Par Erika Aubin
Je constate que dernièrement, beaucoup d’artistes, que ce soit des comédiens influents ou des journalistes, s’écrient que la culture québécoise est en péril. J’entends même les gens ici et là en discuter : « Ce n’est plus comme avant, nous perdons nos coutumes et nos valeurs ». Évidemment, il s’ajoute à ces propos des jugements sans fondement qui accusent les immigrants ou les générations X, Y, Z.
J’ai eu envie de m’asseoir un soir, de déboucher une bouteille et d’y réfléchir moi aussi à cette fameuse question : la culture québécoise est-elle en train de s’effilocher, de décroître, de se noyer dans cette mare d’influences culturelles qui proviennent d’ailleurs?
L’assimilation : une angoisse réelle pour le peuple
Lorsqu’on grandit avec une identité québécoise, il y a inévitablement une certaine crainte qui vient avec; celle de se faire assimiler. Elle fait partie de notre histoire, nous ne pouvons pas nous en défaire. Depuis la conquête de nos terres par les Britanniques, nous nous méfions de peur de perdre notre langue, nos valeurs et nos traditions au détriment des méchants. Pourtant, depuis des millénaires, toi et moi parlons le français, allons à la cabane à sucre au printemps et fêtons Noël encore librement.
Avec l’arrivée soudaine de plusieurs vagues migratoires, le Québec en revient à se demander comment intégrer les coutumes de ses nouveaux arrivants sans faire disparaître les siennes.
Le multiculturalisme : la solution?
Le multiculturalisme est un concept controversé qui consiste à intégrer différentes cultures au sein d’un même territoire. Certains affirment que les sociétés qui ont adopté cette approche sont des échecs, tels que plusieurs pays européens. Au lendemain des attentats du Bataclan en France, leurs arguments pèsent lourd. À l’inverse, d’autres sociologues jurent que le multiculturalisme est inévitable et surtout, souhaitable.
Même si le Canada, à l’époque où Pierre-Elliott Trudeau était le premier ministre, a été le pays initiateur d’une approche en politique dite multiculturelle, le Québec reste encore novice par rapport à cette façon de procéder. Que l’on soit pour ou contre le multiculturalisme, la société québécoise n’aura pas le choix de tendre vers une politique multiculturelle et de s’y adapter. Les vagues migratoires ne sont pas prêtes de cesser; les immigrants travailleurs, les réfugiés politiques, les réfugiés de guerre et bientôt les réfugiés climatiques.
Les Québécois utilisent parfois des façons robustes d’exprimer une opinion pourtant sage. Faisons simplement le constat lorsque fut le temps de s’opposer aux votes avec le visage couvert. Heureusement que le Québec n’est pas une société archaïque et qu’elle a mieux à offrir. Bref, le niveau débutant du Québec n’est pas mauvais en soi; tout reste à être créé.
Il y a là-dedans quelque chose de bien à retenir; nous tenons à préserver notre identité pour savoir d’où l’on vient et où l’on va en tant que société. Il importe, pour une communauté qui tend vers la laïcité et qui prône les droits de l’homme, de faire preuve d’ouverture en ce qui a trait à la diversité et le multiculturalisme. Cet enjeu est d’actualité et c’est maintenant que la société québécoise doit se poser la question.