
Le lundi 2 octobre 2023, le Parti québécois (PQ) a réussi à faire élire un quatrième député, Pascal Paradis. Près d’un an jour pour jour après la dernière élection générale, la partielle dans la circonscription de Jean-Talon s’est conclue sur une victoire écrasante pour la formation souverainiste. Les électeurs de Sainte-Foy-Sillery se sont prononcés de façon évidente, le dépouillement happant de plein fouet la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Le PQ a remporté haut la main cette nouvelle circonscription, Pascal Paradis s’emparant de plus de 44 % des voix. Au deuxième rang, la CAQ a su récolter seulement 21 % des votes avec sa candidate Marie-Anick Shoiry, soit moins de la moitié que son principal adversaire. Derrière, Olivier Bolduc de Québec Solidaire (QS) a amassé 17 % des suffrages. Les résultats sont complétés par le Parti libéral du Québec (PLQ) à 8,84 %, le Parti conservateur du Québec (PCQ) à 6,07 % et les autres bannières à 2,20 % des votes.
Un résultat sans précédent
En 2019, également lors d’une élection partielle, la CAQ avait mis la main sur cette circonscription avec sa candidate Joëlle Boutin. Il s’agissait d’un changement majeur, alors que Jean-Talon était un château fort libéral depuis 1965. Un second revirement de situation a cependant été causé par la démission de Mme Boutin, ayant ouvert la porte au Parti québécois. Pour la première fois depuis la création de la circonscription, Jean-Talon a choisi un représentant péquiste.
« C’est une victoire très symbolique, nous sommes très fiers des résultats », souligne Émile Simard, le président du Comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ). « C’est historique ce que l’on vit, même dans les grandes années du Parti québécois on a rarement vécu d’aussi gros gains », insiste-t-il. Il est vrai que de gagner une nouvelle circonscription est significatif pour n’importe quel parti, et encore plus avec une si grande marge sur ses adversaires.
« Il y a de grandes responsabilités qui viennent avec une telle victoire », évoque M. Simard, « mais Pascal Paradis sera à la hauteur du défi. C’est un homme près des gens, actif sur le terrain, qui connecte très bien avec le comté sur tous les niveaux », assure-t-il. Le poste vient avec une forte charge de travail, considérant qu’il s’agit -là d’un quatrième député pour le PQ, comparativement à ce qui aurait pu être un 90e élu pour la CAQ.
Une mobilisation de taille
Tous les partis ont sorti l’artillerie lourde pour cette élection partielle. Jean-Talon est une circonscription où la composition est assez diversifiée, ce qui peut engendrer une ouverture envers toutes les formations politiques. Abritant l’Université Laval et le cégep de Sainte-Foy, certains ont anticipé que le vote étudiant favoriserait QS. D’autres avaient plutôt misé sur un retour en force du PLQ, considérant le fort historique libéral du comté.
Ultimement, la course s’est cependant plutôt transformée en duel entre la CAQ et le PQ. La Coalition Avenir Québec souhaitait conserver cette circonscription en raison du sens souvent accordé aux élections partielles. Plusieurs journaux ont couvert l’entièreté de la campagne électorale comme étant un verdict de l’appréciation des électeurs sur le gouvernement caquiste. Une 90e députée pour la CAQ aurait témoigné de l’appréciation de l’électorat pour la gouvernance de Legault, alors qu’une substitution de parti aurait souligné l’inverse.
Malgré un résultat décevant pour la Coalition Avenir Québec, le parti avait mis les bouchées doubles sur le terrain depuis quelques semaines. À deux reprises, la réunion hebdomadaire du caucus du parti avait été suspendue afin de libérer les députés pour qu’ils et elles puissent prendre part à une opération massive de porte-à-porte dans Jean-Talon. Geneviève Guilbault et Bernard Drainville, deux importants ministres de la grande région de Québec, ont notamment contribué à plusieurs reprises à ces activités terrain.
De l’autre côté, le Parti Québécois n’avait clairement pas les mêmes moyens avec ses trois députés élus. La formation n’a cependant pas baissé les bras, et a lancé un appel à la mobilisation partout au Québec. Méganne Perry Mélançon, ex-députée de Gaspé et porte-parole du PQ, a été aperçue dans les rues de Sainte-Foy-Sillery, aux côtés de nombreux co-porte-paroles du parti.
Les jeunes ont aussi été mobilisés de façon massive, alors que plus de 700 bénévoles auraient mis la main à la pâte durant la partielle. « La mobilisation était ultra importante », souligne le président du CNJPQ. « Nous avons été présents à toutes les fins de semaine à l’occasion de journées porte-à-porte, chapeautées par le parti. Nous avons eu des gens qui sont venus d’aussi loin que l’Abitibi-Témiscamingue et de la Gaspésie », applaudit Émile Simard.
Quel bilan ?
La partielle s’est tenue moins d’une semaine après la publication du dernier sondage de la firme Léger, qui témoignait déjà d’une baisse en popularité de la CAQ. Les intentions de vote pour le parti avaient connu une légère baisse, tout comme le taux de satisfaction à l’égard du gouvernement de François Legault. La tendance s’est avérée encore plus marquée dans la grande région de Québec.
Au lendemain du scrutin, le président fondateur de la firme de sondage Léger s’est exprimé sur la plateforme X. Selon Jean-Marc Léger, quatre principales leçons peuvent être tirées des résultats de la partielle, qui ont confirmé les résultats du sondage livré plus tôt en semaine. D’abord, devant le pire score en cinq ans pour la CAQ, le parti devra changer son approche et gouverner autrement. Sinon, les résultats de Jean-Talon pourraient bien faire miroiter un avenir maussade pour le parti.
Puis, force est d’admettre que le PQ se positionne stratégiquement comme l’alternative à la CAQ, ralliant les insatisfaits du gouvernement Legault. Il souligne aussi que QS aura un difficile congrès, car le parti n’a pas particulièrement bien performé dans cette circonscription étudiante. Il conclut en mentionnant qu’il s’agit d’un résultat très démoralisant pour le PLQ, qui obtient moins de 10 % des voix dans un ex-château fort. Il reste à voir si la tendance sera stable d’ici à l’élection générale de 2026, mais tout peut encore changer !
Source: Facebook Pascal Paradis