Hors du ring : le combat des lutteuses indiennes

Par Josiane Demers

À l’approche des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, la plupart des athlètes s’affairent à une préparation rigoureuse. Ce n’est pas le cas pour les plus grandes lutteuses indiennes, qui mènent un important combat depuis janvier 2023. Elles accusent le président de la Fédération indienne de lutte (WFI) et député au parlement, Brij Bhushan Sharan Singh, de harcèlement sexuel.

Face à l’inaction de la fédération, de la police et du gouvernement, les lutteuses, également soutenues par les membres masculins de la WFI, multiplient les actions pacifiques afin de faire bouger les choses.

Six mois de protestation

Le 18 janvier dernier, comme expliqué par Aljazeera, les lutteuses de la WFI ont organisé un sit-in devant l’observatoire historique Jantar Mantar, à New Delhi. Plusieurs personnes ont participé à cette manifestation afin de dénoncer les agissements de Singh.

Ce sont deux athlètes accomplies de la lutte indienne qui sont les figures de proue du mouvement. En effet, Reuters notait la présence de Sakshi Malik, première médaillée olympique indienne en lutte aux JO de Rio en 2016. Vinesh Phogat, première lutteuse à devenir médaillée d’or à la fois aux Jeux du Commonwealth et aux jeux asiatiques en 2018, était également présente.

Le 20 janvier, les lutteuses ont rédigé une lettre destinée à l’attention de l’Association olympique indienne (IOA) qui a engendré la formation d’un comité de sept personnes qui se pencheront sur la question.

Il aura fallu sept jours avant que la police de New Delhi lance une enquête officielle. Depuis, plusieurs actions sporadiques ont eu lieu afin de dénoncer l’inaction dans ce dossier.

Un combat politisé

Les personnes manifestantes accusent le gouvernement de biais, d’apathie et de conflit d’intérêts. Les actions ont cessé momentanément lorsque le ministère du Sport a lancé une enquête et a demandé à l’accusé de se faire discret dans ses activités. Toutefois, même avant le début de l’enquête, le ministère réfutait les accusations. Un rapport qui n’a pas été rendu public, ce qui est inacceptable selon les contestataires, a été déposé sans qu’aucune action concrète n’ait été prise, selon Aljazeera.

Arab News rapporte que le parti politique au pouvoir accuse, sans aucune preuve tangible, que les partis d’opposition sont derrière ces protestations et que les accusations contre Singh ne sont rien d’autre qu’un coup monté.

Les manifestations ont culminé le 28 mai 2023 dernier, lors d’une démonstration pacifique devant le nouveau bâtiment gouvernemental qui était inauguré cette journée-là. Selon CNN, Malik, Phogat et plusieurs autres ont été arrêtées et accusées d’« émeute » et de « désobéissance à un fonctionnaire ».

Une fois libérés, les Olympiens et Olympiennes qui soutiennent le mouvement se sont rendus au Gange, plus grand fleuve du monde, afin d’y jeter leurs médailles. Toutefois, le syndicat des agriculteurs locaux les a convaincus de mettre l’action sur pause. Il a promis son support en soutenant qu’il pourrait éventuellement cesser d’approvisionner certains commerçants en guise de moyen de pression.

Le mouvement fait maintenant des vagues à l’international. Le United World Wrestling a émis une déclaration le 30 mai dernier, dénonçant « l’absence de résultat » dans l’enquête contre Singh.


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