6 mythes de la politique que´be´coise

Par Gianluca Campofredano

Mythe #1 : Les politiciens sont tous pareils!

C’est l’automatisme par excellence des électeurs lorsqu’un député est attrapé les mains dans le sac. Évidemment, les citoyens ont raison d’être indignés face à la corruption, à la collusion et à la fraude, surtout lorsqu’elles sont orchestrées par des élus payés par la collectivité. Or, on sait que la généralisation déforme souvent la réalité : les Italiens n’ont pas tous de lien avec la mafia, les Arabes ne sont pas tous des terroristes et les BS ne profitent pas tous du système. En politique, comme dans tous les domaines, il y a de bonnes et de mauvaises personnes. Il faut donc distinguer la pomme pourrie du panier de fruits, tout comme le politicien honnête du charlatan à cravate.

Mythe #2 : Faute de pouvoir voter pour le meilleur, votons pour le moins pire

Les adeptes de la méthode stratégique pointent généralement du doigt le système électoral québécois. Leur conclusion : mieux vaut choisir le parti qui fera le moins de dommage politique. Donc, il faudrait choisir entre le moindre des maux. Cependant, qui a dit qu’il faut absolument choisir une option, alors qu’aucune n’est satisfaisante? Bien au contraire, l’exercice démocratique devrait plutôt être le moment où le citoyen désigne son représentant avec la conviction de déléguer la gestion de l’État à une personne honnête, compétente et désintéressée.

Mythe #3 : Au Québec, on travaille pour 50 % de notre salaire, l’autre 50 % s’en va en impôts!

Plusieurs contribuables pensent que l’impôt prélevé sur leur revenu est dérobé par le « Gouvernemaman », tel un membre de la pègre récoltant son pizzo (racket) hebdomadaire. Ce réflexe répond au stimulus de l’augmentation du fardeau financier de la classe moyenne pendant que les services étatiques diminuent. Le gonflement du coût des travaux publics (collusion) et l’évitement fiscal (ainsi que l’évasion) seraient-ils notamment les causes de cette réaction motrice? Malgré tout, il reste que ce mythe perdurera tant et aussi longtemps que les contribuables honnêtes seront considérés comme dupes alors qu’ils devraient être remerciés de collaborer au bien-être collectif.

Mythe #4 : T’es de droite ou t’es de gauche!

En plus d’être les premières paroles de Stromae dans la pièce Bâtard, il s’agit d’une autre remarque récurrente lorsqu’on nous demande de nous situer sur l’échiquier politique. Ce choix serait-il une fatalité ou bien le vestige d’une vieille politique? Les citoyens ont toute la liberté d’avoir une préférence idéologique sur le rôle que devrait jouer l’État dans la redistribution de la richesse, l’intégration des immigrants, l’accès à l’éducation et aux soins de santé, etc. En parallèle, est-il permis de partager une idée sans obligatoirement justifier sa position sur l’axe gauche-centre-droite? Mettons plutôt l’accent sur le bien-fondé d’un projet politique et laissons la catégorisation idéologique aux adeptes de la classification.

Mythe #5 : Le populisme est synonyme d’extrême droite et d’antidémocratie

Selon Le Petit Robert, le populisme est un « discours politique qui s’adresse aux classes populaires, fondé sur la critique du système et de ses représentants », alors que la démagogie est une « politique par laquelle on flatte, on exploite les sentiments, les réactions de masse ». Ceci étant dit, est-ce que le populisme est un concept idéologiquement négatif en soi ou un élément inhérent à la démocratie à grande échelle? Les détracteurs du discours populaire sont-ils a contrario élitistes? Bref, c’est une question d’usage. Le populisme, tout comme les médias sociaux, peut faire connaître une proposition juste et fondée ou peut relayer la pensée des Martineau, Dumont, Duhaime, Gendron et compagnie.

Mythe #6 : On attend encore le leader qui pourra nous mener à un vrai changement politique!

Le chef est l’un des éléments qui pèsent le plus dans le choix électoral des Québécois. Cela s’explique par notre mode de scrutin, le déficit démocratique interne des partis, la méconnaissance de leur programme et le grand nombre de citoyens désabusés voyant le rédempteur chez celui s’autoproclamant pour le « vrai changement ». En ce sens, au lieu de jouer le rôle du sauveur, le leader devrait plutôt être la personne apte à communiquer aux électeurs les idées de ceux qu’il représente. Pour ce qui est de la nouveauté en politique, pourquoi ne pas commencer par inciter les gens à s’intéresser aux affaires de l’État et à porter un regard impartial sur les décisions de nos dirigeants? Cela serait une alternative à ceux qui donnent leur confiance aveuglément aux nouveaux venus (Legault, Joly, Trudeau et Péladeau).

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