Une croyance populaire veut que nous poursuivions des études supérieures pour exercer une profession. Certes, un diplôme contribue fortement à l’exercice professionnel, mais, pour certains, le choix d’un domaine d’études n’est pas seulement fait en fonction d’exercer un métier, mais plutôt de se réaliser en tant que personne. Il est vrai que la majorité conçoit l’université comme une formation professionnelle. Toutefois, une minorité perçoit plutôt les études universitaires comme une formation permettant d’évoluer sur le plan personnel dans le but de mieux orienter ses activités professionnelles par la suite, et c’est de cette minorité dont il sera question. Et si le choix de carrière ne s’effectuait pas au moment de choisir notre domaine d’études, mais plutôt après les avoir complétées?
Par Justine Gravel
Étant étudiante de deuxième année au baccalauréat en droit et ayant constaté l’évolution de ma perspective quant à ma future carrière, j’ai voulu m’entretenir avec des étudiants de première année dans le même secteur d’études afin de connaître leurs perceptions quant à leur avenir et la raison pour laquelle ils s’étaient dirigés vers le domaine juridique. Tous, parmi mon échantillon, ont affirmé vouloir devenir avocat ou notaire et s’être dirigés dans ce domaine dans le but d’exercer ces professions. Certains savaient même déjà dans quel secteur précis ils désiraient pratiquer, allant du droit de la famille au droit des affaires, et se préoccupaient de l’importance de s’impliquer au sein de la faculté pour peaufiner leur curriculum vitae dans le but de plaire aux grands cabinets. Toutefois, ces visions carriéristes des étudiants de première année peuvent changer avec le temps et leurs horizons peuvent s’élargir.
En effet, il y a plusieurs carrières alternatives en droit et il est étonnant de constater que plusieurs diplômés ne pratiquent pas nécessairement dans des milieux étroitement liés au domaine juridique, bien que ce soit le cas pour la majorité d’entre eux. Aux fins du présent article, je me suis entretenue avec la coordonnatrice du développement professionnel et des relations avec les diplômées et diplômés de la Faculté de droit, Josée Perreault. Elle est d’ailleurs le parfait exemple d’une bachelière en droit qui a orienté sa carrière vers un domaine connexe, en combinant ses études en droit à ses études en communication. Elle considère le droit comme un domaine extrêmement large : « Le droit aide parce qu’il s’agit d’une culture générale. Les gens qui se dirigent vers le droit sont fonceurs, et c’est autant leur côté rationnel que créatif qui se développent au fil des années, ce qui les aide dans plusieurs domaines. » Certains vont utiliser leurs acquis pour devenir agent d’artiste, pour gérer des compagnies ou pour se lancer dans le domaine de l’immobilier, par exemple. Plusieurs réorienteront leur carrière vers la politique, comme l’ex-premier ministre Jean Charest, ou même en journalisme, comme Yves Boisvert. Ce dernier n’a d’ailleurs jamais fait ses études de droit dans l’intention de devenir membre du Barreau du Québec. Il y a une multitude de possibilités d’emplois où une formation en droit peut s’avérer utile. Il est facile de transposer les notions apprises dans tout ce qu’on entreprend dans la vie quotidienne, alors pourquoi ne pas utiliser ce bagage pour pratiquer une profession moins libérale?
Bref, il faut garder l’esprit ouvert et ne pas penser indubitablement que notre baccalauréat ne saura s’avérer utile si l’on ne pratique pas une profession étroitement liée à notre domaine d’études. Il suffit de cesser de se mettre des œillères, de s’aventurer hors des sentiers battus et d’orienter notre carrière vers ce qui nous passionne, même si cela demande un cheminement scolaire particulier. L’éducation est un atout et pouvoir se permettre de pratiquer un métier qui nous intéresse vraiment et qui nous fait évoluer en tant que personne est probablement l’un des plus beaux acquis d’une vie.