Ven. Juil 26th, 2024

Par Dorian Paterne Mouketou

Après son élection du 1er octobre 2018 au poste de Premier ministre du Québec, François Legault a fait son entrée parlementaire à l’Assemblée nationale du Québec le 28 novembre dernier. Ce moment était propice pour le nouveau chef du gouvernement québécois, qui prononçait son discours inaugural annonçant les grandes orientations de son équipe pour le prochain mandat.

L’éducation au centre des priorités gouvernementales

« Pour la première fois depuis les années 60, l’éducation va être la première priorité du gouvernement », a lancé le nouveau Premier ministre dans son discours inaugural à l’Assemblée nationale, le 28 novembre dernier. M. Legault a dit avoir un plan de redressement national en éducation. Il a ensuite stipulé que « C‘est par l’éducation que le Québec a réussi à rattraper son retard, dans les années 1960. C’est encore par l’éducation qu’on va réussir à relever les défis qui nous attendent ».

L’éducation sera donc le principal cheval de bataille du gouvernement Legault, tel qu’il l’avait annoncé durant la campagne électorale. Toutefois, selon Emmanuel Choquette, politologue et chargé de cours à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, le gouvernement ne doit pas négliger l’enjeu environnemental au profit de l’éducation, de la santé et de l’économie, les trois thèmes les plus chers au Premier ministre.

Un gouvernement conciliant?

François Legault veut incarner une nouvelle façon de faire de la politique. M. Choquette prévient que « si le nouveau gouvernement de la Coalition Avenir Québec veut avoir l’air conciliant, continuer sur sa lancée d’être un gouvernement ouvert, plus consensuel et moins confrontant, je pense qu’on va éviter d’aller dans les thématiques plus précises, plus polarisantes. »  Le nouveau gouvernement veut fonctionner de façon plus universelle et moins partisane. De ce fait, M. Legault se veut être un nationaliste rassembleur. Tel sera un de ses défis. Sa horde de députés et de ministres est composée pour la plupart de novices en politique ou dans la gestion des affaires gouvernementales. Le discours de François Legault incarne ainsi un changement de l’approche politique.  

Le Parti libéral du Québec forme l’opposition officielle avec 34 sièges. Le Parti québécois et Québec solidaire en ont respectivement 10. Toutefois, ils n’ont pas obtenu le pourcentage de votes et le nombres de sièges requis pour avoir le statut de groupes parlementaires à l’Assemblée nationale du Québec. L’entente de principe signée entre la Coalition Avenir Québec et les trois partis d’opposition a permis la reconnaissance parlementaire du PQ et de QS. Ce statut leur permettra de bénéficier d’un droit de vote lors des commissions parlementaires. En plus, ils auront accès au budget de recherche dont bénéficient les partis politiques. Enfin, ils auront des droits de parole pendant les périodes de questions, les études de lois et les débats parlementaires.

Cette initiatique cadre-t-elle justement avec l’idée du gouvernement d’être rassembleur et conciliant? « Stratégiquement, tout à fait, répond le politologue Emmanuel Choquette. Cela donne effectivement l’impression d’être un gouvernement ouvert aux opinions divergentes, d’intégrer d’autres formations politiques et de les reconnaître à titre de groupes parlementaires ». Toutefois, « le fait de reconnaître ces groupes parlementaires ne veut pas dire pour autant [qu’ils] auront une voix plus forte. Ce que cela veut dire, c’est qu’on ne les exclut pas », nuance M. Choquette.

Et l’environnement, M. le Premier ministre?

« La survie de notre planète est en jeu », a reconnu François Legault. Il annonce un investissement gouvernemental dans les transports en commun et dans l’électrification des transports. Que ce soit sur la question environnementale ou sur les autres thèmes chers au nouveau gouvernement, le Premier veut que ses décisions ne puissent pas suivre une ligne idéologique ou une pression extérieure. En ce sens, il dit être « déterminé à ne pas gouverner pour les groupes de pression, ni pour les syndicats ni pour le patronat. On doit gouverner pour tous les Québécois. »

La question environnementale a été délaissée durant la campagne électoral par la Coalition Avenir Québec, qui a fait de l’éducation, la santé et l’économie ses principaux chevaux de bataille. Le nouveau Conseil des ministres devra composer avec une pression populaire sur l’enjeu environnemental. Et le gouvernement Legault devra se montrer conciliant et à l’écoute des Québécoises et des Québécois conscients de cette réalité du 21e siècle.

Le test de réalité du nouveau gouvernement

Tout gouvernement nouvellement élu bénéfice, à court terme du moins, d’une lune de miel politique. D’autant plus que la CAQ est non seulement un jeune parti, mais c’est aussi sa première prise de pouvoir dans l’histoire politique québécoise. Cette période « où on va donner la chance au coureur dans l’opinion publique », selon M. Choquette, est cruciale pour le gouvernement. Celui-ci doit prendre le temps avant de décider, éviter d’être hésitant et contradictoire ou d’avoir des volte-face. Il ne doit pas également exprimer certaines politiques de façon maladroite, et doit d’éviter qu’il y ait des ministres qui sortent du cadre.

Le test de réalité devra s’imposer de façon encore plus forte pour le gouvernement Legault dans les prochains jours et les prochaines semaines. Monsieur Legault devra donc « mélanger la chèvre et le choux » pour se monter plus conciliant notamment sur l’enjeu de l’environnement. La jeunesse du parti à la gouvernance publique sera donc un des plus grands défis. Pour M. Choquette, les décisions de M. Legault ne feront pas que des heureux.  « Gouverner, c’est aussi insatisfaire », rappelle-t-il. Le gouvernement Legault bénéficiera cependant d’un nouveau regard, d’une nouvelle vison et façon de faire les choses.

L’actualité politique en bref 

  • 1er octobre 2018 : Élections législatives portant la Coalition Avenir Québec de François Legault au gouvernement.
  • Gouvernement majoritaire de la CAQ avec 74 députés.
  • Le Parti libéral du Québec forme l’opposition officielle avec 34 sièges à l’Assemblé nationale.
  • Le PQ et QS obtiennent 10 sièges chacun.
  • 17 octobre : assermentations des députés à l’Assemblé nationale.
  • 18 octobre 2018 : assermentation du Conseil des ministres.
  • 22 novembre 2018 : annonce du statut de groupes parlementaires garanti au Parti québécois et à Québec solidaire
  • 27 novembre 2018 : rentrée parlementaire et débuts des travaux à l’Assemblé nationale.
  • 28 novembre 2018 Discours du Trône et annonces des grandes priorités du nouveau gouvernement de François Legault.

Crédit Photo @ Simon Clark

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