Par Julien Moslener

Alors que le coût de la vie atteint des sommets, de plus en plus de personnes étudiantes se retrouvent devant un choix déchirant : bien se nourrir ou payer son loyer. En février 2025, la firme de sondage Léger, en collaboration avec l’Union étudiante du Québec (UEQ), a dévoilé des résultats préoccupants d’un sondage réalisé auprès de 501 répondants et répondantes sur une période de 12 mois. Questionnées sur leur situation alimentaire, ces personnes étudiantes dans les établissements d’enseignement supérieur, âgées de 16 ans et plus, reconnaissent que l’insécurité alimentaire est un problème.
Et ce problème : 40 % des personnes étudiantes interrogées rapportent avoir connu une forme d’insécurité alimentaire dans la dernière année. Que ce soit en sautant des repas, en réduisant les portions ou en s’inquiétant de manquer de nourriture d’ici la fin du mois, la précarité alimentaire s’en prend à une génération qui tente pourtant d’investir dans son futur.
Derrière ces chiffres se cachent de jeunes adultes qui jonglent avec des horaires de cours, des emplois à temps partiel et un panier d’épicerie qui coûte de plus en plus cher. L’inflation persistante, combinée à un marché locatif saturé, vient gruger les maigres marges de manoeuvre financières des étudiants et étudiantes au Québec.
Une réalité bien présente à Sherbrooke
Devant cette réalité, il existe plusieurs initiatives d’aide alimentaire à Sherbrooke qui assistent la communauté étudiante. Sur le campus, c’est environ 400 étudiants et étudiantes qui ont utilisé des bons d’achat offerts par la Fondation FORCE Études pour de l’aide alimentaire. Que tu sois nouveau ou nouvelle à l’Université ou que ce soit ta dernière session, découvre les services et organismes à ta disposition. D’ailleurs, Champ d’action, le collectif en sécurité alimentaire de Sherbrooke, met à disposition une carte interactive regroupant une grande variété de ressources alimentaires disponibles à Sherbrooke.
Moisson Estrie : une banque alimentaire pour toi
Depuis plus de 30 ans, Moisson Estrie joue un rôle clé dans la lutte contre la faim à Sherbrooke. En 2024-2025, l’organisme a effectué plus de 21 000 dépannages alimentaires, ce qui illustre l’ampleur de la demande. Ouvert à la population étudiante, ce service demande de prendre rendez-vous pour qu’un intervenant ou une intervenante puisse évaluer les besoins. Ce soutien peut prendre plusieurs formes, notamment l’accès à une épicerie sociale qui permet de choisir ses denrées. Cette formule réduit non seulement le gaspillage, mais elle restaure aussi un certain sentiment de dignité.
Moisson Estrie, c’est aussi La Moissonnée, un restaurant solidaire ouvert du lundi au vendredi, où il est possible de manger un repas complet pour seulement 15 $. Une belle manière de bien s’alimenter, à prix modique.
L’organisme redistribue également ses denrées à plus de 70 organismes partenaires partout en Estrie, ce qui en fait un pilier du filet social sherbrookois.
Pour ceux et celles qui veulent s’impliquer, Moisson Estrie recherche en tout temps des bénévoles, un moyen concret de redonner à la communauté tout en développant ses compétences et son réseau.
La Grande Table : une alternative humaine
Opérant principalement avec les familles en situation de pauvreté, dont des parents qui sont aux études, La Grande Table a fait beaucoup de chemin depuis son ouverture en 1991. Résultat d’une collaboration entre l’Université de Sherbrooke et La Grande Table, les parents aux études admissibles pourraient avoir droit à sept repas par membre de la famille par semaine. Ces repas sont préparés sous forme de prêts-à-manger congelés. Pour connaître ton éligibilité, tu dois contacter les services de soutien financier de l’Université.
Les alternatives campus
Pour plusieurs, l’urgence de la faim se vit directement sur le campus, dans le quotidien pressé entre deux cours. C’est pour répondre à ce genre de besoins que des initiatives comme le Frigo Free Go ont vu le jour.

Situé au sous-sol du pavillon de la Vie étudiante (E1) du Campus principal, ce frigo communautaire fonctionne selon un principe simple : ceux et celles qui ont en trop peuvent y déposer des aliments afin d’éviter le gaspillage; ceux et celles qui en manquent peuvent prendre jusqu’à cinq aliments par jour, le tout, gratuitement et anonymement. C’est un petit geste, mais, pour certaines personnes en situation de précarité, un pain, des oeufs, des fruits et légumes ou une conserve peuvent faire toute la différence.
Grâce à la Fondation FORCE Études, il est également possible d’avoir accès au service de consultation budgétaire gratuitement, de quoi réduire la pression sur tes épaules et te permettre de te concentrer davantage sur tes études.
Une rentrée pour s’unir
Si ces ressources sont vitales, elles ne doivent pas faire oublier que l’insécurité alimentaire est avant tout le symptôme d’un problème structurel. Ce n’est pas le manque d’efforts ou de planification de la communauté étudiante qui est en cause, mais bien un filet social qui ne suit plus la hausse du prix des loyers, du panier d’épicerie et des frais de scolarité. L’UEQ réclame d’ailleurs des actions concrètes comme la rémunération des stages.
Alors, cette rentrée, ce n’est pas seulement la rentrée académique. C’est aussi le moment de s’impliquer socialement et de valoriser les initiatives étudiantes pour créer un campus inclusif, juste et nourri… au sens propre comme au figuré.
Source et crédit : Moisson Estrie et Michel Caron