Liberté, égalité, fraternité

societe - je suis charlie - credit www.nydailynewsVivre dans une société démocratique, c’est entre autres reconnaitre le droit que possède chacun de s’exprimer librement.

Par Arianne Martel

Quand on parle de liberté d’expression et de liberté de presse, on fait référence à ce qui s’exprime avec les mots, passant par la bouche ou par la plume… mais attention! Quand je dis bouche, je ne parle pas de celles dont Frontenac était armé. C’est malheureusement par la bouche de leurs canons que quelques individus ont apostrophé une réunion tenue au bureau du journal satirique français Charlie Hebdo mercredi dernier.

Les accusations et les menaces contre l’équipe du journal ne datent pas d’hier. En 2006, à la suite de la polémique créée par la publication de dessins de Mahomet dans une revue danoise, le journal satirique reprit ces dessins et les intégra dans une de ses éditions, en y ajoutant des caricatures faites par les collaborateurs habituels du journal. S’en suivirent des poursuites en justices intentées par la Grande Mosquée de Paris, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et la ligue islamique mondiale, dont la décision fut en faveur de Charlie Hebdo. Puis, en novembre 2011, les locaux du journal furent le théâtre d’un incendie criminel provoqué par l’annonce de la publication d’une édition ayant pour première de couverture une nouvelle représentation de Mahomet, accompagnée du titre Charia Hebdo.

La tuerie du 7 janvier 2015 à Paris est toutefois dans une catégorie à part. Pour faire une histoire courte, des hommes armés débarquent au siège de Charlie Hebdo, tuent 12 personnes et en blessent plusieurs autres. Non seulement ces individus ont volé la vie de gens innocents, mais, en prenant les armes contre ceux qui n’étaient munis que de crayons (bien aiguisés, je vous l’accorde), ils ont fusillé une des valeurs les plus importantes de la République française : la liberté.

Notre monde devient absurde en sanctionnant l’humour par le sang. La crétinerie humaine étonnera toujours. Persuadés de venger le prophète Mahomet en enlevant la vie à douze personnes, ces barbares ont davantage blessé l’image de leur propre religion que n’importe quelle caricature aurait pu le faire. Les balles, elles ont aussi été tirées au cœur de l’Islam. La forte montée d’hostilité à l’égard de la population de religion ou d’origine musulmane est inquiétante, en France comme ailleurs. Tout le monde ne sait malheureusement pas faire la différence entre l’extrémisme et la religion. Il est déplorable de réduire toute une religion à son penchant extrémiste, et, à la suite de ces évènements, cette situation risque d’empirer.

La satire de cette revue représentait pour plusieurs une simple dérision de l’autorité, qu’elle soit politique ou religieuse, ce à quoi la France s’applique depuis la Révolution de 1789. D’autres croient que Charlie Hebdo a simplement jeté l’huile sur le feu. Reste à savoir si on peut faire de tout un sujet à plaisanteries. Pourquoi pas, si cela reste dans un contexte humoristique et ne vise aucun autre but que de faire rire et réfléchir? L’homme, par sa propre connerie, peint une toile si triste du monde que l’une des manières de s’en détacher un peu, c’est de s’en moquer. Les plaisanteries seront-elles toujours de bon goût? Absolument pas. Ça ne donne toutefois à personne le droit de commettre l’irréparable.

Ces gestes furent posés dans le but d’installer une peur, celle de parler. C’est pourquoi il faut faire couler l’encre et défier l’autocensure journalistique et humoristique. Il faut condamner ces gestes par la vraie justice, celle qui n’a aucun lien avec des armes. Par les moyens les plus radicaux, on a cherché, le 7 janvier, à censurer l’« incensurable » et à obtenir vengeance, mais on le sait bien : jamais la justice ne s’obtiendra par la violence.

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