Arctique; frontière de l’infini 

Par Jacob Desrosiers 

Dans la série de science-fiction Star Trek, il est commun d’entendre, lors du générique d’ouverture, la phrase « Espace; frontière de l’infini ». Il ne va pas sans dire que le qualificatif de « frontière de l’infini » contribue à donner à la mission du vaisseau Enterprise tout son sens, l’espace étant l’ultime endroit inexploré par l’être humain dans la série. D’ailleurs, nous assistons présentement à une version moderne de cet engouement vers les derniers confins inexplorés; non pas l’espace, mais l’Arctique.  

En effet, depuis maintenant quelques années, plusieurs États ont les yeux rivés sur cette région largement inexplorée et inexploitée, chacun avec l’intention d’en retirer le maximum de bénéfices et entraînant son lot de frictions entre les parties impliquées. Comment expliquer cette course vers l’Arctique?  

Historique de l’intérêt envers l’Arctique  

Pour commencer, bien que ce dernier se soit accentué au cours des dernières années, l’intérêt envers l’Arctique n’est rien de nouveau. D’ailleurs, comme expliqué dans un rapport du Network for Strategic Analysis, cette région constituait un important point géostratégique pour les parties impliquées durant la Guerre froide, Washington et Moscou pouvant toutes deux en prendre avantage à des fins d’invasion.  

Cependant, la situation est largement différente aujourd’hui. Bien sûr, l’Arctique est de nos jours plus accessible que jamais et ce, dû principalement aux changements climatiques. Plus précisément, la fonte des glaces a entraîné la formation de nouveaux passages marins pouvant potentiellement être utilisés pour créer des routes commerciales. Aussi, la fonte de la calotte glaciaire permet d’accéder à de nouvelles ressources stratégiques auparavant inaccessibles ou difficilement exploitables, comme le pétrole. À cela s’ajoute l’important avantage géostratégique qu’a la région pour un État, cette dernière pouvant être exploitée afin d’assurer la sécurité de ses frontières. 

Qui veut quoi?  

Comme élaboré par l’Institut Brookings en mai dernier, les États impliqués dans la course incluent surtout ceux considérés comme étant des États « arctiques » (Canada, É-U, Russie, Danemark et autres). Toutefois, il faut également noter la présence d’autres acteurs « externes » comme la Chine. La présence chinoise est ici intéressante, car elle semble principalement motivée par des intérêts économiques, du moins selon la politique arctique officielle du gouvernement. 

Cela dit, le gros de l’enjeu se déroule entre les États « arctiques » concernant la souveraineté des eaux. Le lien avec la disponibilité des nouvelles ressources est évident, puisque celui détenant le contrôle sur elles aurait également un privilège d’accès aux ressources. De nombreux enjeux sécuritaires émanent de cette course, notamment entre le Canada et la Russie. Les revendications territoriales en Arctique prennent constamment de l’expansion et se heurtent aux revendications canadiennes. Pour affirmer sa souveraineté sur le territoire en question, Moscou y installe régulièrement des troupes, chose qui inquiète grandement Ottawa alors que leurs relations bilatérales ne sont pas à leur meilleur. D’importantes décisions devront être prises pour empêcher une dégradation vers un conflit; il s’agit d’un enjeu qui ne fera que croître en importance au cours des prochaines années.  


Crédit photo @ Wilian Justen de Vasconcellos

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