Par Samuel Bédard

Depuis la mi-mai, une vague de chaleur d’une intensité inédite s’abat sur le sous-continent indien. Les températures dépassent quotidiennement les 45 degrés Celsius dans certaines régions du pays depuis presque un mois.
Dans une entrevue accordée au quotidien Indian Express, Mrutyunjay Mohapatra, principal expert météorologue du pays, a déclaré qu’il s’agit de « la période [de chaleur] la plus longue, car elle a duré environ 24 jours dans différentes parties du pays ».
La vague de chaleur combinée aux mouvements générés par les élections générales a créé un cocktail mortel pour la population indienne. Selon le gouvernement du pays, plus de 50 personnes ont perdu la vie le week-end du 1er juin seulement. Cependant, les chiffres par État suggèrent que le nombre de décès réel pourrait être beaucoup plus élevé. Seulement en Odisha, l’État a signalé 99 décès présumément dus à des coups de chaleur pendant la même période.
Une situation qui risque de se répéter
Même si M. Mohapatra assure que le mercure devrait baisser d’ici la fin juin avec l’arrivée de la mousson, il admet que ce genre de canicule risque de revenir dans les prochaines années. « Les vagues de chaleur seront plus fréquentes, plus durables et plus intenses si des mesures de précaution ou de prévention ne sont pas prises. »
En pleine croissance économique et démographique, le pays de Narendra Modi est le troisième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde. À l’heure actuelle, l’État indien dépend toujours largement du charbon pour produire son énergie.
« Les activités humaines, l’augmentation de la population, l’industrialisation et les transports entraînent une augmentation des concentrations de monoxyde de carbone, de méthane et de chlorocarbones », a déclaré M. Mohapatra.
Un pays transcendé par la pollution
L’Inde s’est engagée à parvenir à un niveau de zéro émission nette d’ici 2070, soit deux décennies après la plupart des pays occidentaux industrialisés. Tout reste à faire pour le pays qui compte 13 des 20 villes les plus polluées du monde. Selon une étude de l’organisation de santé globale Vital Strategies, c’est plus de 99 % de la population indienne qui respire un air pollué. Cette situation contribue au décès de plus de 1.2 million de personnes chaque année.
L’Inde n’est pas le seul pays à ressentir les effets des changements climatiques. Selon l’observatoire européen Copernicus, le mois de mai 2024 a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde. En Chine, une alerte en raison de la forte chaleur est entrée en vigueur mardi alors qu’une canicule s’abat sur une large partie du nord du pays. À Pékin, une alerte orange a été émise jusqu’à jeudi, soit le deuxième niveau le plus élevé des services météorologiques chinois. Selon les médias locaux, la plus haute température enregistrée mardi dans la capitale chinoise a atteint 40.3 °C.