Par Catherine Foisy
La librairie de livres usagés de la Wellington Nord a fermé ses portes il y a plusieurs mois. La Nouvelle, le défunt hebdomadaire sherbrookois, n’aura pas célébré la nouvelle année avec nous. Ce fut une mémoire collective de plus bafouée par les réalités temporelles qui claquent la porte comme elles balaient l’histoire. Au fil du temps, des endroits et institutions au cachet historique impressionnant disparaissent, précarité financière oblige, ou tout simplement, parce qu’ils sombrent dans l’oubli.
D’un côté, l’économie et le cash. De l’autre, l’histoire et l’art. Dessous, une balance. La seule chose qui peut arriver à rendre un côté plus lourd que l’autre : l’homme, la femme.
Une librairie de livres usagés oubliée
Pour une des rares fois, Google n’aura servi à rien. Il s’en contrefiche, lui, de la petite librairie sherbrookoise qui s’est envolée l’an dernier. Dans la barre de recherche, il est inscrit : « Un livre une histoire ». Résultat : rien à part les Pages Jaunes et quelques sites qui indiquent l’ancienne localisation de l’endroit.
Dans le cas présent, il semblerait que les Sherbrookois l’ont oubliée, cette librairie de livres usagés. La façade n’était peut-être pas invitante. Les livres qui avaient les meilleurs spots sur les innombrables étagères, peut-être pas non plus. Mais si on se mettait à chercher entre les titres quétaines, les feuilles jaunies par le temps, les manuels scolaires avant-réforme et les livres d’actualité – plus tant d’actualité –, on arrivait à mettre la main sur des pièces de Tremblay, sur des bouquins qui retraçaient le Référendum de 95, ou encore, sur du Ducharme à son meilleur. Hélas, on l’a oubliée trop vite, ou trop tard, cette petite librairie silencieuse, diront certains.
Un hebdomadaire en moins
Ne comparons pas l’incomparable, mais expliquons.
Après plus de 33 ans d’activités, l’hebdomadaire chéri des Sherbrookois, La Nouvelle, ferme ses portes. Le 13 décembre 2015, on annonce sa dernière parution. Dix jours plus tard, la dernière édition est publiée.
En se distançant du calendrier et de l’actualité, l’hebdomadaire s’était taillé une place bien à lui. La plupart de ses éditions étaient composées de dossiers où les nouvelles étaient exposées sous toutes leurs couvertures. La mission de celui-ci semblait être de se rapprocher des intérêts de ses lecteurs, plutôt que de s’inscrire dans la course aux nouvelles. De ce fait, La Nouvelle s’est dotée de journalistes aux spécialités diverses et s’est permis d’adopter un ton parfois plus littéraire, parfois plus familier. La Nouvelle, c’était un hebdomadaire au charme particulier. On se souviendra longtemps de l’édition où tous les rédacteurs avaient dû dessiner l’image qui cohabiterait sur la même page que le cru de leurs plumes.
Place au suivant
Si certains bijoux de la culture sherbrookoise nous ont quittés, d’autres sont arrivés, et d’autres arriveront. Ils ne les remplacent pas, et ne les remplaceront jamais, mais ils virevolteront au rythme du nouveau vent. Tantôt, ils feront partie de cette mémoire collective. Pas la même que celle d’avant, mais une autre qui elle aussi, toupillera au rythme d’un nouveau souffle.
Pour ce qui est du balayage d’histoire, on se console en se disant qu’au moins, il en restera les poussières.
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