de Paris, l’équipe USA s’en tire avec une fiche parfaite de cinq victoires en autant de rencontres. Cela dit, ces dernières étaient beaucoup plus chaudement disputées que les matchs ayant eu lieu il y a un peu plus de 30 ans par la Dream Team de 1992.
Les États-Unis se sont inclinés à la coupe du monde FIBA de 2023 face à la Lituanie et à l’Allemagne, deux équipes qui n’étaient pas favorites dans ces rencontres. Plusieurs blâment l’inexpérience de l’équipe, mais également que les joueurs étoiles américains de la NBA tels que LeBron James, Kevin Durant, Stephen Curry, Jason Tatum, et plusieurs autres n’étaient pas de la compétition. En 2024, aux Jeux de Paris, la puissance mondiale américaine a choisi de former l’équipe que certains considèrent comme la plus talentueuse de tous les temps. Toutefois, lors des matchs préparatoires aux Jeux, l’équipe qui devait dominer le tournoi s’en est tiré à plusieurs reprises avec des victoires de quelques maigres points sur des adversaires qui semblaient plus faibles, tels que le Soudan du Sud. Cette rencontre s’est conclue par une victoire de l’équipe américaine par le score final de 101-100, résultat extrêmement serré et surprenant pour plusieurs analystes.
« Ce n’est plus 1992 »
C’est ce que l’entraîneur Chef de l’équipe USA, Steve Kerr, a admis après la défaite de sa troupe face à l’Allemagne en Coupe du Monde en 2023. « Les joueurs sont meilleurs, partout au monde, les équipes le sont également. Ce n’est pas facile de gagner la Coupe du Monde, ni les Olympiques. »
L’argument que plusieurs ont présenté lors de la défaite en coupe du monde, en 2023, était que les États-Unis n’avaient pas envoyé leurs meilleurs joueurs au front. Alors, qui ont-ils envoyé? Malgré tout, une équipe convaincante : quatre All-Stars, le joueur défensif de l’année, deux étoiles montantes, qui auront été nommés All-Stars pendant la saison suivante, en plus de six très solides joueurs de la NBA.
En comparaison, les deux équipes qui ont battu les États-Unis avaient respectivement un seul joueur actif de la NBA dans leur rotation. S’il devient clair que le manque de talent n’était pas réellement une excuse pour l’équipe américaine, il devient clair qu’un autre facteur entre en jeu.
Certains diront que l’équipe était trop petite, qu’ils ont été dominés au niveau des rebonds, tant offensifs que défensifs. Cela dit, cette hypothèse est facilement réfutable également. Des analyses ont prouvé qu’avec de simples efforts supplémentaires, les rebonds auraient pu être disputés plus activement et par le fait même, auraient pu changer les issues des matchs contre la Lituanie et l’Allemagne.
Les règles FIBA
Plusieurs pointent du doigt les règles différentes de la FIBA quant à la raison pour laquelle les Américains ont plus de difficulté dans les tournois internationaux. Ligne de trois points plus courte, périodes de jeu plus courtes, droit à seulement cinq fautes individuelles avant l’expulsion du match, la règle des trois secondes dans la clé, etc. Toutefois, la grandeur du terrain est ce qui semble affecter le plus les joueurs américains : le terrain FIBA est légèrement plus petit que celui de la NBA.
De plus, le style de jeu américain est beaucoup plus statique, alors que plusieurs grandes équipes de la NBA se fient sur le talent de leur joueur étoile pour créer des opportunités d’attaque. D’ailleurs, lors de la Coupe du Monde de 2023, les statistiques indiquaient que l’équipe USA était celle qui passait le moins le ballon lors des matchs, avec en moyenne un peu plus de 100 passes par match, alors que les équipes qui bougeaient le ballon davantage inscrivaient en moyenne près de 175 passes par rencontre.
Lorsqu’on compare ces deux données, une tendance devient évidente : il est plus difficile de jouer en isolation (ou 1 vs. 1) comme le font souvent les équipes de la NBA, lorsqu’il y a moins d’espace sur le terrain pour le faire. Les équipes qui distribuent le ballon ont donc un avantage clair dans les tournois internationaux.
Plus de talent dans le monde
Malgré tout, une réalité semble être de plus en plus claire : le Monde a rattrapé les États-Unis au basketball. Les matchs ne sont plus aussi faciles à gagner et les adversaires des favoris ont de réelles chances de créer un revirement. Alors qu’il est véridique de dire que les meilleurs joueurs du monde jouent pratiquement tous dans la NBA, puisqu’elle a les ressources pour les attirer, il n’est plus vrai de dire que les meilleurs joueurs sont américains.
En effet, au lancement de la saison 2023-2024 de la NBA, on comptait au total 125 joueurs étrangers au sein des effectifs. Ces derniers représentaient 40 pays et territoires, provenant de 6 continents. Le Canada et la France sont les pays de provenance les plus fréquents des joueurs, produisant respectivement 26 et 14 joueurs lors de la dernière saison. Le premier choix au repêchage de cette année était d’ailleurs Victor Wembanyama, joueur français.
En comparaison, en 1992, l’année ou la Dream Team a remporté l’Or aux Olympiques, on ne comptait que 23 joueurs internationaux au sein des formations de la NBA.
Dans le passé, il était clair que la NBA était une ligue américaine, dominée par le talent américain. Toutefois, la montée des joueurs internationaux remet sur le même pied d’égalité le talent de tous.
Cette année, bien qu’ils aient connu des matchs d’exhibition difficiles, l’équipe USA s’est doté d’une victoire convaincante en première phase de groupe des olympiques de Paris avec un score final de 110-84. Cela dit, il est clair que cette année, rien n’est gagné d’avance : l’Or ira à quiconque la méritera davantage.
Source: Paris 2024